Trompé de numéro.

Tome II, chapitre XXXIII.

*Point de vu d'Ilyes*

     Le brun était terriblement pressé d'arriver à destination. Deux jours qu'il avait demandé le pardon à Gianni au téléphone et deux jours qu'il trépignait d'impatience de le retrouver. Son téléphone en guise de GPS, celui-ci lui indiquait encore une heure de route. A vrai dire, il était légèrement anxieux, pas parce que tout le monde savait pour le chantage et qu'il risquait de s'en prendre plein la gueule, mais uniquement car il avait peur qu'Isaia construise d'autres barrières entre eux, après avoir su pour la vidéo.

Il y pensait de plus en plus, ces derniers jours, à s'excuser, mais il n'avait jamais trouvé l'occasion idéale. Et puis, il l'avait enfin jugé bon, lorsque Jenny lui avait envoyé un message, furieuse, en lui demandant d'expliquer cette histoire de chantage qu'il avait fait subir à Isaia. Apparemment, il n'avait rien eu à préciser car elle connaissait le plus gros : le vol des photos et le chantage qui s'en était découlé. Elle n'avait pas besoin d'en savoir davantage, ni elle, ni personne.

Ilyes s'était donc empressé d'appeler Jenny, il savait pertinemment que le châtain ne lui aurait pas répondu. Il avait mis seulement quelques minutes pour la convaincre de lui refiler Isaia au téléphone. La jeune femme l'avait alors donné à Sélim pour qu'il lui transmette, Gianni ne l'aurait pas accepté des mains d'une fille qui venait tout juste de le replonger dans une possible menace.

Il n'aurait jamais pensé qu'Isaia accepte le coup de fil et son cœur s'était emballé quand il avait entendu sa voix.

Au final, peut-être que c'était son week-end passé avec Johan qui avait renforcé son avis sur l'attirance indéniable qu'il avait pour Isaia ? Son meilleur ami l'avait bassiné avec des filles, sans cesse, dans les films, dans sa fac, dans la vie tout court. Il lui avait même demandé de faire un top dix des femmes les plus " bonnes ". Difficile, quand on a de l'attirance que pour une seule personne.

Ce message qui lui avait envoyé... Il avait pensé qu'en ayant le même comportement que le " bourreau ", il pourrait attirer de nouveau l'attention du châtain sur lui. Il avait cette désagréable impression que celui-ci se détournait peu à peu de lui. Isaia mettait beaucoup moins d'entrain à le repousser, même son regard haineux avait complètement disparu. Ça lui foutait la trouille, d'imaginer un Gianni neutre face à lui. Cela voudrait dire qu'il ne ressente plus rien pour lui, même plus de la colère.

Le brun avait donc sauté sur l'occasion de la vidéo pour raviver une émotion en lui. Mais, il s'était vite rendu compte de son erreur quand il eut Jenny au téléphone, qui lui avait raconté qu'Isaia avait été si bouleversé qu'il n'avait rien dit et était parti se réfugier dans une chambre, seul. Ilyes s'était alors senti... Salaud. Salaud de lui refaire vivre une chose qui l'avait blessé. Il ne voulait pas lui faire de mal.

Il soupira longuement en voyant qu'il ne lui restait que dix minutes de route. Pressé mais réticent d'arriver. 

Devant une sorte de villa, le brun prit son courage à deux mains et sonna, espérant qu'une tête châtain lui ouvre... Raté. Quand il avait dit se foutre de l'avis de tous, il avait un peu menti. Ilyes s'était attaché à ce petit bout de femme qui se tenait devant lui, le regard triste et les yeux fuyants.

— Salut, souffla-t-il.

Il n'était pas d'humeur à prendre son air confiant et légèrement connard. Le brun souhaitait montrer qu'il n'était pas celui qu'elle croyait.

Ilyes avait mal agi, mais avait su s'arrêter quand ça devenait trop dangereux. Il devait lui faire entendre raison, que c'était pas le sale con fini que tout le monde pensait qu'il était.