Trompé de numéro.

Chapitre XVIII

« Comment ça ? demanda Isaia.

—J'émettais juste une hypothèse. »

Le châtain sentit son souffle se relâcher. Il était tellement sous tension, qu'il avait pensé pendant une seconde que son bourreau avait deviné la vraie nature de leur lien. Il devait parano, à force.

« D'ailleurs, j'espère qu'il n'écoute pas, là.

— Quoi ? Toi, le grand méchant harceleur, tu ne sais pas si Sélim est là ou pas ? provoqua Isaia.

— Il n'est pas là. Et ne te demande pas comment j'ai fait, ni ne prends cet air surpris, tu devrais savoir que je sais tout, maintenant, ajouta-t-il d'un ton insolent.

— Pourquoi tu crois qu'il n'est plus là ?

— C'est simple, tout à l'heure, ça se voyait que ce n'était pas toi qui répondais avec tes propres pensées, on devinait facilement que quelqu'un te dictait ce que tu devais répondre.

— N'importe quoi.

— Je te connais assez bien pour affirmer que ce n'était pas ta façon de parler, c'était celle d'un autre. Comme ce matin je t'ai vu avec l'autre et que lui seul connait cette histoire dans ton entourage et sais à qui tu parles encore, j'en ai déduit que c'était lui qui était gentiment derrière et qui donnait de bons conseils, rit son bourreau. »

Ça, c'est de la perspicacité. Ça, c'est de l'intelligence. Ça, c'est un esprit incroyablement pratique.

Cela ne parut pas, mais ce que venait de dire son maître chanteur remettait en cause un bon nombre d'éléments qu'Isaia avait construit avec le temps.

Si son harceleur pouvait déduire de telles choses et tomber pile dans le mile, cela voulait aussi dire qu'il n'était pas toujours près d'Isaia, mais qu'il déduisait aussi beaucoup de choses par lui-même, sans même avoir assisté à une situation. Et cette idée était encore plus terrifiante.

Non seulement il arrivait à cacher son identité avec brio, mais en plus de ça, il avait un sens de déduction si poussé, qu'Isaia se sentait définitivement foutu.

Comment pourrait-il trouver l'identité de cet individu? C'était tout bonnement impossible. Il ne lui restait plus qu'à attendre sagement que son bourreau ne se dévoile et qu'il balance sans scrupule toutes ses photos, qu'on bousille ce qu'il s'était tué à commencer, et qu'on détruise toutes ses chances d'y arriver.

Isaia savait qu'il n'était pas de ces personnes qu'on remarque immédiatement pour leur talent, il y avait de nombreuses personnes bien plus talentueuses que lui, mais il se débrouillait et bossait dur pour y arriver, pour se donner les moyens de réussir. De tout simplement parvenir aux fins qu'il convoitait tant.

Il apprenait tout de lui-même, et c'était terriblement injuste qu'on s'en prenne à lui. Jamais il ne l'avait mérité.

« Sinon, ce n'est pas trop dur d'aller au lycée et de se rendre compte qu'on a plus personne ? Continua la voix, remarquant qu'Isaia s'était tut. »

Voilà qu'il recommençait à être cassant. Montrait-il son vrai visage ? Celui d'une personne horrible et sans aucune once de gentillesse. Après tout, il fallait vraiment être méchant pour faire un tel chantage, et pour jouer avec l'avenir de quelqu'un.

Étrangement, Isaia n'osait répondre mal ou contrarier son bourreau. Il savait que celui-ci était dans une phase colère et qu'il n'hésiterait donc pas à se venger et, là, il craignait réellement quel type de punition il allait lui affliger.