Chapitre 41 - Rencontrer les Demirs (I)

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L'ancien vestibule qui donnait sur le jardin-est, que les Demir avaient transformé en coin de repos étroit, était actuellement le refuge d'Arun. Quand qu'on avait construit l'annexe de Dugan, les grandes baies vitrées, qui délimitait cet espace,  furent remplacé d'un côté par une porte-fenêtre et de l'autre par un la porte de communication. Un changement qui ne plut à personne, sauf Nuray. Cette petite capricieuse et gatée qui cherchait à tout prix de s'approprier Dugan et l'éloigner des siens. Arun ne l'avait jamais apprécié mais ne l'avait jamais exprimer non plus, par respect à son ami.

Actuellement,  presque personne dans le manoir ne venait ici sauf le personnel qui s'occupait du ménage. Même son aménagement en deux fauteuils, une petite table ronde, deux grands vases décoratifs ainsi qu'une grande horloge placée à l'angle, était réalisé dans un souci esthétique, un ameublement pour la décoration, rien de plus. Le vaste manoir en lui-même ne manquait pas de somptueux salons et séjours agréables.

Après sa dispute avec Nimet, Arun était descendu ici pour deux raisons. La première étant de s'isoler un moment et l'autre afin de s'assurer de ne monter au salon qu'une fois Dugan et Zahra seraient arrivés. Et c'était via cette porte de communication qu'ils étaient censés regagner discrètement la maison principale. Depuis quelques minutes, il s'était installé sur l'un des fauteuils, à approximation de la porte-fenêtre, qu'il avait glissé pour aérer suffisamment le lieu de la fumée de ses cigarettes. Il avait la tête adossée à son fauteuil et tirait paisiblement ses doses de nicotines. Ses yeux mis clos observaient les va-et-vient du pendule de l'horloge et son balancement incessant et rythmé qui produisaient un effet engourdissant sur ses sens. Une paix s'installa temporairement dans son esprit ou' tourbillonnaient plusieurs soucis. De l'impasse sentimentale qui le rongeait à la ténébreuse affaire des odzemir et le plan discuté avec Dugan. Sans oublier, son rendez-vous du lendemain avec l'un des fidèles de Savas.

La sonnerie frappa dix-sept heures. L'homme écrasa le bout restant de sa cigarette dans l'élégant cendrier déposé à cet effet sur la petite table, puis sortit son téléphone pour contacter son ami. Dugan aurait dû venir plus tôt en compagnie de leurs deux convives. Car à l'heure qu'elle était, les autres étaient certainement déjà rassemblés dans le salon, en train de les attendre.

Avant de valider l'appel, il distingua le cliquetis d'un verrou et la porte s'ouvrit. Ses yeux perçurent son ami en premier, sa nièce dans les bras, puis ce dernier s'effaça en écartant la porte pour laisser passer Zahra. La jeune femme portait une belle robe qui lui seyait agréablement et qui était spécialement assortie avec la barboteuse de Rose. Arun se félicita d'avoir concocté de bons choix en faisant les valises à Paris.

Cependant, le visage délicat et trop serein de la jeune femme, qui actuellement était embrumé par le froncement de ses sourcils et son regard évasif ne présageaient rien de bon. Arun alla, quand même, vers elle et l'accueillit avec un large sourire.

- Vous êtes enfin là, et après avoir foudroyé son ami du regard, il complimenta chaleureusement la jeune femme, vous êtes toute jolie Zahra.

Particulièrement étonnée, celle-ci ramena vivement des yeux pétillants sur lui avant de lui répondre.

- Oh ! Merci.

- Prête ?

- Pas vraiment. lui confia-elle en toute sincérité, sans camoufler son immense angoisse.

Immédiatement, la voix dure de Dugan les secoua :

- Montons !

Ce comportement inapproprié n'échappa pas à la vigilance constante d'Arun, au point de se demander ce qui était arrivé entre les deux et pourquoi son ami agissait aussi rudement.

Alors que la jeune femme l'ignora volontairement, Arun la tança du regard en lui reprochant sa rudesse. Mais la mine renfermée de son ami lui confirma qu'il y eut bien conflit entre les deux adultes. Il était prêt à parier que Dugan était à l'origine de la tension installée entre eux, cependant, ce sujet attendra pour après afin d'être élucidé.

Son ami les dépassa en allant vers les escaliers, pendant que lui focalisa son attention sur Zahra, afin de la rassurer et l'aider à se détendre avant la rencontre.

-On y va ? Lui proposa-t-il poliment afin de pallier à la rudesse de Dugan.

Présentement, Zahra était littéralement terrorisée de l'idée d'affronter le regard et les préjugés moraux de toute une famille. Avant son altercation avec Dugan, elle possédait suffisamment d'optimisme et de courage. Mais ceux-ci la quittèrent à l'instant même où l'oncle de Rose l'avait chassé de sa chambre. Ses jambes refusaient actuellement de lui obéir et sa détresse apparente fit agir Arun.

Soudainement, elle sentit une main empoigner la sienne, grande et chaleureuse. Elle leva les yeux, incrédule, vers les iris de jais du bel homme.

- Il n'y a rien à craindre Zahra. Vous verrez que tous sont heureux de vous accueillir et sont impatients de vous connaitre.

Puis d'un geste de la tête, il l'incita à le suivre. La compassion et gentillesse d'Arun firent leur effet. Ses jambes se dégourdirent et bougèrent. Le soutien de cet homme lui réchauffait la main et le cœur. Au moins lui ne la traitait pas comme une peste.

Non loin d'eux, Dugan qui s'était arrêté, observait attentivement la scène, contrarié. Son visage sévère se renfrogna davantage. Puis il se détourna en les voyant bouger.

Sans précipitation, ils arrivèrent au vestibule central. Arun n'avait pas délaissé sa main, et Zahra ne fournit aucun effort pour la retirer. Ce contact la rassurait et elle avait besoin de cette présence amicale. Au bas de l'immense escalier, Arun lui expliqua ;

- Ils nous attendent dans le salon familial au premier étage.

Elle se contenta d'acquiescer de la tête en le suivant dans la montée des marches. Arun ajouta :

- Ereine, la maman de Dugan, est une dame magnifique qui ne pourra nuire à personne. Je dirai de même de Nimet, bien qu'elle soit un peu plus réservée. Il y aura Mina que tu connais déjà, Çelik son mari et tante Alya sa mère. Et bien évidemment moi et Dugan.

Arun parla en français, de manière détendu et réussi ainsi à transmettre sa quiétude à la jeune femme, qui marqua un arrêt sur l'avant-dernière marche pour lui exprimer sa gratitude.

- Vous êtes extrêmement aimable. Merci beaucoup, Monsieur.

- Arun, la tança-t-il gentiment sans se départir de son sourire, gardez en tête que je serai toujours là si vous avez besoin de quoi que ce soit Zahra.

Finalement, celle-ci sourit gaiement. Cette fois-ci, d'un véritable sourire sans la crispation d'angoisse. Ils rejoignirent Dugan qui écoutait leur échange d'un oreille attentif à ne ratter aucun détail. Dès qu'il s'arrêta devant une porte, le regard de la jeune femme se figea sur ses larges épaules, son cœur se resserra et impulsivement sa main se crispa dans celle d'Arun. Mais celui, décidé à ne pas la laisser tomber, s'inclina vers elle en lui adressant un sourire complice et une œillade espiègle :

- Et si on fait les choses dans les règles ?

Avant qu'elle ne lui répondît, Arun extirpa délicatement sa main de la sienne et sans la lâcher la plaça sous son bras en redressant ses épaules, comme s'ils s'apprêtaient à faire une entrée dans une salle de réception.

- Voilà ce qui est mieux ! Qu'en pensez-vous ?

Pantoise, la jeune femme avait suivi ses gestes, avec ses beaux yeux grands ouverts et les joues rougis, elle hocha la tête affirmativement, en évitant de croiser le regard de Dugan. Ce dernier, qui s'était retourné pour avoir l'aval de Zahra avant de s'annoncer aux autres, était surpris du comportement d'Arun. Une once de pure jalousie lui mordit le cœur en découvrant la connivence entre son ami et Zahra. Alors que lui l'avait brutalisée tout à l'heure. Et sans un mot, il avala son mécontentement et toqua sur la porte avant de l'ouvrir.

... A suivre

***Premier jet : Correction et réecriture à faire***

Ps : La suite pour ce weekend.

Bisou <3

Bébé à l'improviste...Where stories live. Discover now