Chapitre 3 - Dugan Demir

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Clinique la Clémence

Au seuil de la salle d'attente

13 h 05

Clignoter des yeux pour dissiper la vision de l'étranger, ne gomma pas l'image de ce dernier, qui était toujours là.

"Impossible !" se dit-elle en le dévorant des yeux.

Pourtant, il était ici, assis droit devant elle. Et même dans cette position assise, il était synonyme de force, beauté et virilité, avec sa carrure imposante et dominante qui dégageait cette aura dangereuse et ces cheveux longs et blond qui pendaient sur ses épaules massives. Zahra l'aurait reconnu, parmi un million, l'homme du parc.

Il avait changé son blouson marron et son jean délavé contre un costume noir, sobre qui ajoutait un côté sombre à sa personne, assorti d'une chemise blanche, dont le col souple était rabattu sur une cravate grise bien nouée. Son look était accessoiré pas des gants en cuir noires et des chaussures brillantes... Tout en lui, sentait l'opulence effrayante et séduisante.

Enfin, elle plaignait sa collègue, il y avait de quoi se faire damner. Et alors que le bel étranger feuilletait avec dédain apparent l'un des magazines mis à disposition des clients, Zahra quitta sa torpeur et évaluait les possibilités, oscillant entre avancer vers lui, lui faire face et exiger une explication à sa présence dans son lieu de travail et toutes les questions qui se bousculaient dans son esprit. Où se retirer avant qu'il ne s'aperçoive de sa présence.

Sans ignorer l'idée d'alerter la police qui lui effleura l'esprit brièvement avant qu'elle ne la rejetât, car jusqu'à maintenant cet homme n'avait rien fait d'inculpant, mise à part être si beau...

Au fond d'elle, Zahra était effrayée et tout compte fait ne ressentait en elle aucun courage pour faire face à cet homme. Faire la lâche et l'éviter était ce qu'elle pouvait faire de mieux. Néanmoins, au moment ou elle allait faire demi-tour, l'étranger décida de lever la tête. Ses yeux impassibles se braquèrent droit dans ceux troublés de la jeune femme, avant qu'une lueur mi-narquoise mi-amusée ne les traversât. Zahra se décomposa en le soupçonnant de deviner ses préméditations fuyardes.

Zahra se décomposa en le soupçonnant de deviner ses préméditations fuyardes. Et se cloua à sa place en l'observant se lever avec une élégance nonchalante, pour venir vers elle en lui adressant un beau sourire. Son cœur fit un bond en criant au damné, car ne serait ce qu'à cause de son physique, cet homme devait être classé "Danger publique".

C'était effroyable de voir combien il était beau. Il y avait de quoi faire tourner la tête de la plus froide des femmes. Zahra l'examinait avec stupeur, en hissant la tête au fur et à mesure qu'il s'approchait pour ne rien rater de son beau visage, doté un front ample délimité par des sourcils blonds naturellement bien tracés marquant des yeux grands avec cette même teinte azur qu'elle avait apprécié la veille et qui semblait un peu plus intense aujourd'hui, son nez droit marquait avec arrogance son beau visage, et ses mâchoires carrés qui criaient à la puissance. L'ossature de son visage reflétait à la fois force, noblesse et raffinement, un ménage assassin chez un homme. Et même Zahra la sage ne pouvait y résister.

Tout lui en était là pour séduire, il était comme un diable capable de convaincre l'innocent de l'accompagner en une visite aux enfers. Pourtant, il n'y avait rien de diabolique dans son regard actuellement compatissant et son sourire rassurant qui en plus d'étirer joliment ses belles lèvres, exhibait sa dentition de rêve :

- Bonjour, je suis désolé de débarquer ainsi dans votre lieu de travail.

Pour un court moment, elle se crut incapable de répondre. Mais après s'être raclé la gorge, elle le bombarda :

- Qui êtes-vous ? Que me voulez-vous ? Et pourquoi...

L'étranger, leva une main, exigeant calme en expliquant :

-Comme votre collègue vous a dit : je m'appelle Dugan Demir.

Le regard éloquent qu'il lança vers la réception montrait qu'il n'était pas dupe. Zahra était actuellement certaine qu'il ne regardait ce magazine que pour esquiver les œillades impudiques de Sophie.

- Oui, mais je ne vous connais pas et je ne comprends pas... et puis, hier vous me suiviez ?! S'affola elle.

- Oui ! Avoua-t-il sans la moindre gêne, je voulais m'assurer de quelque chose avant de me présenter. Et je vous présente mes excuses si ma méthode n'a pas été des plus directes. Des circonstances parfois nous imposent d'agir différemment.

Il ne paraissait pas désolé et n'avait nullement l'air d'un menteur, mais la plongea de plus en plus dans le désarroi.

" Mais qui est-il ?" C'était la question qui lui tortillait l'esprit. Elle allait ouvrir la bouche quand ce dernier la questionna :

- Mon nom de famille ne vous dit rien mademoiselle ?

- Demir ? Répéta-t-elle avant d'affirmer avec conviction, non ! Je n'ai jamais entendu ce nom de ma vie.

- Jamais... Êtes-vous certaine ?

Se sentant Irritée de se soumettre à ses questions alors que lui-même n'eut répondu à aucune des siennes, elle le fusilla du regard s'apprêtant à répéter ses interrogations, quand celui-ci se pencha un peu vers elle.

- Pour vous rafraichir la mémoire : Egan Demir ! Lui souffla-t-il, convaincu que cette nouvelle information éclairera sa lanterne.

Zahra se disposa à extérioriser un non, quand le prénom Egan heurta son esprit.

- Egan ! Répéta-t-elle avec hébétement.

En se remémorant ce nom, cet Egan dont le prénom n'avait cessé d'être évoqué par sa nièce, les yeux de Zahra s'écarquillèrent reflétant toute la stupeur dans laquelle elle fut projetée. Egan était celui qui avait engrossé Salma puis avait disparu sans donner le moindre signe de vie.

Son état d'hébétude produisit une forme de satisfaction apparente chez le Demir qui se tenait devant elle. "Était-il un parent de cet Egan ?"

Zahra se mua dans le silence, en récapitulant ce qui se passait et surtout craignant de proférer une bêtise. Et décida de maintenir cet état jusqu'à savoir ce que ce Dugan savait et ce qu'il avait pu découvrir.

- C'est ce que je pensais. Vous ne pouvez oublier le père de votre fille...

***

Note de l'autrice : Première correction, faite le 22 septembre 2021

Bébé à l'improviste...Where stories live. Discover now