Chapitre 55 : Offre d'amitié

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En quittant les deux frères, Zahra était à bord de l'épuisement, et commençait à succomber à l'effet des trois nuits, successives, d'insomnie. Ainsi, elle se résolut à prendre une bonne sieste en ratant l'heure du thé. Quand elle informa Ereine de sa décision, celle-ci ne le prit pas mal et lui proposa même de laisser Rose en leur compagnie, pour qu'elle puisse profiter d'un repos sans perturbation.

Dorénavant familiarisée avec le manoir, elle emprunta le raccourci et passa par la porte communicante, en repensant à sa discussion avec les deux frères. Elle avait prudemment émis une première réticence, mais en réalité, elle s'était retenue d'exprimer son excitation pour l'invitation. Car la perspective de participer à une soirée d'une telle envergure attisait sa curiosité. Approcher ce monde, réservé à une élite de la société et auquel, selon les Demir, seuls quelques familles et personnalités distinguées étaient conviés. En outre, cette soirée représenterait pour elle une occasion inédite de changement et divertissement, après une longue période de privation.

Durant la maladie de sa mère et ensuite après la mort de celle-ci ; les virées nocturnes ne faisaient plus partie de sa vie. Et à part quelques soirées à compter sur les doigts de la main, et qui étaient tenues, parfois à l'occasion d'un anniversaire, et d'autres pour célébrer une promotion, elle n'avait quasiment assisté à aucune soirée digne de ce nom depuis des années. Et les choses ne s'étaient pas améliorées avec le débarquement subit de Salma, puis l'arrivée de Rose et la responsabilité qui s'en était découlée, puisque la jeune femme avait sombré de plus en plus dans l'isolement.

Ses pensées revinrent à la soirée et au seul inconvénient qui domptait son emballement. Dugan. Elle devait s'y rendre en sa compagnie, alors que tous deux étaient censés s'éviter, une exigence qui ne dépendait nullement de sa volonté. Il y aura aussi Nimet, avec qui elle ne se sentait pas très à l'aise ; n'ayant toujours pas cerné le profil de cette dernière. Elle conservait cependant un espoir, car Arun aussi ferait partie des conviés.

Son autre souci était son apparence. Une soirée de ce calibre, impliquait une somptueuse Robe, un passage dans un salon de beauté ainsi que des accessoires indispensables pour être au niveau de l'évènement, et c'était en réfléchissant à ces détails techniques, qu'elle avançait dans le couloir. Et pour s'offrir tout ce qu'elle désirait, elle devait restituer sa carte bancaire, que Dugan ne lui avait pas remis avec les autres papiers. Pourtant, elle était certaine, qu'ils l'avaient saisi lui ou Arun.

Et en parlant du loup... Dès qu'elle parvint au salon, elle perçut la chevelure de jais d'Arun, derrière le dossier du canapé. Et spontanément, elle l'interpela sans masquer sa joie de le revoir :

- Arun !

Le beau brun tourna la tête vers elle, et ses lèvres s'étirèrent par un sourire.

- Bonsoir Zahra !

Voir Arun alors qu'elle pensait précisément à lui, représentait pour Zahra un signe de bon augure. Elle comptait bien lui poser la question sur sa carte, mais ce n'était pas la seule raison de sa joie contagieuse qui effleura les sens de l'autre. Celui-ci, qui avait quitté son assise, l'avait contourné et s'approcha de la jeune femme en l'examinant malicieusement :

- Moi aussi, je suis heureux de te voir. Lui dit-il en lui faisant la bise.

C'était la première fois que cet homme l'embrassait comme les autres membres de la famille. Et venant de lui, elle prenait ce geste intime pour un gage d'amitié.

- Tu te fais rare ! Remarqua la jeune femme.

- En effet. Le boulot.

- Je devine !

Bébé à l'improviste...Unde poveștirile trăiesc. Descoperă acum