Chapitre 22 : Arun

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30 minutes plu-tard

- Nous survolerons l'aéroport dans cinq minutes !

La voix aride de Dugan cingla le silence tumultueux dans lequel Zahra s'était confinée. Chaque mot qu'il prononça fouailla son esprit d'un nouveau coup du malheur qui s'était abattu sur elle. Elle suffoquait sous l'oppression de cet étau lugubre qui serrait son emprise sur sa vie et son existence. Elle se fustigea d'avoir succomber à cette voix, et de s'être laissée attendrir par son charisme diabolique. Cette même voix qui la fascinait... actuellement, elle l'épouvantait ; ce même homme qui l'avait enchanté, la voilà le détester.

Cinq minutes ! Elle comprenait la nuance derrière son annonce. Un rappel du délai fixé pour faire son choix. "Un choix ! Le connard ", pensa-t-elle.

Il avait clairement expliqué qu'elle pouvait crier au secours en mettant les pieds sur terre. Dans un tel cas, il l'aiderait lui-même à prendre le vol suivant en destination de Paris. Seulement, elle rentrait seule sans sa petite. La renommée de la famille de Dugan, son pouvoir et le fait que la petite était une Demir et qu'certificat de naissance en sa possession le prouvait, la priverait à jamais de sa fille. Nul besoin de se poser la question sur comment avait il put obtenir ce document, étant certaine qu'il eut encore recours à une de ses méthodes frauduleuses. Bien évidement la deuxième possibilité qui s'imposait comme une évidence était d'accepter de rester sagement auprès de lui et sa famille... Et d'ailleurs c'était ce qu'elle comptait faire.

Depuis qu'ils s'étaient installés dans leurs sièges, ils n'avaient échangé le moindre mot. Lui avait plongé dans son ordinateur pendant qu'elle s'appliquait à l'ignorer royalement, en ressassant les évènements, en se lamentant sur son sort et surtout en se promettant de le détester. Le calme de mort qu'elle affichait était trompeur, elle bouillonnait intérieurement comme une lave volcanique en effusion. Elle faisait taire ce cri opprimé qui ne demandait qu'à comprendre le pourquoi de cet acharnement fataliste. Pourquoi Elle !

Elle cala sa petite endormie contre sa poitrine en lui passant affectueusement la main sur la tête puis le visage. "Je ne te quitterai jamais ma chérie", lui promit elle silencieusement en regardant ailleurs à travers sa fenêtre.

Quand Dugan fit abattre sèchement le clapet de son ordinateur, elle faillit sursauter mais refusant de montrer ses émois, elle ne se laissa pas ébranlée. C'était le signe évident que le moment fatum s'approchait. Fixant toujours ce même point invisible dans ce beau bleu ciel infini, elle guigna cependant Dugan, du coin de l'œil. Ce dernier lui jeta à son tour un dernier regard délassé ; visiblement conscient de ses efforts pour l'ignorer et se mit subséquemment debout pour retrouver ses hommes.

Cette fois-ci elle détacha son regard de sa fenêtre pour le suivre des yeux. Sa carrure était toujours aussi impressionnante, ses jolies boucles ramassées en queue de cheval, lui firent penser à ses rois de la mafia italienne... "Non, non, russe au vu de sa blondeur". Sa démarche était aussi gracieuse et élégante, et bien qu'il fût loin du profil paon vaniteux, il dégageait cette confiance et cette autorité  du maitre des lieux incontesté. La haine qu'elle nourrissait contre lui depuis sa révélation ne suffit pas à faire barrière contre le charme et la beauté de son bourreau. Elle l'observa discuter avec ses hommes, ils parlèrent calmement, leurs voix et les mots qu'ils prononcèrent lui parvinrent mais sans comprendre un mot de leurs échanges en turques. Elle était pourtant quasi-certaine, que Dugan leur donnait les consignes à exécuter, des consignes qui la concernaient elle et sa Rose.

Soudainement, la nonchalance n'était plus au rendez-vous, les visages des hommes devinrent graves et leur posture encore plus effrayante, ils ramassèrent leurs affaires, vérifièrent leurs armes dans un calme total, comme une meute de guerriers élancés dans le rituel préparatif avant la bataille. Dugan et le beau brun s'éloignèrent des autres hommes et vinrent vers elle, elle ne baissa pas son regard refusant de jouer profil bas. Si tel était son destin, elle l'affronterait la tête haute. Mais seul un des hommes s'arrêta devant elle, Dugan quant à lui poursuivit son chemin vers la cabine du pilote.

Bébé à l'improviste...Where stories live. Discover now