Chapitre 84 - Une visite inappropriée

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- Non, non Mina. Il n'en est pas question. Je n’entrerai pas dans sa chambre de la sorte !

- Pourquoi ?

- Ça ne se fait pas. Tu m'imagines m’y introduire sans sa permission ? C'est tout simplement inapproprié.

- Il devrait forcément dormir, et peut être il ne s'en rendra même pas compte.

- Vas y toi, viens avec moi et va verifier !

- Je veux pas en faire une histoire. Et je sais que si  jamais je tombe sur lui éveillé, il me grondera et jugera que j’exagère en m’inquiétant sans raison.

- Ah bon? Et moi donc ?! S’exclama Zahra sur un ton réprobateur.

- Avec toi, il mettra des gants ! Enfin, je pense... finit elle par làcher en hochant les épaules, pas totalement convaincue

- De toute les façons, après une nuit blanche et une journée aussi longue, il est certainement dans les bras de morphé. Et dans le cas contraire, il sera peut-être au salon...

Mina médita cette dernière supposition qui parut la satisfaire.

- Bon, tu as peut-être raison, il sera au salon ou au bureau !

- Par contre je peux inspecter le bureau, proposa Zahra, juste au cas où, sinon autant le laisser se reposer tranquillement.

- Qui se repose tranquillement ?

La voix grincheuse de Çelik fit sursauter les deux femmes qui ne le virent pas revenir.

- Mais tu peux avertir ? Le gronda Mina en posant la main sur son cœur.

- J'ai parlé, ça ne compte pas ? Alors vous parlez de qui ?

- Tu t’en fous de nous avoir effrayé ?

L’acte de Mina désorienta son mari qui s’enquit auprès de Zahra.

- Mais, tu ne trouves pas que ma belle et adorable épouse exagère ?

Amusée, Zahra enchérit :

- Je pense que je devrais vous laisser pour que tu lui présentes des excuses !

- Mais... objecta Mina en essayant de la retenir.

- Elle est onze heure passé ma chérie, dit Zahra en se levant, on papotera demain autant que tu veux. Puis je dois libérer Azli, bonne nuit vous deux, ajouta-elle en arborant un beau sourire.

- Bonne nuit Zahra.

La jeune femme s'en éloigna en entendant Celik s’adresser à Mina d’une voix aguichante :

- Et ces excuses ?!

- Çelik...

Un sourire extirpa ses lèvres en pensant au couple amoureux. Si seulement, elle pouvait s'imaginer ainsi avec Dugan, et elle traversa le passage en imaginant rêvant avec les si de l’espoir qui risquaient de ne jamais de produire.

***

(10 minutes plus tard)

"Non, non Mina. Il n'en est pas question. Je n’entrerai pas dans sa chambre de la sorte !" Était-ce vraiment elle qui, quelques minutes plus tôt, s'était opposée fermement à l'idée de rendre visite à Dugan, se demanda la jeune femme en fixant le battant en bois massif, vernis et brillant à y voir son reflet.

Pourtant elle avait réfuté catégoriquement la proposition de Mina. Comme promis, elle était passé inspecter le bureau en bas et fut déçue de trouver la pièce vide comme le salon déserté. Et elle avait monté les escaliers en tentant d'ingurgiter son désappointement. Zahra se reprocha son égoïsme, qui au lieu de la laisser se réjouir pour Dugan qui devait être dans son lit, la rendit triste de ne pas l’avoir vu avant de filer dans sa chambre à son tour.

Et la voiçi plantée devant la porte du beau Demir. Depuis qu’elle s’y était arrêtait, son esprit ne cessa de flirter avec la tentante idée de pênétrer dans la pièce. Aussi, l’idée de renoncer à cette folie et passer son chemin vers la sienne persistait, ainsi déchirée entre deux voix, celle de l'envie et celle de la raison. Elle voulait cependant être logique et se résout à suivre la dernière, alors et d'un pas déterminé, elle recula. Rien que son recule se produit concomitamment avec sa main droite qui se porta instinctivement vers la poignée de la porte, cédant ainsi à une envie plus forte, dictée par l’amour.

La raison cria haut " Non !", en lui rappelant cette autre et unique fois quand elle s’était introduite chez Dugan et la réaction blessante qu'elle avait récoltée. Mais l'autre voix lui susurra "Fonce !", car elle ne trouverait le sommeil tant qu'elle n'était pas rassurée pour lui. En plus argua cette autre voix, "Vous avez fait du chemin depuis le temps, et si tu l'aimes vraiment, tu t'en ficherai du reste". Enfin, et pour mettre fin à ce déchirment et pour combler son hésitation, Zahra se convainquit que l'oncle de sa fille devait être en train de dormir avec tout le cumule de fatigue et le manque de sommeil qu'il eut coltiné.

En inspirant profondément, Zahra attrapa la clenche et la mania pour ouvrir la porte. Elle se faufila en douceur, le plus silencieusement possible vers l'intérieur et avança à pas de loup dans le noir total.

De sa dernière visite, la jeune femme se rappelait qu'après quelques pas, elle se retrouverait dans le salon. Elle agita lentement ses bras et sa main gauche toucha le dossier d'un fauteuil. Zahra se réjouit de pouvoir se positionner, sachant que devant la bergère se trouvait une table basse, à sa gauche un canapé et à sa droite un deuxième. Ainsi, elle emprunta le passage au milieu et quand sa main caressa l'accotoir, elle respira le soulagement d'être parvenue sans la moindre collision.

Du reste, elle savait qu'en franchissant l'arche qui marquait les deux parties dans la pièce de Dugan, elle pourrait avancer tranquillement puisque l'espace de là jusqu’au lit du Demir était dégagé. Malheureusement, dès qu'elle ebaucha un nouveau pas, elle étouffa un petit cri quand sa jambe se heurta à quelque chose. D'un côté, elle était effrayée de commettre une autre engourde, de l’autre, elle était rassurée que Dugan dormait profondément, mais pour avancer ou reculer, elle décida d’éclairer son chemin.

Ainsi, et avec la ferme détermination de mener sa mission jusqu'au bout, et aller se rassasier de la vue de Dugan dans son sommeil, la jeune femme sortit son téléphone de la poche postérieure de son pantalon et alluma la torche en l'orientant vers le sol.

Rien que dès que la lumière jaillit de sa source, la jeune femme entendit un grognement qui lui glaça le sang dans les veines, suivit d'une exclamation coléreuse en Turque. Pétrifiée, Zahra orienta la lumière devant elle, et se liquéfia en tombant sur Dugan, assis sur le rebord du lit, s'appuyant des coudes sur ses jambes écartées. Colère, mécontentement et hébétude s'unissait pour transformer ses beaux traits, alors que ses yeux qui lançaient des eclairs meurtriers ne présageaient rien de bon.

Le courage de la jeune femme s'envola, sa determination  s’anéantie cédant place à la culpabilité et surtout à la peur qui s’était emparée d’elle. Elle ne sut ensuite, si elle voulait rassurer Dugan ou l’amadouer pour dompter sa colère, en se declarant :

-C'est moi ! Zahra.

A suivre ...

***Premier jet ***

Bébé à l'improviste...Where stories live. Discover now