Chapitre 17

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15 h 50

En maman dévouée, Zahra avait interrompu son repas à l'instant même où sa petite lança son fameux cri strident déclarant sa faim. Elle avait abandonné la table et c'était précipité vers sa fille, actuellement rassasié après avoir vidé son biberon. Zahra l'adossa à son épaule, en la soutenant de son bras gauche, tandis que sa main droite s'appliquait à lui frotter délicatement le dos du bas en haut, pour l'aider à éructer. Elle s'était mise debout, en chuchotant à sa petite les douceurs qu'elle avait l'habitude de lui dire pour la rassurer et la bercer.

Cette adorable scène se déroulait sous le regard scrutateur de Dugan qui ne ratait aucune occasion pour apprécier la relation de Zahra et Rose. Il savourait cette déclaration d'amour maternel, inconditionnel et la douceur avec laquelle Zahra enveloppait Rose. Sa nièce avait de la chance d'avoir une telle maman, admit-il, et certainement son frère sera un homme comblé en l'ayant comme épouse. Pour une raison méconnaissable, cette perspective le ravissait autant qu'elle assombrissait son humeur.

- Voilà ! S'écria Zahra soulagé en entendant le rot attendu.

Dugan sourit. Combien c'était amusant de voir un détail aussi anodin pour un adulte prenait une autre ampleur quand on avait affaire à un bébé.

- Donnez là moi et finissez votre repas, proposa-t-il en se lui tendant les bras.

- Oh ! j'ai suffisamment mangé, je n'ai plus fin, déclara Zahra souriante en faisant un pas hésitant vers lui.

- Dans ce cas-là, nous prendrons le dessert, Mina le ramènera d'un moment à l'autre.

Zahra recula vers sa chaise en caressant du regard l'oncle et sa nièce. Dugan installa Rose sur ses genoux, son dos fragile adossé contre lui. "Combien ils se ressemblaient ! Quiconque les verra ainsi, les prendra pour père et fille", pensa Nadia tendrement en s'attablant sans les quitter des yeux. Elle se perdit paisiblement dans la contemplation des deux, jusqu'à ce que Dugan levât la tête et riva son regard au sien.

- J'imagine que ce n'était pas facile de vous occuper seule de Rose !

Le trouble, cet état bouleversant, dans lequel le moindre regard de cet homme la propulsait. Elle dût encore faire un effort de concentration pour réagir. "Il avait dit : Pas facile !" mais c'était peu dire. C'était imprévisible, irréversible de se retrouver avec un bébé à l'improviste. Avec un bébé sur les bras et avoir à assumer une responsabilité à laquelle elle ne s'était pas préparée ni mentalement ni concrètement.

- Au début c'était difficile, après j'ai réussi à m'adapter boulot, horaires et ... , elle s'interrompu en se rappelant la nounou. Sans une nounou elle était perdue.

- Maintenant je dois encore galérer pour trouver une nounou ou une crèche.

Elle ne pouvait cacher son angoisse et prétendre que sa vie roulait sur des roulettes. D'ailleurs ne l'avait-elle pas contacté pour discuter de ses soucis, les partager pour se soulager, momentanément, la durée d'un après-midi.

- Ne vous inquiétez pas, ce problème sera résolu... Bientôt ! L'assurance de sa voix la rassurait.

- Je l'espère, avec les entretiens que j'entame ce soir, ça devrait y aller.

- Quand Est-ce que tu as prévu l'entretien ?

- 19 h !

- Chez vous ?

- Non ! Nous avons convenu un café non loin de chez moi !

Dugan plongea dans ses pensées. Il analysait l'impact de l'absence de Zahra à ce rendez-vous. Zahra quant à elle, puisait dans sa réserve de courage pour entamer le sujet délicat : sa maternité de Rose. C'était le moment pour lui dévoiler ce malentendu. Elle se racla la gorge pour aborder le sujet. Cependant, elle était confrontée à un dilemme : comment faire pour lui relater les faits sans amocher l'image de sa nièce ni la présenter en tant qu'une écervelé d'égoïste, ce qu'elle était en réalité. Tôt ou tard Salma allait se marier avec Egan et son image devant la famille de celui-ci ne doit pas être dépréciée. Bien qu'Elle ne méritât pas ses efforts mais elle devait le faire, pas seulement pour elle mais pour sa famille et surtout pour le bonheur de Rose. Elle peinait à trouver le moyen pour tracer le portrait d'une adolescente effrayée qui dans un état de panique laissa sa petite ...

"Merde !" Elle-même n'était pas convaincu des boniments qu'elle allait raconter, tellement le comportement de Salma était choquant et décevant, comment pouvait-elle la défendre.

- Monsieur Démir...

- Je pense que nous sommes actuellement une famille. Vous ne pensez pas que Monsieur Demir est un peu exagéré. Le vous aussi !

Les voilà franchir un cap délicat, ceci ne simplifiait pas sa tâche. "Ou... Peut-être que si !"

- Appelle moi Dugan et je me permettrai de t'appeler Zahra et de te tutoyer si tu es d'accord !

- Oui certainement ! S'empressa-t-elle d'enchainer.

Ses efforts tombèrent à l'eau, charmée, ravie, elle nous voulait saccager cette affinité naissante avec Dugan. Elle renonça temporairement à l'évocation de ce tort qui ressemblait à une supercherie. Elle se promit de le faire à la fin de cette journée. Pour le moment, elle voulait se détendre et chasser toute idée déprimante. Elle apprécia sa petite qui s'agitait joyeusement dans les bras de son oncle, elle balaya du regard le beau jardin, et ses yeux s'attardèrent sur cet espace ou jouait sa petite quelques minutes avant. Quel bonheur de voir quelqu'un s'occuper des choses à sa place, aussi simples et futiles qu'elles soient.

- Comment vous avez pu organiser tout ceci ? s'enquit-elle.

- Grace à mon téléphone ! Lui répondit Dugan amusé.

- On dirait la lampe d'Aladin.

Dugan s'esclaffa de rire devant la comparaison.

- On dirait, affirma-t-il, la voilà Mina !

En effet, celle-ci se dirigeait vers eux, un plateau à la main.

- Elle nous ramène une spécialité Turque. L'ayran.

Zahra regardait les verres contenants une boisson blanche, onctueuse.

- Du yaourt ? S'enquit-elle en fixant Dugan

- Tout à fait, mais un yaourt spécial. Celui-ci est fait du lait de chèvre. Tu n'as pas réticence à ce lait ?!

Il connaissait la réponse, ses investigations lui avait révélé qu'elle était grande consommatrice de produit caprins.

Zahra hocha négativement la tête.

- Bien au contraire. J'adore.

- Moi aussi je le préfère. Chez moi, on y ajoute de l'eau salé pour obtenir l'ayran. Un vrai délice. Goûte-le.

Il prit lui-même le verre que Mina déposa devant lui, alors que Zahra huma le sien avant de prendre une première gorgée. Son visage se décontracta instantanément et agréablement marquant son approbation. Dugan l'observait, sans cacher sa joie. Il suffisait du tier du verre pour faire l'effet escompté; comme son médecin lui confirma. Dugan avait bien insisté pour que la dose utilisé de la drogue soit diminuée au maximum. Zahra buvait son verre sous ses yeux guetteurs. Il serra contre lui Rose qui dormait, soudainement impatient alors qu'il n'était affaire que de quelques minutes avant de passer à l'étape suivante de son plan.

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Bébé à l'improviste...Where stories live. Discover now