Chapitre 63 : Explications et rumeurs

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Plus que tout, le calme d'Arun, la mettait dans tous ses états. Car même en percevant sa colère, elle ne pouvait deviner ce qui se passait dans sa tête. Arun, qui ne voulait ni la brusquer ni l'effrayer, s'affala sur un fauteuil, sans la lâcher des yeux, et laissa reposer sa tête sur l'appui de son assise dans une nonchalance calculée et avec un regard inexpressif et froid. Son attitude était un bouclier impénétrable à travers lequel, la jeune femme ne pouvait rien déceler, sur ce qu'il pensait d'elle, ni ce qu'il prévoyait faire.

La prenait-il pour une menteuse ? A quel degré lui en voulait-il ? l'avait-il déjà dit à Dugan, ou bien attendait il le retour de ce dernier?

Des questions. Que de questions tracassantes, auxquelles, elle ne pouvait y répondre et qu'elle n'oserait poser directement à cet homme, qui était totalement à l'autre extrême de l'ami providentiel qui lui avait offert son soutien.

Incapable de faire face à sa froideur, elle finit par baisser les yeux sur l'album qu'elle avait sur les genoux que, par nervosité, ses doigts palpaient depuis qu'elle l'avait eu. Puis, elle l'ouvrit sur la première page, étiquetée : "Dans le ventre de maman". Une belle photo de Salma mettant en exergue son gros ventre de neuf mois. Zahra n'oublierait jamais cette journée, à la veille de l'accouchement. Sa nièce était exceptionnellement rieuse et de bonne humeur. Et voulant mémoriser l'instant, Zahra en a profité pour la prendre en photo.

Consciente, que tôt ou tard, elle devait fournir une explication à l'homme, qui jusqu'à maintenant, muni de patience, se contentait de l'observer à travers ses yeux mi-clos. Et qui lui-même ruminait sans cesse sa découverte du jour.

Qui aurait imaginé qu'en recherchant la carte bancaire de Zahra, il allait tomber sur cet album, que dans la précipitation, il l'avait récupéré sur la commode de Zahra dans sa chambre à Paris. Il a dû le glisser malencontreusement, ainsi que la carte, parmi d'autres documents qu'il avait ensuite rangé avec ses affaires personnelles. En les retrouvant, et surtout en feuilletant l'album, il était passée du choc à l'incrédulité puis la colère. Il s'en voulait personnellement de ne pas avoir découvert la vérité en France, alors qu'il menait ses investigations. Mais faute de temps, dont il ne disposait pas, il n'avait pas suffisamment creusé dans le passé proche de la jeune femme et s'était fié à la paperasse qui sans exception témoignaient de la maternité de Zahra.

Heureusement qu'il était le genre réfléchit et non impulsif. Qu'il n'avait pas cédé à l'ébranlement. Il n'était venu la voir, qu'une fois calmé, résolu à ne faire le moindre pas qu'après avoir élucidé l'affaire avec la concernée.

Aussi, et invraisemblablement, sa première impression la concernant resta intacte. Son intuition sur les gens, et qui ne le trompait presque jamais, ne pouvait l'induire en erreur quant à la nature et le noyau de la jeune femme et en dépit de la preuve qu'il détenait et qui démontrait qu'elle avait prétendue ou du moins gardé le silence sur la vérité ; il tenait et espérait avoir une explication plausible et valable.

Quand cette dernière se détacha de l'objet des souvenirs en levant la tête vers lui, il comprit qu'elle était prête à parler. Il rajusta, alors, sa position en lui accordant son total attention :

- Tu l'as vu ? Demanda-t-elle, en indiquant l'album.

Arun hocha la tête. Tous deux savaient que la question n'était pas nécessaire, mais c'était l'unique moyen pour la jeune femme pour entamer la conversation sensible. Encore une fois, Zahra tourna une page et contempla la deuxième photo, intitulée : "Bienvenue au monde belle Rose". Une prise de Rose prenant sa première tétée dans les bras sa mère, juste après l'accouchement.

- Elle s'appelle Salma, dit-elle en caressant affectueusement la photo, puis ramena son regard sur le beau brun, la maman de Rose... celle qui l'a mise au monde !

Bébé à l'improviste...Donde viven las historias. Descúbrelo ahora