Chapitre 72 - Je t'aime

830 168 23
                                    

***

- Zahra...

Aucune réaction. Dugan s'agenouilla en la contemplant. Hésitant entre insister pour la réveiller ou la porter à sa chambre. Sans parvenir à se décider, il sourit en voyant son vœux secret exaucé. Il ne pouvait nier sa joie de retrouver la jeune femme ici et surtout de savoir qu'elle l'attendait.

Ne voulant se comporter en égoïste et il se résoulut à la réveiller, désireux de lui faire plaisir, même en ne lui accordant que si peu.

- Zahra ! L’interpella-t-il à nouveau en lui touchant la main.

Et aussitôt, elle entrevrit les yeux, le bel homme se redressa debout, en reprenant un air flegmatique et distant. Rien que devant la joie incontenue qui submergea le visage de la jeune femme en le voyant, boulversa à nouveau son plan.

- Dugan !

Dans un entrain de gaieté, Zahra se releva, en s’éxclamant  :

- Enfin tu es là !

- Enfin ? S’enquit Dugan, feignant l'étonnement, Parce que tu m'attendais ?

"Honte à toi Dugan ! "

- Oui, répondit-elle en toute sincérité.

Bien que ravie et que son cœur frimoussait de joie, Dugan refusait de le montrer, et  répliqua:

- Fallait pas ! Elle est presque trois heures, précisa-il en inspectant sa montre, monte te coucher, finit-il par ajouter en tentant de rebrousser chemin vers les escaliers.

Seulement Zahra, ne partageait pas son avis et avec une rapidité surprenante, elle le devança et se mit sur son chemin, en lui barrant le passage.

Frappé de stupeur le Demir s’immobilisa en fronçant les sourcils devant le regard déterminé de la jeune femme.

- Je ne t'ai pas attendu toute la nuit, pour que tu me chasses dans ma chambre, lui reprocha-t-elle.

Ne pouvant qu’admirer la franchise sans détour de la jeune maman, Dugan se sentit en devoir de s’excuser.

- Excuses moi Zahra, je ne voulais pas t'offenser...

Toujours aussi déterminer, Zahra lui indiqua le canapé :

- Assieds-toi, s'il te plait !

Son invitation était ferme. Celle d’une femme qui n’accepterait le moindre refus. Dugan était impressionné de découvrir ce côté  intransigeant. Et bien qu’il ne fut pas habitué à ce que l’on s’adressât à lui de la sorte ou qu’on lui dictât sa conduite, il s’executa. ET s’affala mollement sur le canapé.

Zahra, qu’il n’avait quitté du regard, se joignit à lui, en s'installant à une distance convenable. En dépit de sa determination, elle respectait leur compromis et veillait à ne rien faire qui risquerait de faire fuir Dugan. En tout cas, pas avant de lui dire ce qu’elle voulait dire.

Quant, elle se décida à parler, elle s’enquit :

- Comment vas-tu ?

- Bien. Et toi ?

- Tu es fatigué.

Dugan sourit en renversant sa tête en arrière, afin de prendre appuis sur le dos du canapé.

- Ce n'est rien, ça me passera après une bonne nuit reposante.

- Tu as diner ?

Toujours en proie à l’étonnement, Dugan redressa la tête en braquant son regard dans le sien, voulant arriver à bout de ce suspens, affectueux et délicieux :

- Pas vraiment, répondit il.

- Tu veux que je te prépare quelque chose ?

- Tu es gentille Zahra, mais je n'ai pas d'appétit. Par contre j’ai besoin de dormir, mentit il, en tentant de s'arracher au canapé.

Même son corps refusait de lui obéir. Et dans son tréfonds, il savait qu’il désirait rester. Pourtant, et en optant pour la voie de la prudence, il se mit debout et la jeune femme, fit se même.

- Regarde toi Zahra, toi aussi tu es epuisée, vas dormir un peu.

La jeune femme se contentait de le regarder sans répondre.

- Rose dort en haut ?

- Oui, comme un ange.

- Je monte la voir et j'irai me coucher, insista-il. Et veillant à ne pas lui donner cette impression fausse et blessante, celle de la fuir ou de l’éviter, il s'enquit, tu viens ?

Apparemment, non. Car Zahra continuait à le fixer intensément. Et face à son mutisme, il déclara en se détournant d'elle :

- Alors, bonne nuit.

Mais à peine il avait esquissé un pas, qu'il la sentit bouger rapidement pour se lancer vers lui, se coller à son dos et entourer sa taille de ses bras. Dugan se cloua à sa place, les yeux arrondis. Sa stupéfaction s’amplifiait au fur et à mesure que la jeune femme serrait son étreinte, s’accrochant trop fort à lui en écrasant sa joue contre son dos.

Pendant un moment, Dugan ne put bouger. Et pendant qu’il retenait son souffle, il percevait les battements affolés du cœur de la jeune femme, et sentait sa respiration saccadées. Jusqu’à quand petit à petit, et alors que le rythme de Zahra se calmait, le sien reprenait une cadence normal.

Aussi, il se détendit, en profitant du bienfait de cette étroitresse sur ses sens. Puis en baissant les yeux sur les mains croisées de la jeune femme il ne put se retenir, de les contenir dans les siennes, en les englobant  aux creux de ses paumes.

Ainsi, il s'abandonna à cette douceur, cette agréable sensation que lui procurait le contact chaleureux du corps de cette femme. Et ferma les yeux en savourant cette instant de rêve, qu’il n’était pas près à rompre.

- Je t'aime Dugan, lui murmura Zahra.

À nouveau tout son corps se tendit comme un arc. Son coeur se lança dans une course rapide, battant à tout rompre. Actuellement, il redoutait sa propre réaction. Et encore une fois se figea pour ne pas commettre une bétise.

En sentant la pression douleureuse des mains de Dugan qui s’était crispées sur les siennes, Zahra se hâta d'ajouter en croyant le rassurer :

- Je ne te demande pas de me rendre cet amour. Je sais que tu tiens à moi.

Ne voulant être interrompue, elle intercepta ce qui lui semblait une objection muette :

- Je ne te demande rien Dugan, je ne serai jamais celle qui te causera le moindre soucis... permets moi seulement de m'exprimer. Je n'ai jamais aimé Egan, en tout cas jamais en tant qu'homme. Lui aussi d'ailleurs ne m'a jamais aimé, et il le comprendra la semaine prochaine. En attendant, je tiens à te dire ce que je ressens pour toi... Au risque qu'il viendra un jour ou tu me haïras...

"Non," voulait-il lui dire, mais aucun son ne quitta sa gorge. Le comportement de la jeune femme l'avait achevé et il cherchait à contrôler ses pulsions qui risquaient de lui faire perdre toute maitrise.

- Sache que je t'aime. Et il me suffit de te voir et te savoir saint et sauf....

Les larmes coulaient sur le visage de Zahra, car en effet, et au vu des circonstances, elle serait plus que satisfaite de le voir tiré de cette affaire, le voir survivre à cette guerre. Aussi, elle se sentit soulagée sa frustration en redéclarant son amour. Et même s'il la rejetterait pour Egan ou après en découvrant son mensonge, elle ne regretterait jamais cet aveu.

La jeune femme ignorait l'effet qu'elle venait de produire sur celui qu'elle aimait, elle ne pouvait percevoir la béatitude dans laquelle elle l'avait projeté, ni le torrent du désir qui l’envahissait.

Incapable de s'extraire au bras de la jeune femme, Dugan en profita en fermant les yeux le temps de regagner sa contenance.

- Et tu m'as manqué, ajouta-t-elle.

A suivre...

*** Premier jet ***

Ps : la suite pour demain 😘😘😘

Bébé à l'improviste...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant