Chapitre 85 - Si tu restes avec moi...

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- Baisse cette lumière, s'il te plait ! Ordonna-t-il dans un grognement.

La jeune femme s'exécuta immédiatement pendant que Dugan, et sans la quitter des yeux, allongea son bras pour récupérer une télécommande, puis cliqua sur deux boutons pour actionner quelques spots à lumière douce.

Actuellement, qu'il pouvait la voir clairement, il s'aperçut surtout de sa peur.

- Que fait tu ici ? Lui demanda-t-il en tempérant sa voix.

- Excuse-moi de débarquer de la sorte ! On s'inquiétait pour toi et je suis venue m'assurer que tu ... Que tu vas bien, Bredouilla-t-elle.

Tout en balbutiant ses excuses, Zahra l’examinait. Si elle voulait savoir comment il se portait, elle avait la reponse sous les yeux : lamentablement. Son coeur se serra pour lui et Dugan qui la scrutait à son tour, lut la peine sur son beau visage.

La présence inattendue de la jeune femme dans sa chambre le troublait au point de ne savoir comment réagir ni quoi dire.

Il endurait un de ses moments difficiles, qu’il ne pouvait se permettre de partager avec quiconque. Il n’eut même pas le temps de savourer sa victoire en apprenant que son ex avait retiré son tweet et avait cédé à ses consignes, il avait éprouvait cet affreux mal de tête, accompagné de cet état mélancolique et qui les avaient poussé à eviter les siens avec qui il s’était contenté d’échanger quelques mots avant de ne se retirer chez lui en évitant l'assemblée familiale autour du diner.

Dormir était son unique souhait. Ainsi, il avait avalé un autre cachet avant de ne monter dans sa chambre et ne se rappelait même pas comment avait il fait pour se changer et se mettre au lit. Tout ce dont il était conscient, c’était son incapacité à fermer l'œil avec le passé qui l'invitait à s'engouffrer dans les souvenirs douloureux, qu’il avait revisionnait comme s’il regardait une intrigue d’horreur qui tournait en boucle, lui rappelant les mêmes émois, et souffrances, aussi intenses qu’il y a dix ans.

Tout son être était entrain de patauger dans ce maelström de ressentiments. Tantôt colère en repensant au kidnapping, tantôt mauvaise conscience en se rappelant ses premiers meurtres, mais finalement ce fut la haine qui avait pris le dessus en revoyant son père trempé dans son sang, en pensant à Nimet et à Egan qui avait frôlé la mort. Et en culminant cette rancune envers les Odzemir, il y piochait sa force pour la nouvelle bataille qui devrait mettre terme à cette guerre.

Puis Zahra était apparu. Il fut tout d'abord perturbé par le bruit puis la lumière du téléphone qui brisa l'obscurité qui régnait dans la pièce, et par la mëme occasion l’extirpa à la noirceur dans laquelle était plongé son âme, le libérant partiellement des démons du passé ; ses mêmes démons dont il devrait s'en débarrasser.

Dugan considérait la jeune femme, en éprouvant au fond de lui une gratitude inestimable. Elle était là, pour lui, en ce moment bien précis. Certes, il était boulversé, voir gêné, qu'elle le voît dans cet état effroyable au sens figuré et littéraire du mot, mais plus que tout, il était heureux de l’avoir, comme une bouée de secours qui l’eloignerait de toutes ses pensées douleureuses.

Le silence prolongé accentuait le trouble de la jeune femme qui n'osait ni avancer ni rebrousser chemin, et était restée plantée à sa place, s'attendant au pire. Rien qu’elle ne pouvait plus supporter la frustration qu’elle ressentait
, alors elle hasarda un pas, sans deviner que venir vers Dugan au lieu de le fuir, équivalait lui tendre la main pour le repêcher de ses souvenirs. Et que par ce geste elle aboulissait les dernières résistances du beau Demir.

- Pourquoi tu ne dors pas ?

Aucune réponse. Cependant, la jeune femme reprenant son courage en main ne se laissa pas intimidée par le mutisme de Dugan, et demanda sa permission pour l'approcher.

Bébé à l'improviste...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant