Chapitre 52 : D'ardeur à froideur

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Elle flottait dans la félicité, ce plaisir indescriptible que lui procurait leur étreinte. Accrochée avec ferveur à la nuque de Dugan, ne pouvant déterminer quand est ce que, ni comment, elle avait enroulé les mains autour de son cou, ni quand est-ce qu'elle s'était hissée sur la pointe des pieds pour y parvenir. Cependant, et même captive de la confusion, elle était certaine d'une chose... Elle ne voudrait en aucun cas s'arracher à ses bras.

Ainsi, quand elle sentit que Dugan allait s'écarter de ses lèvres, elle s'accrocha à lui, refusant cette séparation, captivant l'homme, toujours brulant et qui ne se fit pas prier pour revenir à l'assaut.

Des bras de fer enlaçaient sa taille. Sans s'en rendre compte Dugan lui faisait mal. Et elle ne s'en plaignit pas, savourant la joie qui lui faisait ignorer toute douleur, même quand celui-ci accentuait sa prise comme s'il souhaitait la souder à lui, l'engloutir en lui.

Quand finalement, ils durent mettre fin à leur baiser, et sans se relâcher. Les deux étaient à court de souffle. Zahra avait les joues enflammées et les lèvres rougies. Quant à Dugan, dont une mèche avait échappé à son chignon strict, il l'enveloppait d'un regard énigmatique. Dedans, il y avait toujours cette ardeur, mais y flottait aussi, autre chose, préoccupante.

Cependant, rien ne pouvait faire reculer Zahra. Le temps de la retenue s'était écoulé, et cette étreinte confirma ce qu'elle redoutait. Elle dénoua ses mains de la nuque de Dugan et sans rompre le contact les ramena sur son visage. Et tandis que l'une se posât sur un côté de sa mâchoire volontaire, l'autre main remonta vers son front pour ranger la mèche blonde. Elle s'était étirée comme une féline pour atteindre la tête du bel homme. Ce dernier qui fut tellement affecté par ce geste, pourtant si anodin, qu'il ferma les yeux.

"Comment vais-je lui expliqué que c'est la première et la dernière fois que nous pouvions se permettre un tel égard" était la question qui lui taraudait l'esprit. Il était déchiré entre son envie de la garder contre lui et celle d'écouter la raison et la relâcher. Il devait à tout prix mettre fin à cet entichement, ce sortilège qui risquait de le perdre et de compliquer la situation plus qu'elle ne l'était.

Rassemblant finalement ses forces et sa volonté, il ouvrit les yeux décidé à écarter Zahra en toute douceur et cherchant en même temps ses mots pour amoindrir l'impacte de ce qu'il allait lui dire. Et quand son regard tomba dans la douceur mielleuse de celui de Zahra, qui n'arrêtait pas d'effleurer son visage, celle-ci lâcha :

- Je crois... Que je t'aime !

La surprise se lisait dans leurs regards. Zahra ne comprenait pas d'où est ce qu'elle puisait son audace du soir, au point d'émettre une telle déclaration comme si elle parlait d'une banalité. Et Dugan, n'en croyait pas ses oreilles. Il se figea, incrédule, tout en examinant du regard la jeune femme avec un air ébahi. Son cœur, ayant fait plusieurs sursauts, de surprise puis de joie cognait actuellement trop fort dans son torse, échapant à son contrôle.

Depuis son adolescence, de jeunes filles puis des femmes n'avaient cessé de lui faire des déclarations, de tous genres. Tout, en lui tentait l'autre gente et il avait pris conscience de ce pouvoir à un très jeune âge. Pourtant, il n'en profitait pas, comme tout homme dans sa position aurait fait. La responsabilité qui l'attendait, puis les crises que sa famille avait subit accaparaient son temps.

Et à part quelques amourettes juvéniles durant lesquelles il s'était cru épris, il ne s'impliquait plus sentimentalement avec les femmes. En tout cas jamais assez, ce qui lui permettait toujours de reculer à tout moment. Même avec Nuray qui allait devenir son épouse, il n'avait pu partager que des plaisirs qui n'atteignirent en aucun cas son cœur, pourtant, il avait bien essayé pour renforcer leur alliance. Pourquoi fallait-il qu'il s'éprît de Zahra ? Pourquoi, parmi toutes les femmes, celle-ci exerçait sur lui cet effet si exceptionnel ? Avec cette déclaration, elle lui rendit la tâche plus pénible et était sur le point d'abolir ses résolutions et le peu de raison qui lui restait.

S'il l'embrassait, ce serait l'encourager et approuver sa déclaration. Mais ses yeux, désobéissant le trahir en s'attardant sur les lèvres qu'il venait de goûter et mal mener. Puis, se rappelant de son frère, qui s'était offert ce même plaisir, qui avait en sus exploré et possédé ce corps que lui ne faisait que serrer, sa jalousie naquit et attisa sa colère. Pourtant, il était l'unique blâmable, d'avoir agi de manière si médiocre, en convoitant Zahra.

Ainsi, la froideur prit place à l'ardeur, et sa réplique fusa comme une balle.

- Je présume que tu avais dit la même chose à mon Egan ! Je me demande néanmoins si c'était avant ou après avoir fait l'amour !

La réponse acerbe de Dugan buta la jeune femme. Ses yeux s'arrondirent de stupéfaction et d'indignation. Puis en s'extirpant sans grand effort à ses bras, qui s'étaient dessérés, elle se demandait si elle méritait une telle réaction... Seulement, parce qu'elle avait avouer son sentiment ?

Une fois loin de lui, elle précisa sans la moindre honte :

- Je n'ai jamais dit : je t'aime à Egan. Tu es le premier homme à qui je déclare ce sentiment.

En dépit de l'outrage qu'elle venait de subir, elle éprouvait une forme de sérénité déconcertante et avait parlé calmement, sans dévier son regard de cet homme, dont le comportement devenait méconnaissable. Son sentiment, qui était né dans le mensonge, était ce qu'il y avait de plus sincère et Zahra faisait honneur à cet amour et ne regretterait pour rien d'avoir fait cet aveu.

- Ah bon ! Tu oublies tes mails ! J'en ai une copie, tu veux te rafraichir la mémoire. Rétorqua sévèrement Dugan.

"Oui, les mails de Salma !" Elle les avait oubliées, car ce n'était pas elle qui les avait écrits et elle aurait aimé crier en ce moment toute la vérité.

- Ce n'était pas moi !

Dugan bouleversé la dévisageait bizarrement et s'approcha d'elle dangereusement.

- Comment ce n'était pas toi ?

Elle ignorait qu'en lui, c'était la néssance d'un espoir aussi fou et inenvisageable et ne put prévoir dans sa réaction que la menace de perte de Rose et d'être rejeté, ce qui la dissuada d'aller plus loin.

-Je veux dire que je n'étais pas dans mon état normal durant la grossesse et je n'assume pas tout ce que ces mails contiennent.

Rebuté, Dugan haussa ses larges épaules, croisa ses bras sur sa poitrine et se détourna d'elle :

- En tout cas, tu as couché avec lui Zahra et parfois, nos agissements parlent plus que les mots. Sauf...

- Sauf ? S'enquit-elle en l'incitant à finir son idée.

- Sauf si tu n’es qu'une frivole qui s'adonne à tout homme qu'elle trouve à son gout. À l'époque, tu t'es cru amoureuse d'Egan, aujourd'hui de moi et qui sait...Demain, tu seras peut-être éprise d'Arun !

Il avait dit ces mots sans la regarder puis se retourna pour voir leur impacte sur son visage. Il savait qu'il était allé trop loin. et s'interrogeait si il avait agi avec l’unique intention de la repousser en créant cette distance glaciale entre eux ? Ou bien si c'était sa jalousie  qui amplifiait ses réactions ?!

Néanmoins, il ne voulait pas de ce regard larmoyant que la jeune femme posait sur lui, ce regard qui ne faisait qu'anéantir sa détermination. Il aurait aimé recevoir son agressivité, voir son emballement colérique qui apparemment n'allaient pas se manifester. Car Zahra ne se prit pas à son jeu.

- Pourquoi me dire une chose aussi ignoble Dugan ? On dirait que tu cherches à tout prix à me blesser...

Inconsciente, qu'elle avait demasqué son jeu, qu'elle venait de détourner ses plans, elle était épuisée et désirait se replir dans sa chambre, aller pleurer en cachette, car ce soir, elle ne voulait plus montrer ses larmes, après toute les humiliiations qu'elle venait d'encaisser.

... A suivre

*** Premier jet : Correction et réériture à faire ***

Bébé à l'improviste...Where stories live. Discover now