Chapitre 56 : En toute franchise

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En quittant la jeune femme, Arun alla tout droit vers le bureau de son ami. Il donna un coup sur la porte fermée, juste pour la forme polie, car ensuite, il l'ouvrit sans attendre l'invitation de Dugan. Ce dernier était là, assis à son bureau, yeux rivés sur l'écran de son ordinateur. Il avait l'air tellement pris par ce qu'il faisait ou lisait au point de ne pas ébaucher le moindre signe de conscience de la présence de son ami. Mais il avait oublié qu'Arun le connaissait plus qui quiconque et non seulement il ne se laissa pas trompé par son semblant d'occupation mais il eut en plus, avec cette attitude bizarre et étrangère à son ami, la confirmation de ses soupçons.

Il avança posément vers un fauteuil et s'y affala paresseusement. Et sans adresser la moindre attention à Dugan qui actuellement le fixait, il adossa sa tête au dossier, et ferma les yeux en croisant les jambes. Il était conscient que son comportement était pour le moins irritant pour l'autre, et il espérait ainsi le provoquer pour aborder cette discussion qui s'imposait.

- Depuis quand, êtes-vous si intimes ? Demanda Dugan d'un air qu'il faussement détaché et d'une voix maitrisée.

- De qui tu parles ?

- Toi et Zahra ! Précisa Dugan, en se forçant à se contenir.

- Ah ! Dorénavant, elle compte de la famille. Il est tout à fait normal que nous soyons proches.

- Ne fais pas le malin Arun !

La voix aigre de Dugan s'ensuivit d'un coup qu'il frappa sur le bureau. Mais ceci n'atteignit aucunement son ami qui rétorqua, calmement, en se mettant debout :

- Et ne fait pas le con Dugan.

Puis en avançant vers le bureau de son ami tout en soutenant son regard, Arun ajouta :

- Nous avons arraché, et sans prévis, cette jeune femme à sa vie. Elle a, ensuite, accepté avec bonté de nous accorder le temps nécessaire pour résoudre cette situation. Il est donc de notre devoir de la soutenir, et lui accorder une main amicale.

- Ceci est mon devoir, à moi ! Répliqua Dugan en accentuant le moi.

- Et le mien aussi. En fait, il est de notre devoir à tous dans cette famille de le faire. Et tant que je me compte de cette famille, il en demeure mon devoir aussi, Arun se tut une seconde puis ajouta, sauf si tu ne me considères plus de la famille !

- Ne dis pas de bêtise, Arun ! Grogna Dugan en désertant sa place pour aller se planter devant la fenêtre.

Mécontent et honteux de son comportement, Dugan resta ainsi un bon moment. Il savait que le moment du questionnement viendrait. Son ami n'était pas dupe, et lui avait agi en imbécile en trahissant ce qu'il espérait taire à jamais. Il se demandait comment il avait pu en arriver à demander des explications à Arun et avoir cette discussion débile qui n'avait aucun sens.

Puis, il perçut le mouvement d'Arun qui se réinstalla à nouveau sur une chaise avant de s'enquérir :

- Qu'as-tu Dugan ?

"Nous voilà", pensa Dugan avant de répondre :

- Rien.

- Alors comment tu expliques ce comportement ?

- Désolé Arun, je ne suis pas dans mon assiette.

- Justement, c'est pour cette raison que je pose la question !

- Oublions cette discussion et changeant de sujet, s'il te plait !

- Franchement, je n'attendais que ça pour aborder ce sujet avec toi.

Bébé à l'improviste...Where stories live. Discover now