Bébé à l'improviste...

Chapitre 19

Elle revenait à elle, petit à petit, les paupières lourdes et la tête engourdie. Elle ouvrit les yeux puis les renferma, étant incapable de supporter la lumière qui jaillissait terriblement à travers ses pupilles. Elle retenta encore de les rouvrir et fut surprise par la douce lumière tamisée de la pièce dans laquelle elle se trouvait. Elle baissa encore ses paupières, en repensant à ce rêve ; dans lequel elle était portée dans les bras d'un homme, aux beaux yeux bleus... Dugan !

Quel beau rêve et quelle belle sensation ! Elle sourit, allant encore céder à cette torpeur, qui appesantissait son corps et alourdissait ses membres. La tentation de sombrer à nouveau dans les bras de Morphée, pour retrouver ses rêves et Dugan, était forte, mais pas au point de lui faire oublier sa fille. Le visage de sa petite la retira d'un coup sec de ses rêveries.

- Rose ! S'écria-t-elle dans un sursaut en réœuvrant subitement les yeux.

Elle balaya l'endroit, du regard, à la recherche de Rose, mais aussi dans une tentative de trouver des indices pour se repérer. Hélas la petite pièce aux mûrs arrondis n'avait rien d'ordinaire, elle se mit subséquemment sur les pieds, d'un bond rapide.

- Merde !

Elle entendit le juron. Elle virevolta instinctivement vers sa gauche, cherchant l'auteur de ce son, au timbre et tonalité qui lui étaient devenu familier pour reconnaitre Dugan. Déchirée entre l'incompréhension totale, l'inquiétude pour sa petite et le soulagement de ne pas être seule. Elle fût réconfortée par la présence de Dugan. Plusieurs pensées affluaient dans son cerveau alors qu'elle perdait tout équilibre, que son corps s'apprêtait à s'effondrer et que son esprit cherchait quelque chose pour s'y accrocher. Elle buta ensuite contre le corps de Dugan qui s'était lancé à son secours. Et elle se sentit soutenue par ses mains fortes. Elle n'eut pas le temps de le regarder puisqu'elle ferma les yeux pour chasser cette sensation vertigineuse, pendant que Dugan l'aidait à s'asseoir :

- Il ne faut pas bouger. Pas aussi vite ! Sa voix était ferme et intransigeante.

Pendant que Dugan l'obligeait à se rallonger. Elle tentait de se rappeler comment elle avait atterri dans cette pièce et pourquoi. Ce n'était pas sa chambre, ni celle de la ferme. Oui, elle se rappelait de la ferme, le déjeuner, Dugan avec Rose sur les genoux. Puis rien, le néant total si elle ne comptait ce rêve... Mais était-ce vraiment un rêve ? Elle se rappelait maintenant que Dugan n'était pas le seul à peupler son rêve mais d'autres voix. Elle ressenti encore cette douce torpeur s'emparer d'elle. Mais Les mains fermes de Dugan, sur ses épaules, la dérangeaient. Il l'empêchait de se redresser.

Elle rassembla sa force et l'affronta en le fusillant du regard. Son vertige passé, sa vision améliorée, elle voyait le beau visage de ce dernier.

- Rose, ou est Rose ?

- Elle est avec Mina. Elle va bien, ne t'en Fait pas pour elle !

Il l'avait radouci sa voix dans l'intention de la rassura mais ceci ne suffisait pas. Zahra était angoissée et son amnésie l'inquiétait.

- Que s'est-il passé ? En s'agitant sous son emprise.

- Arrête de t'agiter Zahra.

- Lâcher moi alors ! Répliqua-t-elle de manière agressive

Dugan s'exécuta immédiatement en se fronçant les sourcils. Il la fixant intensément, comme s'il cherchait à prévoir sa prochaine réaction ou action. Et elle l'examina à son tour, en se redressant, cette fois en douceur. Ses sens reprenaient leurs facultés, son esprit devint presque lucide, s'il n'y avait pas encore ce trou. Dugan s'était changé constata-elle. Il portait Une chemise noire dont il avait retroussé les manches. Elle voyait pour, la première fois, ses avant-bras tatoués, un détail dont elle ne se serait jamais doutée. Ses tatous lui conféraient un air redoutable. Elle frissonna de peur. Pour la première fois depuis qu'elle commença à le côtoyer elle redoutait sa présence, en d'autres termes, depuis deux jours... L'angoisse accélérait les battements de son cœur. Des idées noires prenaient possession de la moindre de ses pensées. Elle voulait les chasser mais surtout elle avait absolument besoin de voir sa petite

- Je veux ma fille ! Demanda-t-elle fermement, puis enchaîna

- Et où sommes-nous ? Toujours à la ferme ? Sa dernière question sonnait comme un espoir, car elle était presque convaincue qu'ils étaient ailleurs. Mais où ?!

Depuis son réveil, elle entendait ce bruit, ce grognement.

- Nous ne sommes plus à la ferme ! Répondit-il calmement en s'installant dans un fauteuil prêt de son lit.

Elle ne réagit pas immédiatement, elle tendit l'oreille pour distinguer ce ronronnement, celui d'un moteur puissant, d'un engin de taille. Elle avait mal à la tête. Elle rétrécit ses yeux de douleur, et sa grimace ne passa pas inaperçu.

- Tu as mal ?

Elle ignora sa question, sentant la panique la conquérir.

- Ma fille, s'il te plait !

Dugan impassible, ne répondit pas. Il se leva, se dirigea vers une petite table, récupéra un cachet et une bouteille d'eau et revint vers elle.

- Prend ceci pour ton mal de tête et je te ramène Rose.

Elle lui lança un regard septique. Refusant d'obtempérer, refusant son chantage.

- C'est de l'eau et une aspirine pour soulager tes maux.

Il était peut-être sincère, cependant elle n'arrivait plus à lui faire confiance. On dirait qu'il était préparé et s'attendait à ce qu'elle ressente ce malaise.

- Non !

Les yeux de Dugan s'agrandirent d'étonnement, ne s'attendant certainement pas à son refus.

- C'est pour ton bien Zahra !

Elle l'entendit mais l'ignora. Actuellement assise, son regard investiguait les lieux, à nouveau. Le petit lit qu'elle occupait ressemblait à un fauteuil convertible, et lui fit pensée à certains sièges de la première classe de certaines prestigieuses compagnies aériennes. Son regard s'attarda sur la petite fenêtre, d'où elle vut un ciel bleu pavée de blancheur nuageuse... Suffoquée par la dure réalité, une évidence qui prit enfin forme à ses yeux.

Elle s'écria d'incrédulité :

- Un avion !?

Elle n'avait pas besoin de sa confirmation. Mais elle voulait comprendre ce qu'elle faisait là et avant que Dugan n'esquisse un mot :

- Mais qu'est-ce que nous faisons dans un avion ? s'époumona-t-elle, en se levant d'un bond pour lui faire face.

Elle se voulait forte mais elle était proie à une forte panique qui la submergeait totalement, ses yeux effrayés se remplissaient de larmes. Elle voulait comprendre, mais elle voulait avant tout voir sa Rose, et elle espérait surtout que tout ceci ne soit qu'un rêve cauchemardesque duquel elle se réveillera pour se retrouver chez elle, en sécurité avec sa fille.

Dugan inébranlable devant son hilarité, lui annonça calmement :

- En effet nous sommes à bord de mon avion. Et nous survolant actuellement le territoire Turc.

*** Premier jet ***