Chapitre 37 - Au manoir I

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Le lendemain un peu avant midi, et sans crier gare ni la moindre explication, Dugan leur annonça l'interruption de leur séjour à l'auberge. Et alors que Zahra et Mina venaient d'entamer une journée paisible au sein du château et se préparaient à la visite du coin galerie, elles se virent contraintes d'y renoncer et tout le monde se prit dans le tourbillon des préparatifs pour le nouveau voyage, destination Ankara.

Pendant qu'elle remettait des affaires dans l'unique valise qu'elle avait ouverte, l'appréhension de la rencontre familiale s'empara de Zahra. Les questions sur les membres de la famille Demir et leur attitude vis-à-vis d'elle jaillirent. Plus que tout, l'affrontement avec Egan l'effrayait. Bien que celui-ci était amnésique, la perspective qu'il récupérât sa mémoire au moment de leur rencontre, ou durant son séjour n'était pas à éliminer. La renier était pire qu'avouer d'elle-même son véritable lien avec Rose.

Puis, tout se déroula en vitesse. En deux heures, tout le monde était à bord du jet privé, les trois autres hommes aussi. Ce qui avait changé cette fois, et contrairement à la veille où la jeune femme avait piqué sa crise coléreuse en se réveillant à bord, était le fait qu'elle les accompagnait toute consentante. Cet après-midi, Zahra se surprit même à apprécier le voyage. C'était en grande partie grâce à Mina et Arun. Tous les trois avec Rose s'étaient installés au même salon, autour de la même table. Elle et Mina d'un côté, et la petite dans son siège avec Arun comme voisin.

Elle ne put s'empêcher de sourire à Arun à plusieurs reprises, quand leurs yeux se croisèrent. Sans comprendre la raison, la présence de cette homme lui inspirait sereinité et confiance. Et bien qu'elle écoutât les explications de Mina sur la ville qu'ils venaient de quitter et d'autres sur celle vers laquelle ils se dirigèrent, son regard ne put rater les soins que prodiguait Arun à sa petite. Comme Dugan, celui-ci savait se procurer le cœur d'un enfant et savait s'en occuper. Elle ne pouvait s’empêcher de le fixer, et quand leur regard se croisèrent, à nouveau elle lui accorda un radieux sourire le remerciant silencieusement, pour sa gentillesse envers elle et sa fille. Car Arun et par sa seule présence, possédait un don lénifiant sur ses sens.

Quant à Dugan, il était resté à l'écart plongé dans son ordinateur. Il ne semblait pas de bonne humeur, et personne ne dérangea le mutisme dans lequel il s'était rué, ni la concentration dont il avait sombré. Selon Arun c'était une urgence concernant un projet qui les ramena à la précipite vers Ankara. Cependant, elle soupçonnait que ce n'était qu'une excuse qui dissimulait une urgence d'un tout autre genre. Ceci ne l'empêcha pas de profiter du voyage ni de son bavardage avec Mina jusqu'à leur descente à l'aéroport d'Ankara.

En s'apprêtant à l'atterrissage, l'atmosphère changea subitement, la tension augmenta à nouveau. Tous les hommes s'étaient mis en garde à vous en s'assurant de leurs armes cachées dans leurs étuis ou suspendu à l'arrière de leurs pantalons. Ayant déjà vu cette scène et avec l'impression qu'elle revisionnait une répétition de la même scène d'hier, Zahra chercha Dugan du regard et le surprit entrain de la fixer. Il se contenta de lui adresser un sourire fade avant de ne se tourner vers ses hommes. Au fond 'elle, Zahra était rassuré qu'elle représentait un souci de moins pour Dugan, il pouvait actuellement se concentrer sur ses autres peurs. Cette pensée aussi étonnante rassura Zahra qui au lieu de s'inquiéter pour elle-même, se surprit à s'en faire pour l'oncle de sa fille.

Quand la porte de l'avion s'ouvrit, Arun vint vers elle en tendant les bras pour prendre Rose.

-On va encore se séparer ? S'enquit-t-elle inquiète.

Arun la rassura avec un beau sourire :

-Non ! Je la porte pour sa propre sécurité et vous prendrez la même voiture.

Bébé à l'improviste...Onde histórias criam vida. Descubra agora