Chapitre 42 - Rencontrer les demirs(II)

1.2K 186 7
                                    

***

Le salon

17 H 20

Il fallait admettre qu'entrer, accrochée, au bras d'un magnifique bel homme comme Arun apporta ses fruits. La confiance de Zahra s'amplifia en profitant de la main d'aide et de l'offrande d'amitié de cet homme. Comme toute femme normalement constituée, elle ne pouvait que se plaire d'être aussi bien entourée avec lui à sa droite et Dugan qui les devançait d'un pas.

Tous les yeux se braquèrent dans leur direction dès qu'ils entrèrent dans le salon. Zahra entendit même un petit cri étouffé. Son regard arpenta le salon survolant les autres présents à la recherche de la provenance et se posa sur la coupable. La vielle dame dont le teint et la ressemblance ne laissait planer aucun doute quant à son identité, avait les yeux suspendus vers Dugan et surtout Rose. Elle était assise sur le canapé d'en face, à côté d'une autre femme qui pareillement semblait emballé par le bébé.

À vrai dire, tout le monde semblait époustouflé et durant un court moment ou régna le silence, que seuls les babillages de l'enfant perturbaient, Zahra dévia son attention vers Mina. Celle-ci était installée sur l'accoudoir d'un grand fauteuil, le buste penché vers une autre femme et lui adressa un clin d'œil complice et un sourire encourageant. Mais Zahra était perdue dans l'admiration de la beauté à couper le souffle qui enjolivait le fauteuil. Ce ne pouvait être que Nimet, en conclut-elle.

La ravissante sœur aussi l'examiner, mais son visage inexpressif ne lui permit pas de déceler nettement ses sentiments à son égard. Toutefois, sa manière, à la scruter était intrigante et pour une seconde, durant laquelle leurs regards s'accrochèrent, Zahra crut déceler une forme d'animosité qui fut promptement effacée par un clignement des yeux, avant qu'elle ne lui accordât un pâle sourire. Un revirement qui fit douter Zahra d'elle-même. Au point qu'elle se reprocha son illusion et l'imputation sur ses propres appréhensions ; loin d'elle, l'idée que son rapprochement innocent d'Arun pouvait lui attirer la foudre de Nimet.

Somme toute, le silence fut brisé quand Dugan les présenta :

-Re tout le monde. Je vous présente Zahra et Rose.

La mère de Dugan fut la première, mais pas la seule à déserter sa place pour venir à son accueil, suivi de sa fille, et d'un autre homme aux cheveux d'ébène. Zahra n'avait pas vu ce dernier que le dossier de l'autre fauteuil, dans lequel il était engouffré, le cachait. Devant les têtes que faisaient les demirs, la jeune femme comprit qu'elle n'était pas la seule à être sur les nerfs à cause de cette rencontre, et regagna plus de courage en imaginant l'État de cette famille qui venait d'apprendre pour la présence de leur petite fille. Elle avança à son tour vers l'élégante dame, qui malgré les marques des années gardait toute sa grâce et sa beauté.

-Bonsoir Zahra, je suis Ereine, la maman d'Egan.

En évoquant le nom de son cadet, Ereine espérait amadouer la jeune femme. Estimant que la présumée amante de son fils, apprécierait une telle évocation, ne pouvant nullement imaginer l'effet inverse que ce rappel produisit sur Zahra. Cette dernière parvint cependant à dissimuler habilement son ébranlement et répondit poliment :

- Très heureuse de vous rencontrer madame. Et je vous remercie de me recevoir chez vous.

Zahra se détacha aussitôt d'Arun pour tendre la main à Ereine. Laquelle fût ignoré par la vielle dame qui s'inclina vers elle pour déposer un bisou sur chacune de ses joues. Ses mains quant à elles se posèrent caressant sur ses bras puis en y appliquant une infime pression chaleureuse.

- Considérez que vous êtes chez vous, ma fille. Et appelez-moi Ereine. Après vous pourriez choisir entre maman ou tati ! Lui dit celle-ci avec un sourire franc et sincère.

Bébé à l'improviste...Where stories live. Discover now