Bébé à l'improviste...

Chapitre 1 - L'étranger

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Paris - Parc champ de mars

Lundi 20 mai 2019 - 17 h 05

-Hein ? Maintenant, tu me souris, petite diablesse !

Zahra esquissa un tendre sourire en effleurant du doigt le nez tout mignon de Rose, et du regard le visage et corps de ce chérubin qui gigotait dans ses bras : sa fille. Quelques minutes, plus tôt, cette dernière avait poussé un cri strident qui lui vrilla les tympans. Rien de spécial, la petite avait faim. À présent, qu'elle était rassasiée après avoir vidé son biberon, Rose souriait et s'agitait gaiement, sur les genoux de maman, et en regardant l'étendu verte devant elles.

Le parc grouillait de monde. De jeunes étudiants, des couples d'amoureux, des mamans affolées par les péripéties de leurs petits, et des ribambelles d'enfants insouciants, qui jouaient partout. La jeune maman appréciait cette habilité qu'avaient les tous petits. Leur univers étant simple, leurs attentes restaient minimalistes, se limitant au besoin primordiaux : manger à sa faim, être dorloté d'amour, jouer jusqu'à l'épuisement et dormir. Pendant que le monde des adultes était tourbillonnant, entre devoir, rêves, besoin, et même les séquelles qu'ils devraient trainer sur le dos, ou celles qui pèsent sur leurs consciences.

Sa propre vie, n'en représentait pas un exemple vivant, de ce qu'endure l'adulte, et comment il devrait jongler avec les priorités qui s'imposaient à lui sans frapper à la porte ? Du reste, la sienne avait pris un tournant in-imaginé dès l'arrivée de Rose. Cet être à l'apparence démuni, mais qui détenait le pouvoir caché de tenir en laisse son existence.

Rose se détira dans tous les sens, puis se relâcha contre la poitrine de sa maman. Laquelle la regardait actuellement en réprimant un sourire. Et le fameux signe que l'adulte attendit se manifesta quand un bâillement de fatigue distendit la bouche menue de son bébé. Après quoi, celle-ci pencha la tête mollement, prête à s'abandonner à l'endormissement.

- Il était temps mon amour, chuchota Zahra dans l'oreille de sa petite en la reposant dans sa poussette.

Généralement, après son repas de l'après-midi, Rose s'endormait pour une trentaine à une quarantaine de minutes. Un temps de tranquillité pour la maman qui récupéra son bouquin, décidée à savourer pleinement ce moment de plénitude pour lire un ou deux chapitres.

Durant tout le temps où elle était absorbée avec son bébé, ainsi qu'actuellement, alors qu'elle était accaparée par sa lecture, Zahra ne perçut pas le mystérieux homme qui les épiait depuis presque une heure. Ce dernier était installé sur un banc à l'opposé du leur, perdu dans leur contemplation au point d'avoir oublié la tasse à café jetable, laquelle était déposée tout près de lui, sur le banc. Au demeurant, il s'en rappela subitement, et essaya d'avaler une gorgée, sans lâcher maman et bébé du regard, mais il fit la moue dès que ses lèvres goutèrent la liqueur froidie. Dégouté, il se leva à la précipite et s'en débarrassa dans la poubelle la plus proche, puis revint à sa place.

(Trente minutes plus tard)

Rose réouvrit les yeux et réclama sa maman en s'agitant dans sa place tout en accentuant son babillage. Zahra, l'ayant, entendit, attendait que les réclamations devinssent insistantes avant de quitter la magie de son roman. Ce qui ne tarda pas à se produire.

- Suis là, chérie, dit-elle d'une voix rassurante, en refermant son livre et en levant la tête.

C'était exactement à ce moment-là, que ses yeux tombèrent sur l'homme qui leur faisait face. Et c'était le badaboum. Con cœur exécuta un saut périlleux et tout son être tressaillit, devant la beauté hors échelle de cet homme et le regard insistant qu'il focalisait sur elle. Celui-ci, qui ne dévia pas ses yeux aussi indiscrets que captivants, ne se démonta pas d'être pris sur le fait. Un comportement qui accentua le trouble de la jeune femme. Qui, en temps et circonstance ordinaires, aurait condamné un tel comportement, en fusillant silencieusement l'intrus. Mais à la place, Zahra s'abandonna à cet accrochage et se perdit dans l'admiration de ce spécimen hors norme.