Chapitre 24 : L'auberge I

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"A nous maintenant ! " furent les seuls mots prononcés jusqu'à ce qu'ils quittassent l'aéroport.

La méticulosité des mouvements de Dugan et ses hommes était époustouflante. Et tout s'était déroulé au précipité depuis que Zahra avait agrippé le bras de Dugan en descendant de l'avion. Elle n'oubliera jamais son effroi quand elle avait senti contre son avant-bras l'étui d'une arme, celle de Dugan, dont elle n'avait pas soupçonné l'existence. Elle faillit même retirer sa main si le bras de Dugan ne s'était pas serré pour l'en dissuader. Puis sa main s'était posée sur la sienne pour la rassurer.

Dans le regard des agents de contrôle de l'aéroport qui les attendirent en bas de l'escalier, elle perçut de l'admiration. Certes, ils avaient leur propre interprétation du geste de Dugan qui semblaot rempli de délicatesse affectueuse. Dugan échangea des hochements de la tête avec les policiers qui ne prirent même pas la peine de regarder leurs passeports. Et sans subir le moindre contrôle, ils montèrent dans la voiture qui les attendait. A ce moment-là, elle avait réalisé l'ampleur du pouvoir que détenait Dugan.

Elle fut incapable de perturber le silence pesant, car en dépit du visage imperturbable de Dugan, elle le sentait tendu. Comme promis, les autres voitures les attendaient à la sortie de l'aéroport. Arun quitta la sienne, suivit d'un autre homme, et vint vers eux :

- La voilà saine et sauve ! Lui dit-il en lui déposant Rose sur ses genoux.

Il lui esquissa un sourire rassurant et elle y répondit par un autre reconnaissant. Arun échangea un regard complice avec Dugan suivi d'un signe de la tête comme si un message télépathique était passé entre eux, avant de revenir vers sa voiture. Puis les quatre voitures se mirent en marche. Oui, quatre. Elle avait remarqué la quatrième voiture qui les suivait en bouclant la file. Celle-là n'était certainement pas dans l'aéroport, Zahra en était persuadée. Elle porta sa petite pour la serrer contre sa poitrine, rassurée qu'elle lui soit retournée, regarda encore derrière eux s'assurant que l'autre voiture était toujours là puis jeta un coup d'œil à Dugan curieuse de savoir si c'était encore par précaution sécuritaire. Car là elle était certaine qu'il en faisait trop, comme s'il était en guère, ou que le diable était à ses trousses. Mais avant de poser sa question Dugan l'intercepta

- Je fais ce qu'il faut pour protéger ma famille Zahra. Tu ne sais rien du danger qui rôde autour de nous alors ne juge surtout pas mes précautions. Sa voix ferme la découragea de parler.

Agacée non seulement de la dureté de son ton mais surtout de sa façon de la deviner et d'intercepter ses réflexions. Elle avait l'impression qu'il violait l'intimité de ses pensées en lisant en elle comme dans un livre ouvert.

- Tu as fait le bon choix ! Lui dit-il d'un ton adouci

- Comme si j'avais vraiment le choix ! Lui répondit elle calmement en cajolant sa fille

- Tu l'avais. Un choix désagréable, je l'admets. Et je suis navrée de te l'avoir imposé ainsi.

- Les regrets ne me servent à rien, tu le sais bien !

- Je ne regrette pas de vous ramener Zahra, mais je ne suis pas content de l'avoir fait de cette manière. Car j'aurai aimé que tu m'accompagnes de ton plein gré.

Ne souhaitait plus s'étaler sur ce point de divergence, et ne se sentant surtout pas en état d'arguer une cause déjà perdue, puisque sa fatigue mentale prenait le dessus ; elle changea de sujet en demandant :

- Ou est-ce que nous sommes ?

- A Rize !

- Rize ? Elle ne connaissait de la Turquie que les grandes villes.

Bébé à l'improviste...Where stories live. Discover now