Le Cœur Des Maraudeurs

XL. Atticos le Porlock

Maxine griffonnait sur son carnet quelques indications données par le professeur Slughorn afin de réaliser la potion qu'ils étudiaient aujourd'hui. Regulus, qui était loin d'être d'humeur studieuse, se pencha vers la rouquine en lui chuchotant :

- Alors cette sortie à Londres, amusante ? Divertissante ?

La jeune femme releva la tête, étonné que le Serpentard soit au courant de cette information. Comme si le frère de Sirius avait lu dans ses pensées, il ajouta :

- Je ne dévoile jamais mes sources, mais sache que je suis généralement au courant de beaucoup de choses, surtout lorsque cela concerne mon frère.

La rouquine leva les yeux au ciel, et se concentra de nouveau dans sa prise de notes, le professeur Slughorn s'était égaré dans une anecdote aux antipodes des conseils de convection de la potion.

- Comment s'était-il pris pour te charmer ? Laisse-moi deviner, il t'a fait visiter un endroit moldu magnifique et incroyable, supposa Regulus sur un ton faussement enjoué.

Maxine lâcha sa plume, agacée par les paroles de son partenaire. Elle savait que depuis les premiers instants où elle avait fréquenté les garçons, Regulus était devenu exécrable à son égard. Cependant, la jeune fille n'avait pas voulu changer de partenaire, car malgré ses piques réguliers, il faisait du bon travail et savait parfois se taire.

- Mon idiot de frère t'apprécie beaucoup trop, si tu veux mon envie. Lors des dernières vacances qu'il a passées en notre compagnie, il n'avait que ton prénom à la bouche. Je ne vais pas me plaindre, pour une fois qu'il ne parlait pas de Lupin ou encore de ce crétin de Potter.

- Quel message essayes-tu de me faire passer Regulus ? demanda brusquement Maxine.

Attendant que la Gryffondor exprime son agacement depuis le début de ses provocations, le jeune homme fit un petit rictus.

- Rien Carlson, je suis juste étonné. Je te connais depuis deux ans maintenant, et tu n'adressais pas plus de trois mots à n'importe quelle personne. Maintenant, tu traînes avec les plus gros idiots de Poudlard, malgré les avertissements que j'ai pu te donner.

- Il faut croire que les gens changent, soupira Maxine.

- La seule chose positive dans cette histoire, conclut Regulus avec un sourire mesquin, c'est de voir Marlène se faire voler la vedette ; elle qui aimait tant Sirius depuis des années. La pauvre fille se fait désormais détrôner par toi Maxine. Mon frère semble porter son intérêt vers des personnes dotées d'une intelligence pour une fois.

La jeune femme prit cette dernière remarque comme un compliment. Le Serpentard qui revendiquait sa haine envers son frère, ne pouvait s'empêcher de s'intéresser à ses fréquentations, signe qu'il ne l'avait pas totalement rogné de sa vie.

- Bien, annonça Slughorn, je vous demande de reproduire la Potion Revigorante à partir des explications données. Choisissez votre binôme, et au travail !

La rousse ne bougea pas d'un poil, et commença à allumer le chaudron, tandis que Regulus partit récupérer les quelques fioles dont ils avaient besoin. Le jeune homme revint hacher les feuilles de verveine, afin de les faire infuser, sous le regard attentif de Maxine qui veillait à chaque geste qu'effectuait le garçon. Soudain, les deux camarades sentirent une présence et levèrent la tête, un Gryffondor les observait. Ce dernier contemplait Maxine, les yeux remplis d'admiration. La rousse gênée, détourna le regard vers Regulus.

- Un problème ? demanda le Serpentard sans aucune once d'amabilité dans sa voix.

- Je me demandais si tu voulais te mettre en binôme avec moi Maxine ? demanda l'inconnu.

Il semblait sûr de lui, ce qui amusa le frère de Sirius. La rouquine quant à elle, répondit délicatement :

- Comme tu peux le voir, je suis déjà en binôme avec Regulus, mais est-ce que l'on se connaît ?

En effet, l'illustre inconnu avait utilisé son prénom, alors que la jeune femme était sûre de ne jamais lui avoir adressé la parole, ni même porté la moindre attention, puisque son visage demeurait étranger. 

- Je m'appelle Atticus, je suis également en cinquième année.

Face à la tête déconcertée de Maxine, qui malgré avoir fouillé dans sa mémoire, ne se rappelait pas de ce garçon, Regulus éclata de rire en secouant la tête, avant de reprendre la préparation de la potion.

- Nous ne nous sommes jamais parlé, mais je t'ai vu avec tout le petit groupe, lors de la fête des Gryffondors après la défaite des Serpentards au Quidditch.

Cette remarque adressée principalement au benjamin de la famille Black, lui fit lever les yeux au ciel. Voyant que Atticus ne bougeait pas, Maxine essaya de le faire partir gentiment :

- Oh, c'est étonnant car je ne suis pas restée très longtemps. En tout cas ta proposition me touche, mais je suis en binôme avec Regulus donc...

- Je suis sûr que le cours de Potions sera plus sympathique avec moi, répondit le Gryffondor en fixant le Serpentard qui affichait un air froid.

Proche de l'agacement, et voulant faire peur à ce pauvre jeune homme, Regulus leva l'instrument pointu avec lequel il coupait les feuilles de verveine, ce qui le fit reculer.

- Écoute-moi bien Atticos...

- Atticus, reprit ce dernier en articulant sur la dernière syllabe.

- Atticus, Atticas, Atticos, c'est la même chose ! Maxine est ma partenaire en Potions depuis deux ans et cela n'est pas près de changer. Je te conseille donc de dénicher quelqu'un qui sera prêt à supporter ta lourde expression qui m'ennuie déjà alors que je te connais à peine.

Le garçon ne cilla pas face la tirade de Regulus, mais observa Maxine pour voir tout signe de protestation aux propos qu'avait tenus son camarade, mais elle n'en fit rien. Atticus partit donc à regrets, et la jeune femme lâcha un soupir de soulagement.

- Bon débarras, murmura-t-elle.

- Atticos le Porlock n'a pas intérêt à revenir, sinon je m'occuperais de son cas moi-même.

Face à l'appellation qu'avait utilisée Regulus, Maxine éclata de rire. Elle s'imaginait désormais cette bête qui se situait entre le cochon, le cheval et le sanglier ayant une peur bleue de l'humain et la tête d'Atticus. Le Serpentard fit un léger sourire satisfait face au surnom employé et se remit au travail, tout comme Maxine. Alors qu'ils étaient tous les deux plongés dans la recette, Regulus fit une dernière remarque :

- Finalement, mon frère n'est peut-être pas un si mauvais choix comparé à Atticos.

Maxine leva les yeux au ciel, excédé par les piques du benjamin de la famille Black, qui lui, prit un malin plaisir à embêter la jeune femme.