CXII. Séparation

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Les pas rapides de Maxine résonnaient dans les couloirs vides du château, à la recherche d'une ultime réponse face à la situation critique. Elle l'avait attendu dans la salle commune avant le dîner, pendant et après, mais Remus ne s'était pas présenté. La rouquine avait alors décidé de le trouver directement dans le lieu qui était devenu son refuge depuis quelques jours. Le cœur lourd, elle poussa donc la porte de l'infirmerie avec un halo d'espoir à ses côtés. Maxine n'eut pas le temps d'observer les lieux qu'elle heurta Madame Pomfresh :

- Oh vous êtes là ! Remus est en train de ranger ses affaires, il sera heureux d'avoir de la compagnie pour sa sortie.

- Je l'espère, murmura l'adolescente.

Après un sourire maternel de l'infirmière qui retourna dans son bureau, Maxine se dirigea d'un pas décidé vers les seuls voiles blancs rabattus, unique présence dans la salle de repos. Une inspiration pour se donner du courage et la sorcière pénétra une nouvelle fois dans cet espace clos qui avait opprimé leur dernière dispute. Elle le vit alors, éclairé par la lumière de la lune.

- Maxine... chuchota Remus en l'apercevant.

Sans réfléchir la jeune femme se précipita dans ses bras en sanglotant. Sa voix familière, ses yeux rassurants et son pull vert favori qui avait enfin remplacé son pyjama de convalescent, la poussèrent à chercher réconfort dans ce qui était en train de la briser. Le Gryffondor l'accueillit avec sa fidèle douceur, posant avec prévention ses mains sur elle, mais sans la serrer délicatement comme il l'aurait fait. Cette étreinte qui apaisa le cœur de Maxine, imprégna tout de même en elle les premiers signes de la distance. En effet, Remus la redressa lentement afin de pouvoir croiser son regard, mais laissa ses mains sur ses deux épaules :

- Maxine que fais-tu ?

- Je ne peux nous laisser tout gâcher comme cela... articula Maxine entre deux sanglots. Nous pouvons tout recommencer... J'ai fait une erreur en te suivant le soir de la pleine lune...

Remus secoua la tête, l'angoisse de la rouquine le peinait, il lui faisait vivre un chagrin considérable dont il était le seul et unique responsable. Le jeune homme attrapa ses mains délicatement avant de l'installer sur son lit. Il sentit Maxine lui compresser les doigts, la peur de le perdre la poussait à amplifier tous ces mouvements pour les ancrer dans la réalité.

- Je ne veux pas te faire de mal Maxine, commença l'adolescent.

- Alors aime-moi ! répliqua la rouquine.

Assis face à face, leurs visages baignés par la lumière de la lune qui perçait la pénombre, les deux Gryffondors s'observaient comme deux âmes en peine. Les pupilles humides de la jeune femme suppliait Remus de la sauver de ce chagrin, il avait l'ultime pouvoir entre ses mains. Il repensa alors à la conversation qu'il avait eue quelques heures plus tôt et à sa conclusion, elle méritait le bonheur, lui ne pouvait lui offrir cela. Alors, dans une tentative d'étouffement d'une douleur qui allait devenir plus intense, le garçon aux cicatrices posa sa main sur la joue de la sorcière.

- Je pourrais t'aimer pour toujours Maxine, reprit l'adolescent, mais je ne peux pas me permettre de t'enfermer à jamais dans ma triste réalité. Un avenir brillant s'ouvre à toi, je n'en serais que ton fardeau si j'acceptais de rester à tes côtés.

- Rien ne m'oblige à accepter l'offre de Castelobruxo s'il me sélectionne pour le programme d'échange ! s'exclama la rousse. Je préfère être auprès de toi pour t'aider...

- Et moi, je préfère que tu ailles vivre tes rêves, sans te soucier de ce qui te retient ici et qui pourrait freiner ton envie de devenir guérisseuse.

Remus continuait de caresser les mains frêles et gelées de sa bien-aimée, son corps suivait l'état de son âme, détruite et abattue. Évidemment, s'il n'en donnait pas l'impression, le jeune homme était tout aussi brisé, il renonçait à un amour qu'il jugeait impossible, mais pourtant le seul qui avait réussi à animer son cœur. La cicatrice encore présente sur le front de Maxine lui rappela l'avenir qui les attendait, il la préférait heureuse aux côtés d'une autre personne, plutôt que près de lui. Il ne pourrait ni lui assurer une sécurité totale, ni une situation stable, ni une descendance sans lycanthropie. En restant avec elle, c'était ironiquement se jeter dans la gueule du loup. Noyés par le chagrin, les yeux de la jeune femme se perdaient dans la contemplation de leurs mains liées. Remus les détacha et relava délicatement le menton de Maxine, son respect pour elle était si immense qu'il fallait lui faire comprendre sa décision réfléchie :

- Cette décision n'est pas contre toi, bien au contraire, elle est pour toi.

- On dirait que c'est tout le contraire pourtant.

- Je sais...

Le silence s'installa entre les deux amants, il venait les narguer comme un enfant tirant la langue après avoir reçu une confiserie. Chacun ne put s'empêcher de ressasser leur histoire, elle avait été une idylle parfaite durant un temps limité ; un rêve réconfortant où le réveil est une gifle douloureuse. Malgré les rougeurs de son visage, Remus contempla la beauté de Maxine, les imperfections la rendaient parfaite à ses yeux. Pour tout ce qu'elle lui avait apporté, le sorcier se pencha et la remercia avec une sincérité pure :

- Merci pour tous ces instants de bonheur Maxine, je t'en suis très reconnaissant.

La jeune femme hocha la tête, elle comprit que le combat ne commencerait jamais, elle venait de perdre la bataille pour l'engager. Accepter de renoncer à tout cela lui laissait un trou béant dans la poitrine, elle avait l'impression de suffoquer, trouverait-elle un autre amour pour le combler ? Sa seule envie était de s'accrocher à Remus tel un petit coquillage à sa roche, il était son pilier et elle ne pouvait s'imaginer que tout était en train de s'effondrer. Pourtant, elle allait devoir avancer. Sans lui.

- Peux-tu me faire une dernière promesse ? murmura la Gryffondor.

- Bien sûr.

Maxine essaya de calmer ses respirations saccadées et ses larmes bruyantes avant d'instaurer sa demande.

- Promets-moi d'accepter mon amour si nous nous retrouvons dans quelques années. Si nos chemins se recroisent plus tard, alors je veux que tu acceptes nos sentiments si nous en avons encore. Je suis persuadée que nous sommes faits pour nous retrouver.

- Je te le promets, répondit Remus.

Et pour sceller cette séparation, ce dernier déposa un doux baiser sur les lèvres de la jeune femme. Brûlantes et humides, le garçon aux cicatrices laissa sur celles de son amantes ce fameux goût chocolaté qui allait désormais la hanter à tout jamais. Ce baiser passionné fit place à celui de la tendresse que Remus déposa sur son front, comme pour l'inviter à réaliser ses rêves et à prendre soin d'elle. Un dernier regard en direction des pupilles vertes du jeune homme conclut le geste d'adieu de celui-ci. La rouquine se leva et se dirigea vers les voiles blancs, avant de se retourner une dernière fois.

- Au revoir Remus.

Elle laissa l'être aimé en seul compagnie de la lune, témoin de cette fin tragique et responsable des malheurs du lycanthrope... 

Le Cœur Des MaraudeursWhere stories live. Discover now