LVIII. Doute

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Une semaine épuisante, voilà ce que ces quelques jours avaient été. Le bal avait fatigué tous les élèves qui subissaient les cours comme une véritable torture. Maxine venait de sortir d'un interminable cours de Sortilèges, et devait se rendre à celui de Potions. Heureusement la légère pause lui permit de flâner dans les arcades extérieures avant de se rendre dans les profondeurs de Poudlard. Le soleil commençait doucement à montrer le bout de son nez, malgré le printemps annoncé, l'hiver ne voulait pas quitter les lieux. Cependant, les premiers bourgeons avaient entamé une résistance qui annonçait un temps plus doux ; la jeune femme mourrait d'envie de retrouver les fleurs et plantes qui demeuraient encore en hibernation. Alors qu'elle avançait tranquillement dans le couloir ouvert à la cour, son surnom résonna :

- Max !

Reconnaissant le timbre de voix charmeur, la rouquine baissa la tête et accéléra la marche. Les couloirs comportant peu de monde ne lui permettaient pas de s'éclipser comme elle l'aurait souhaité. Les pas du jeune homme s'accentuèrent, et d'un geste de la main, bloqua Maxine dans un recoin des arcades.

- Max, s'il te plaît ! supplia le jeune homme.

- Pas maintenant Sirius, déclara la rousse en essayant de s'extirper de cette embuscade.

- Je te demande ton attention quelques minutes...

- Je dois aller à mon cours de Potions, insista froidement Maxine.

- Si je ne te parle pas maintenant, conclut le membre de la famille Black, je ne le ferais jamais, alors s'il te plaît.

Maxine observa les yeux bruns de son ami, qui la firent craquer. La jeune femme cessa son agitation et abdiqua ; elle pouvait l'écouter, mais rien ne laissait penser qu'elle pouvait lui pardonner.

- Je suis au courant que tu as vu mon baiser avec Beryn. Je l'ai repoussé gentiment en fin de soirée...

- Tu veux que je saute de joie ? demanda sarcastiquement l'adolescente.

-Je sais que tu es fâchée, soupira Sirius.

La rousse déglutit, il était rare qu'elle s'énerve car elle détestait les disputes, mais ne pouvant contrôler ses émotions, elles prirent le dessus :

- Fâchée ? Tu penses que je suis fâchée ? Sirius, je suis hors de moi, tu m'entends ! Tu m'as mené en bateau, mais plus que cela tu m'as déçu !

Les yeux brillants de colère, la jeune femme essaya de se frayer un chemin pour rejoindre les cachots, mais le garçon aux cheveux longs lui attrapa son poignet pour la retenir. Les arcades désormais désertes, accueillirent les protestations de Maxine.

- Lâche-moi ! Je ne veux pas te parler ! s'emporta-t-elle.

- Max tu ne comprends pas !

Les cris fusèrent dans le couloir, cette dispute paraissait être une tempête qui brisait la tranquillité habituelle de Poudlard.

- Qu'est-ce que je ne comprends pas ? Ta manie de jouer l'idiot dès que tu en as l'occasion ? À manipuler les sentiments des autres ? Ou ta peur insensée qu'on te blesse ton égo ?

Maxine observa la lueur qui venait d'apparaître dans les yeux de son ami : de la tristesse mélangée à l'agacement de cette situation. Toujours agrippé à la rouquine, Sirius explosa à son tour, dévoilant ses sentiments :

- Je t'aime Maxine !

À l'appel de son prénom, la jeune femme frissonna, il venait de lui avouer ce qu'elle craignait le plus. Sirius s'était attaché, Remus aussi, et Maxine allait briser un des deux cœurs en effectuant son choix tôt ou tard.

- J'ai essayé de lutter contre mes sentiments, reprit Sirius, mais tu hantes mes pensées. Depuis notre rencontre, tu es sans cesse dans mon esprit, tu es un phénomène indescriptible Maxine. Notre baiser en novembre n'a fait que confirmer que mon attachement envers toi était bien réel, et si je pouvais reposer mes lèvres sur toi rien qu'une seule fois, je le referais sans hésiter.

- Alors pourquoi tu l'as embrassé ? murmura la rousse les larmes aux yeux.

- Je voulais toujours m'assurer que je comptais pour toi. Tu étais tellement proche de Remus ces derniers temps, j'avais si peur de perdre ma place dans ton cœur. Alors oui, j'ai fréquenté Beryn, puis je l'ai embrassé le soir du bal, mais je n'ai rien ressenti. Je n'ai rien ressenti car je pensais à toi, tu m'obsèdes Max. J'ai embrassé plusieurs filles dans ma vie, mais mon baiser avec toi était mille fois plus puissant, rien n'est pareil avec toi, je suis amoureux de toi...

Des larmes roulèrent sur les joues de la Gryffondor, comment pouvait-il passer d'une dispute à une déclaration passionnée ? Il avait le don de la déstabiliser en une fraction de seconde, elle détestait cela. Elle se détestait de faire subir tout cela aux deux garçons.

- Je ne sais pas Sirius, chuchota Maxine, je suis perdue. Je n'arrive pas à me décider, j'essaie, mais chaque geste, chaque parole accentue encore plus mon doute. Je ne peux rien te promettre, encore moins mon amour...

Les doigts du jeune homme lâchèrent doucement le poignet de la rouquine. Prenant cela comme une invitation à partir, Maxine saisit l'occasion et s'éloigna en direction de son cours de Potions, laissant Sirius seul. Les manches de sa cape épongèrent les dernières larmes qui ruisselaient, elle était bouleversée et sacrément en retard pour son heure dans les cachots. Elle n'eut pas le temps de s'attarder sur les paroles de Sirius qu'elle arriva devant la porte de sa salle. La rouquine toqua doucement avant de se glisser discrètement à l'intérieur. Heureusement pour elle, les travaux pratiques avaient déjà commencé, et Maxine ne dû s'excuser que devant son professeur qui l'aperçût entrer :

- Je suis sincèrement désolée pour mon retard, je suis passée aux toilettes et les escaliers m'ont joué un mauvais tour...

- Ne vous inquiétez pas Miss Carlson, tout va bien ! s'exclama joyeusement le professeur Slughorn. Monsieur Black a l'air un peu perdu sans vous, mais va être sûrement heureux de vous retrouver.

En effet, le Serpentard jouait avec les ustensiles pour les potions, attendant patiemment sa camarade. Maxine s'apprêta à le rejoindre, mais Slughorn la stoppa.

- Vous devriez venir à un de mes dîners, avec Monsieur Black, même s'ils ne sont ouverts qu'à partir de la sixième année, je peux faire une exception pour vous !

Le professeur ponctua sa proposition d'un clin d'oeil, sur quoi Maxine répondit par un sourire. Elle souhaitait juste la paix, ce qu'elle ne trouva pas en s'installant à la table en compagnie de Regulus.

- Laisse-moi deviner, mon frère a encore fait des siennes ?

La jeune femme ouvrit la bouche en écarquillant les yeux, prête à demander comment le benjamin de la famille Black s'était informé, mais ce dernier répondit en la coupant :

- Tu as les joues rouges, tes yeux brillent de tristesse et de colère, et si je peux me permettre...

De son pouce, il essuya délicatement la pommette de Maxine qui faillit reculer face à ce geste inattendu.

- Il te restait une larme. Tu es très mauvaise pour dissimuler ton chagrin Carlson.

Cette dernière s'enfonça dans son carnet de Potions, honteuse, notant la recette encore affichée au tableau. Regulus secoua la tête amusée par le comportement de la jeune fille, puis il entreprit de commencer la potion, l'arrivée de son binôme l'ayant motivé. Alors qu'un silence régnait entre les deux, le Serpentard demanda :

- Quand comprendras-tu enfin que mon frère n'est qu'un idiot ?

Jamais. Maxine le savait, elle resterait attachée à lui jusqu'à que son cœur fasse un choix, qui semblait alors impossible... 

Le Cœur Des MaraudeursOnde histórias criam vida. Descubra agora