XLII. L'espoir est la créature avec des ailes

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Maxine descendit le petit chemin qui menait à la maison d'Hagrid, ce dernier était sur le porche et semblait en pleine discussion avec Remus qui était déjà présent. La jeune femme avait durant ses vacances, oublié les heures de colle qui l'attendaient suite à la farce de Rusard. En arrivant devant la cabane, le demi géant salua la rouquine :

- Te voilà Maxine ! Bien le bonjour !

- Bonjour Hagrid ! s'exclama Maxine sur un ton enjoué.

Elle fit un léger signe de main à Remus, qu'elle avait vu plus tôt dans la journée, et les deux amis suivirent Hagrid dans l'attente de recevoir leur tâche.

- Je suis heureux que Dumbledore m'ait envoyé de l'aide, non pas que je me réjouisse pour vos heures de colle, mais je suis débordé en ce moment, je devais aider le professeur de soins aux Créatures Magiques à nourrir les Scroutts à pétard !

Le gros bonhomme confia deux grands seaux avec des substances visqueuses à Remus et Maxine, avant de désigner l'enclos qui enfermait les bestioles.

- Vous devez juste les nourrir, ensuite vous serez libérés ! Je ne serais pas là pour vous surveiller, je dois me rendre dans la forêt interdite. Faites attention, les Scroutts peuvent être parfois agités !

Puis, Hagrid disparu sous les yeux ronds des deux adolescents. Remus se gratta l'arrière de la tête, et annonça d'un ton peu convaincu :

- On va y arriver, ces petites bêtes ne peuvent pas être si horribles que cela.

Maxine hocha la tête, et enfonça son bonnet sur ses oreilles avant de rentrer en première dans l'enclos, car Remus tenait la porte en parfait gentleman. Ils ne virent pas toute suite les Scroutts, cachés au fond du terrain clôturé, mais lorsqu'ils commencèrent à s'approcher, les deux camarades protestèrent.

- Par Merlin ! s'écria la rouquine. Quelle est cette odeur ?

- C'est intenable, enchérit Remus, on dirait qu'un poisson a moisi !

Ils mirent leurs écharpes rouge et or sur le nez, et commencèrent d'une main vigilante, à nourrir les bêtes. Au début, tout se passa bien, Maxine prit même confiance car les Scroutts étaient calmes et sereins. Elle observa du coin de l'œil Remus, qui plus craintif, tremblait légèrement en tendant la substance visqueuse, ce qui l'amusa beaucoup. Soudain, ce dernier se retourna et s'écria avant de se jeter sur la jeune femme :

- Attention !

Maxine fut projetée au sol, mais vit une petite boule de feu la frôler. Une fois sur l'herbe, elle sentit un poids légèrement l'écraser. Les yeux bruns de la rouquine croisèrent ceux verts du jeune homme, qui se rendit compte de la position dans laquelle ils étaient. En effet, les deux adolescents étaient l'un sur l'autre, toutes les barrières de la timidité avaient été franchies. Remus, rouge comme le blason des Gryffondors, se releva confus et aida son amie à se remettre sur pied.

- Je ne t'ai pas fait mal ? demanda le garçon aux cicatrices inquiet.

- Non tout va bien, répondit Maxine qui était encore secouée de leur chute, merci beaucoup, un peu plus et je finissais rôtie.

Remus émit un petit rire léger, même si la proximité de leur position le gênait encore. Une pudeur s'était installée entre eux depuis l'épisode de la libraire, il avait voulu prendre ses distances ; son secret lui revenait en pleine face à chaque rapprochement avec la jeune femme. Le garçon secoua la tête pour chasser ses pensées sombres, et les deux adolescents finirent avec précaution de nourrir les Scroutts à pétard. Une fois leur tâche accomplie, Remus et Maxine remirent les sceaux à leur place, refermèrent avec attention l'enclos et grimpèrent la colline pour regagner le château. Arrivée en haut, Maxine se laissa tomber sur une butte d'herbe. Comprenant que la jeune femme voulait faire une pause, Remus la rejoignit et s'assit à ses côtés en laissant suffisamment de distance pour ne pas l'oppresser. Ils admirèrent le soleil s'endormir, ce dernier semblait caresser le lac. Reflétant sur l'eau grâce aux légères secousses, l'étang avait une teinte orangée. Quant aux rayons du soleil, certains essayaient d'échapper au sommeil qu'ils les attendaient, en venant frapper le visage des deux adolescents. Celui de Maxine était éclairé par ces lumières, qui dansaient sur sa peau laiteuse, lui donnant un nouvel éclat. Ses yeux bruns habituellement sombres, rayonnaient désormais, lui offrant un regard lumineux. Remus avait l'impression de redécouvrir Maxine face à ce ciel qui sombrait peu à peu dans une nuit étoilée.

- Moi qui pensais que ces heures de colle avec Hagrid allaient être tranquilles, murmura Maxine avec un sourire aux lèvres, je sens que l'on va en voir de toutes les couleurs.

- Je suis désolé Maxine, répondit Remus, je ne voulais pas te projeter au sol, mais...

- Tu n'as pas à t'excuser enfin ! s'exclama cette dernière. Sans toi, je serais sûrement à l'infirmerie à l'heure qu'il est.

Remus ne répondit pas, et se perdit dans la contemplation du lac, l'eau scintillait comme des petites paillettes.

- J'ai repensé à la librairie...

Cette phrase, prononcée dans un chuchotis, fit rater un battement au cœur de Remus. Il n'eut pas le temps de s'inquiéter plus, que Maxine compléta sa phrase :

- Quelle est le poème que ta mère te récitait le soir ? Je suis curieuse de le connaître.

Le jeune homme observa la rousse, qui avait ramené ses genoux contre son ventre et observait toujours le soleil. Remus se racla la gorge et commença sa récitation :

- L'espoir est la créature avec des ailes
Qui se perche dans l'âme
Et chante l'air sans les paroles
Et ne s'arrête jamais.

C'est la voix la plus douce dans la rafale ;
Affreux doit être l'orage
Qui pourrait déconcerter l'oiseau
Qui réchauffait tant de monde.

Je l'ai entendu au pays le plus froid
Et sur la mer la plus étrange ;
Pourtant jamais dans la détresse
Il ne m'a demandé une miette.

La voix d'abord chevrotante de Remus, dû à la timidité, devint plus assurée et raisonna comme une véritable mélodie dans les oreilles de Maxine. Le garçon aux cicatrices qui observait l'horizon, ne vit pas le regard de la jeune femme se poser sur lui. Elle comprit à quel point ce poème le reflétait, il faisait partie de sa vie, et semblait raconter son histoire ; ce secret que la rouquine essayait de découvrir.

- Il est magnifique, dit Maxine en souriant doucement à la fin de la récitation.

- Ma mère me le récitait chaque soir dans le but que je comprenne qu'il y a toujours un espoir, même pour les personnes et destins les plus sombres...

- Ce n'est pas ton cas Remus, répondit la rousse sans parvenir à comprendre les paroles de son ami.

- Il ne faut pas toujours se fier aux apparences, même les personnes les plus gentilles et sincères peuvent avoir une part de ténèbres en elle.

Remus laissa Maxine méditer quelques minutes sur ces paroles. Elle essaya de décrypter les pensées du jeune homme, mais tout en lui semblait fermé, comme si un voile s'était abattu. Ils restèrent à cet endroit jusqu'à la tombée de la nuit, puis décidèrent de rentrer afin de rejoindre la Grande Salle. Ainsi, Hagrid en revenant de la forêt interdite, aperçut des silhouettes, comme des âmes flottantes, rejoindre l'entrée de Poudlard... 

Le Cœur Des MaraudeursWhere stories live. Discover now