CXIX. Franchir le pas ?

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Un long soupir de découragement s'échappa des lèvres de Maxine, elle avait l'impression que les B.U.S.E.S allaient être une véritable catastrophe. Les révisions étaient compliquées, la jeune femme n'avait pas le cœur à réviser la défense contre les forces du mal, quant à l'arithmancie, elle se noyait littéralement dans les chiffres. La rouquine joua avec son crayon en observant la salle commune des Gryffondors. Elle vit Peter plongé dans de longs parchemins, chacun des membres du groupe s'était isolé pour une séance de révision plus efficace. Une petite idée naquit dans son esprit, elle avait besoin d'aide et l'adolescente savait parfaitement à qui demander. Rangeant donc ses affaires, elle se dirigea vers Peter :

- Je suis désolée de te déranger dans tes révisions, mais j'aimerais savoir où est Sirius ? J'ai besoin d'aide pour ma leçon de défense contre les forces du mal.

- Oh, il a réussi à nous virer du dortoir pour réviser tranquillement sur son lit, répondit le blondinet.

- Merci beaucoup Peter ! lança la jeune femme en tapotant son épaule.

- Ravi d'avoir pu t'aider Maxine.

La rouquine s'élança vers les dortoirs masculins en s'assurant de ne pas tomber sur un préfet qui pourrait la réprimander. À l'approche de la chambre des garçons, elle entendit un air de guitare s'y échapper. Le sourire aux lèvres, la jeune femme toqua timidement à la porte que la voix masculine invita à ouvrir. En découvrant Maxine, Sirius sentit son cœur se gonfler de joie, il se leva de son lit en s'adossant à l'une de ses colonnes. Il observa amuser les yeux de la jeune femme se perdre sur le tourne-disque, puis se centrer de nouveau sur lui lorsqu'il prononça son surnom :

- Max ! Que me vaut ce plaisir ?

- Je ne comprends pas totalement ma leçon sur les Kappas, je me demandais si tu voulais bien m'aider ? Sauf si tu es occupé, je comprendrais totalement...

Un sourire malicieux prit place sur le visage du membre de la famille Black, il n'était jamais trop occupé pour la jeune femme. Ce dernier lui fit signe de s'installer sur son lit et Maxine le suivit sans broncher. Elle fut étonnée de le voir dans une autre tenue que leur uniforme, le tee-shirt d'un groupe de rock moldu qu'abordait Sirius lui donnait un air plus décontracté.

- Je ne savais pas que tu appréciais réviser en compagnie de ton tourne-disque, fit remarquer la rousse.

- La musique m'aide à me concentrer, expliqua le jeune homme, j'espère que cela ne te dérange pas ?

- Pas du tout, au contraire.

- Très bien, alors commençons !

Les deux adolescents se plongèrent dans cette fameuse leçon sur le Kappa, démon hantant les eaux du Japon. Le garçon aux cheveux longs se révéla être un bon pédagogue, sans s'empêcher tout de même de ponctuer ses explications par quelques petites plaisanteries. Après un long moment, les sorciers vinrent à bout de la leçon.

- Je n'aimerais pas croiser la route d'un Kappa, déclara Maxine le tête baissée sur son carnet, cette créature-là me terrifie... Ah !

Le petit cri de la rouquine fit rire aux éclats le jeune homme après sa farce. Tellement concentrée dans ses notes, la peluche lancée par Sirius provoqua une peur bleue à la jeune femme. Retrouvant un rythme cardiaque normal, l'adolescente déclara :

- Tu vas me le payer !

- C'est ce que l'on va voir, répondit Sirius d'un ton malicieux.

Maxine commença une bataille de polochons, qui tourna en un véritable duel entre les deux sorciers. Sirius fut heureux de constater à quel point la jeune femme se prenait au jeu, redevenant une véritable enfant. Au bout de quelques minutes intenses de combat, ils se laissèrent retomber côte à côte contre la tête de lit. Malgré des respirations sifflantes, les adolescents ne pouvaient s'empêcher de rire.

- Les révisions nous sont montées à la tête, dit Sirius plaisantin.

- Je crois bien, confirma la Gyffondor.

Alors qu'ils se mirent à discuter des derniers potins du château, une musique bien connue des deux sorciers se mit à résonner dans la pièce. De nouveaux rires se mêlèrent aux paroles du chanteur.

- Comme par hasard ! s'exclama la rouquine en secouant la tête.

- Ce n'est pas de ma faute si elle est sur ce disque ! s'écria à son tour le jeune homme.

En écoutant If I can dream d'Elvis Presley, chacun des deux adolescents se remémora la première fois qu'ils l'avaient entendue. L'année était passée à une vitesse folle, ce souvenir leur faisait réaliser le chemin parcouru depuis septembre.

- Tu te rappelles la journée où nous avons écouté cette chanson ? demanda Sirius ému tout à coup.

- Bien sûr, murmura Maxine avec un doux sourire, James nous avait enfermés pour que tu me présentes tes excuses car ton égo n'acceptait pas de les faire en public. Nous avions passé une bonne après-midi...

- C'était en quelque sorte le début de tout, sous-entendit Sirius en observant la jeune femme.

Il planta ses yeux dans les siens, retrouvant cette tension ressentie au début de leur amitié, mais qu'il ne l'avait jamais vraiment quitté. Obnubilé par le visage du garçon, Maxine ne savait comment réagir, se jeter dans ses bras n'était-elle pas une tentative désespérée de son âme d'éteindre la douleur ? Mais plus les lèvres du sorcier se rapprochaient, plus la tentation devenait grande. L'envie dévorait Sirius de goûter une nouvelle fois aux lèvres de la jeune femme, mais la première fois avait été orchestrée par sa propre initiative, il souhaitait laisser Maxine franchir le pas cette fois-ci. Dans un geste tendre envers elle, le membre de la famille Black remit en place une mèche de cheveux roux derrière son oreille et put ainsi observer toute la pureté de son visage. Malgré les rougeurs qui coloraient ses joues par l'intimité du moment, il la trouva semblable à un ange. Toujours, plongée dans les yeux de Sirius, Maxine déclara timidement :

- Je devrais y aller, il faut que je me prépare pour le dîner.

La main toujours dans ses cheveux, le jeune homme la fit rejoindre sa joue pour la caresser tendrement. Ce rapprochement teintait de joie tout l'être de Sirius, son cœur battait à la même allure que celui d'un amoureux transi.

- Bien sûr, on se voit dans la Grande Salle.

La sorcière hocha la tête et quitta le lit en récupérant ses affaires. Dans un silence profond, elle accorda un dernier sourire au Gryffondor et traversa les couloirs des dortoirs pour gagner les escaliers. Son esprit divagua dans les complexités de ses sentiments ; elle aimait Remus de tout son être, mais elle se raccrochait à Sirius comme un oisillon à son nid. Maxine se détestait, elle avait l'impression de le trahir alors que c'était pourtant lui qui avait tout arrêté. En parlant de Remus, la jeune femme se retrouva justement nez-à-nez avec lui dans les escaliers des dortoirs masculins.

- Remus...

- Bonsoir Maxine, salua le garçon aux cicatrices gêné.

Puis réalisant l'endroit où se trouvait la rouquine, une grande peine envahit son cœur. Il souhaitait son bonheur, c'était pour cela que le jeune homme l'avait éloigné d'elle, mais l'accepter était beaucoup plus compliqué. Ne voulant pas lui montrer l'once de tristesse visible dans ses yeux, Remus continua sa montée jusqu'à que sa douce voix l'arrête de nouveau :

- Je... enfin... tu avances bien dans tes révisions ?

Cette question désespérée pour attirer son attention brisa le cœur du loup. Il ne savait pas ce qui s'était passé quelques minutes plus tôt dans le dortoir, mais les mots de la rousse étaient une façon de le retenir. Sirius la rendrait heureuse en la protégeant, ce qu'ils avaient justement convenu, lui ne pourrait jamais lui apporter bonheur et sécurité.

- Plutôt bien, répondit Remus après un petit silence, j'espère que toi aussi.

- Oui, souffla Maxine du bout des lèvres.

Voyant que l'adolescent ne réagissait pas à sa tentative de discussion, la jeune femme entama le chemin retour vers ses propres dortoirs en sentant son regard sur elle. Ces sentiments étaient bousculés, allait-elle bientôt commettre l'irréparable et faire voler en éclats toute l'histoire des Maraudeurs ?

Le Cœur Des MaraudeursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant