CX. Ne plus croire en nous ?

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Rien. Aucun mot n'était sorti de la bouche de Remus lors de son réveil. Pensant que la fatigue y jouait le rôle principal, Maxine avait tout de suite appelé Madame Pomfresh. Ainsi, elle attendait patiemment que l'examen se termine, tandis que Sirius était parti se reposer en prenant soin de tirer les longs rideaux blancs afin de créer un cocon relaxant. Après un petit moment, Madame Pomfresh réapparut et accorda un sourire rassurant à la jeune femme.

- Il va bien, mais il est encore épuisé par sa transformation. Un peu de compagnie lui ferait du bien.

La rouquine remercia Madame Pomfresh et s'engouffra avec courage à travers les voiles blancs qui la séparaient de son amant. Elle le découvrit redressé dans son lit, même s'il paraissait l'attendre, son mutisme ne lui offrit pas un accueil chaleureux. Ne voulant pas se contenter du fauteuil des visiteurs dans un moment si solennel, Maxine s'installa sur le lit de Remus qui malgré son humeur maussade, lui fit une place. La jeune femme sentit son cœur se serrer. Une barrière s'était installée entre eux ; celle des sentiments refoulés mais aussi des hontes dévoilées.

- Comment vas-tu ? demanda la Gryffondor apeurée mais affichant un sourire de façade.

Avec douceur, elle lui prit la main, mais le mouvement de recul du garçon ne lui permit pas d'offrir un instant de réconfort. Bien évidemment, il la détestait, sa trahison l'avait blessé. Une vive émotion submergea la jeune femme, de la tristesse mêlée à une sombre mélancolie, comme si les images de leur relation qui défilaient dans son esprit en marquaient la fin.

- Remus, je sais bien que tu me détestes, mais je t'en prie parle-moi. Tu peux même me crier dessus si tu le souhaites, mais ne restes pas muet. Ton silence est le pire de tous les maux.

Les yeux de jeune homme s'arrondirent avec étonnement face aux paroles de la jeune femme, il ne la détestait pas bien au contraire, il haïssait le monstre qu'il était. Il avait voulu la dévorer, réduire sa chair fraîche en miettes pour le festin de minuit. Remus avait craint cet instant depuis le début de leur relation, il était destiné à lui faire du mal. Son histoire avec Maxine n'était qu'un mirage et comme toute illusion, elle allait prendre fin.

- Comment peux-tu penser cela ? murmura l'adolescent. C'est à toi de me détester, regarde ton état...

Pour accompagner ses propos, la main de Remus se posa d'abord sur le bras de la jeune femme. Maxine observa avec attention le chemin que son amant suivait sur son corps. Il la frôlait délicatement, comme une poupée en chiffon précieuse, il n'osait pas la toucher. Ses doigts brûlants finirent malgré tout par se poser sur le front de la jeune femme, si ce contact brisa l'être de Remus, il réchauffa le cœur de Maxine. Aucun ne voulait bouger, sachant qu'une fois le lien rompu, la suite des événements allait être dévastateur.

- Tu n'es pas responsable de cela Remus, chuchota la rouquine en attrapant sa main pour la plonger dans la sienne, ce n'était pas toi ce soir-là.

- Maxine, tu ne comprends pas, je suis un monstre. Tu ne seras jamais en sécurité avec moi, tu as eu de la chance cette nuit-là, mais rien ne garantit que la prochaine fois...

Le jeune homme ne ponctua pas sa phrase, ne voulant point s'imaginer un tel cauchemar. La Gryffondor, encore en découverte de cette facette de la personnalité de Remus, se rendait compte du mal qui le tourmentait. Au-delà de l'enfer mensuel de sa transformation, il vivait un calvaire quotidien en se dévalorisant et détestant ; pourtant il était l'être le plus pur Maxine avait côtoyé depuis le début de sa vie. Il voyait les pires défauts en lui, elle ne lui trouvait que des perfections.

- Jamais tu ne pourras me faire de mal, je t'ai choisi pour ton cœur pur Remus. Même si le loup en toi est animé par de féroces pulsions, ce n'est pas de ta faute, je suis assez intelligente pour le comprendre.

Le mutisme de son amant étouffa soudain le cœur de la sorcière, les larmes qu'elle contenait menaçaient de rejoindre ses pommettes sèches. Cette conversation n'avait qu'une seule issue, et pourtant, elle n'était le désir d'aucun des deux adolescents.

- Je veux me battre pour nous Remus, je suis prête à affronter cette situation et les obstacles qui en découlent. Je crois en toi, en moi et en nous.

- Et pour combien de temps ? lui demanda le jeune homme en retirant enfin sa main de la sienne. Jusqu'à la prochaine pleine lune, où je t'aurais une fois de plus, fait du mal ? Tu n'as pas à te sacrifier pour ma condition en te mettant en danger.

- Pourquoi ne me laisses-tu pas t'aider ? couina la rouquine les larmes aux yeux. Ce n'est pas un sacrifice, c'est de l'amour, je t'aime Remus.

- En acceptant de m'aimer Maxine, tu ne savais pas qu'il fallait aussi accepter ma condition. Mon plus grand regret restera celui d'avoir été égoïste en gardant le secret.

Un court silence mit en suspens la conversation, elle n'allait nulle part, si ce n'était vers un déchirement de leurs sentiments. Tandis que l'adolescente se frotta les yeux en reniflant comme une enfant chagrinée par les blessures d'une chute, Remus lui, en eut le cœur brisé. Il était responsable de ses blessures, de son chagrin, de l'illusion qu'elle s'était construite autour de leur relation vouée à l'échec depuis le début.

- Laisse-moi entrer dans cette partie de toi que tu me caches, murmura Maxine, à deux nous arriverons à surmonter les obstacles, je t'en supplie.

- Tu es trop précieuse à mes yeux pour que je te laisse gâcher ta vie en voulant m'aider. Ma condition ne t'offrira qu'une vie maussade, tes réussites se transformeront en échec, ta joie sera tristesse, le calme laissera place au règne de l'angoisse.

- Alors tu ne crois plus en nous ? Tu penses réellement que nous sommes voués à une triste fin tous les deux ?

- Je ne pourrais jamais assurer ta sécurité, annonça avec déchirement Remus, alors oui, notre destin à deux ne sera jamais synonyme de paix et de bonheur.

La face de Maxine, rouge comme la colère, mais seulement animé d'une profonde tristesse, donna l'envie à Remus de la réconforter. Il se retenait cependant, le garçon aux cicatrices venait de la briser, pourtant, il était persuadé que tout était mieux ainsi. Le sorcier lui évitait le malheur de connaître une fin atroce sous ses crocs meurtriers. Comme si le temps tournait au ralenti, il vit la jeune femme quitter l'espace clos créé par les rideaux blancs, elle disparut comme le plus heureux mirage qu'il n'eut jamais connu.

- Max, l'appela Sirius face aux sanglots trop importants pour les ignorer.

Debout grâce à une chaise qu'il l'empêchait de faiblir à cause de sa blessure à la jambe, le jeune homme espérait retenir la rousse s'enfuyant de l'infirmerie. Cette dernière se retourna, le désespoir s'était emparé de tout son être.

- Je... je veux être seule ce soir, je suis désolée, murmura Maxine avec difficulté.

Plus vite que son ombre, l'adolescente partie de l'infirmerie en laissant Sirius peiné et Remus dévasté... 

Le Cœur Des MaraudeursWhere stories live. Discover now