LXII. Douce rêverie

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Sirius arriva devant la porte du dortoir des cinquièmes années. Il ne s'était jamais aventuré dans les chambres féminines, et le faire dans ces circonstances ne lui donnait pas cette humeur malicieuse qu'il aurait eue en temps normal. Il prit une inspiration et toqua, une voix étouffée lui répondit. Il entra et balaya la pièce du regard, à la recherche de son amie. Maxine était assise sur le rebord de la fenêtre et releva sa tête pour découvrir Sirius. Dans la pénombre, le garçon aux cheveux longs s'avança, la rouquine semblait sur le point de craquer, sa fragilité se dévoilait peu à peu comme une chrysalide dévoilant un papillon. Ses yeux bruns paraissaient perdus dans une brume de pensées que Sirius aurait tant voulu décrypter.

- La fête a repris, mais James est parti de la salle commune pour s'occuper d'Atticus, informa Sirius.

Maxine donna pour toute réponse, un faible hochement de tête. Le membre de la famille Black se frotta les mains, il avait peur de la blesser, mais son mal-être ne pouvait se dissiper qu'en parlant.

- Est-ce que tout va bien ? demanda alors le jeune homme d'un ton délicat.

La rousse haussa les épaules, aucun mot ne sortit de sa bouche, un nœud semblait bloquer tout ce qu'elle voulait dire. Cependant, elle réussit tout de même à exprimer ce qu'il lui pesait sur le coeur :

- Tu sais ce qu'il m'a dit ?

Sirius qui se tenait au milieu de la pièce les bras ballants, secoua la tête. Il n'osait plus parler, il fallait qu'il la laisse extérioriser sans l'interrompre.

- Tout le monde pense que je ne suis pas si innocente que cela, reprit Maxine en lâchant un petit soupir, apparemment, mes amitiés avec vous ne sont pas passées inaperçues.

- Qu'est-ce que cela peut bien leur faire ? répliqua Sirius qui eut l'envie soudaine d'étouffer Atticus. Le regard des autres ne compte pas Max, tu es la mieux placée pour le savoir. Tu es une véritable marginale depuis le début de ta scolarité, tu as toujours évolué toute seule.

Cette remarque arracha un petit sourire à la Gryffondor. Son visage baignait dans la lumière de la lune presque pleine, rendant la peau laiteuse de la jeune femme encore plus blanche. Malgré la confession que venait de faire Maxine, la tristesse envahissait toujours ses yeux.

- Max, qu'est-ce qu'il t'a fait exactement ?

Si dans la précipitation, James et Sirius avaient volé au secours de leur amie, aucun n'avait pris la peine de s'informer sur l'altercation qu'elle avait subie. Maxine leva ses pupilles vers le jeune homme, avant de quitter son coin pour rejoindre son lit à baldaquin. Assise en tailleur, ses mains se crispèrent sur sa robe en la tirant un maximum pour couvrir ses cuisses.

- Il a essayé de remonter ma robe, murmura la rouquine honteuse.

Sirius qui était adossé sur un des poteaux du lit, sentit son corps se tendre sous la colère. Il voulait descendre, rattraper Atticus et s'occuper de son cas lui-même. Cependant en voyant la détresse de Maxine, il sut que sa place était ici, auprès d'elle.

- Max...

Des larmes perlèrent sur les joues de la jeune adolescente. Elle pleurait beaucoup trop en ce moment, sa vie devenait une tornade sans qu'elle l'ait demandé. En observant le regard de Sirius, qui outre la colère, laissait apparaître la compassion, la jeune femme décida de se livrer :

- Je n'aime pas mon corps. Tout chez moi m'insupporte, de mon visage à mes jambes en passant par ma couleur de cheveux.

Ces mots prononcés dans un chuchotis, atteignirent le cœur de Sirius. Même si Remus ne lui avait jamais confié, il savait pertinemment que son ami souffrait du même complexe. Ainsi, lorsque Maxine lui fit cette confidence, Sirius vit en elle, la même détresse de son meilleur ami.

- C'est pour cela que je déteste le contact physique lorsque ce n'est pas moi qui l'initie, continua la rouquine, mais avec vous, j'ai appris à le supporter...

Le membre de la famille Black esquissa un faible sourire, leur manie de la secouer avait tant de fois braquer la jeune femme, mais personne n'avait pris la peine de se demander pourquoi. Sirius se rapprocha du lit, son amie avait la tête baissée et des petites secousses commençaient à prendre possession de ses frêles épaules.

- Je déteste mon corps, déclara Maxine avant d'éclater en sanglots.

Sans réfléchir, Sirius s'installa à son tour sur le lit, derrière la jeune femme. Il passa ses jambes de chaque côté de son corps, avant de prendre avec délicatesse l'adolescente dans ses bras. D'abord résistante, elle se laissa bercer par les bras du jeune homme. Contre son torse, elle pouvait sentir son parfum rassurant qui apaisa tout de suite son chagrin. Oubliant la colère qu'elle avait contre Sirius, la rouquine essaya de chasser l'altercation avec Atticus de sa mémoire, en se concentrant sur le réconfort que lui offrait son ami.

- Max, chuchota le Gryffondor, personne n'aime totalement son corps, personne ne le trouve parfait. Cependant, tous tes complexes pour la personne qui t'aimera réellement, seront des trésors à ses yeux. Ton corps sera le plus beau à ses yeux.

Des frissons parcoururent les membres de la jeune femme en entendant les paroles de Sirius. Dos à lui, elle ne put voir son sourire certainement réconfortant, mais le son de sa voix le fut suffisamment. La rousse aperçut une des mains du jeune homme se suspendre au-dessus de son bras, en attente de son approbation :

- Je peux ? Demanda-t-il timidement.

-Oui, murmura Maxine.

Il caressa délicatement son bras, frôlant sa peau de ses doigts chauds, avant de remonter vers sa clavicule. La jeune femme observa dans un premier temps chacun de ces faits et gestes, avant de se détendre un peu sous les tendresses de Sirius. Tout en baladant ses doigts sur les bras de Maxine, il libéra ses cheveux de sa pince. Il continua ses caresses, essayant d'apaiser le plus possible la jeune femme, qui ferma les yeux au bout d'un long instant. Sirius posa ensuite son menton sur son épaule, ses cheveux roux vinrent chatouiller sa pommette. Le jeune homme stoppa sa cajolerie en basculant contre la tête de lit. L'adolescente désormais reposée sur son ami, tomba dans un profond sommeil, car se sentant en sécurité et protégé, sa rêverie devint alors accessible. Sirius profita à son tour de cet instant, Maxine dans ses bras. Il veilla sur elle toute la nuit, pour calmer son sommeil agité, pour remplir son devoir qu'il s'était imposé. Commençant lui aussi à tomber dans les bras de Morphée, Sirius laissa Maxine seule au petit matin dans un sommeil calme et serein... 

Le Cœur Des MaraudeursWhere stories live. Discover now