Le Cœur Des Maraudeurs

LXVI. L'arroseur arrosé

Poudlard était des plus déserts en cette douce nuit de printemps. Son calme et sa zénitude auraient pu être conservés, mais c'était sans compter sur les Maraudeurs. Le château offrait les meilleures perspectives de farces, et les quatre jeunes hommes ne s'en privaient pas depuis le début de leur scolarité. Cependant, ils étaient rares de les voir en compagnie d'autres personnes pour remplir leur devoir de justiciers des blagues, mais Lily, Marlène et Mary découvraient ce soir à quoi ressemblait un mauvais coup ; tandis que Maxine priait pour ne pas réatterrir dans le bureau de Dumbledore. Alors que le petit groupe attendait patiemment derrière le mur, Sirius et Peter apparurent avec des sourires aux lèvres.

- Alors Patmol ? l'interrogea James.

- Les serpents siffleurs sont mis en place ! Atticus va être mort de trouille en les découvrant !

Le garçon à lunettes et son meilleur ami éclatèrent de rire, avant de se concentrer sur la suite du plan.

- Bien, maintenant, nous allons former des binômes, annonça James, cela permettre de réduire les chances de nous faire prendre.

Alors que naturellement, Lily se dirigea vers James, Mary fit de même avec Peter. Marlène saisit l'occasion de se mettre avec Sirius, ne laissant plus que Maxine et Remus. Les deux amis se regardèrent un sourire aux lèvres, avant de partir en direction des grandes colonnes pour mieux se cacher, sous les regards malicieux de James et Lily, mais celui décomposé de Sirius. Lorsque tous les binômes furent en place, ils attendirent leur cible qui ne devait pas tarder à rejoindre les dortoirs après son club. Alors qu'ils patientaient, Maxine murmura à l'adresse de son ami :

- J'ai hâte de voir la tête d'Atticus lorsqu'il sortira du placard à balais.

- Moi aussi, répondit Remus avec un sourire, je suis certain que Rusard sera le rassurer.

La rouquine étouffa un rire, en continuant d'observer le château désert.

- J'espère seulement que Dumbledore ne nous surprendra pas au détour d'un couloir.

- Il n'hésitera pas à nous sanctionner plus sévèrement cette fois, fit remarquer le garçon aux cicatrices.

Un silence tomba entre les deux amis. Remus tourna la tête et détailla la rouquine du regard. Sa lycanthropie l'empêchait de faire le premier pas, de déclarer à la jeune femme ce qu'il ressentait pour elle. En effet, plus le temps passait, plus ses sentiments avaient du mal à ne pas dépasser la carapace qu'il s'était imposée. Les couloirs animés par les chuchotis des binômes, reçurent ce soir-là, les brides de cet amour naissant :

- J'ai aimé ces heures de colle passées en ta compagnie Maxine. Si jamais Dumbledore nous sanctionne, j'espère qu'il nous donnera l'occasion d'être de nouveau ensemble.

Tandis que les joues du garçon s'enflammèrent, le coeur de la rousse lui, s'accéléra. La tête baissée, Remus sentit la jeune femme s'approcher de lui. Ses yeux verts croisèrent alors ceux de Maxine dont l'obscurité accentuait son air mystérieux. De nouveau, leurs lèvres furent à quelques centimètres, mais maudit par le destin, un chuchotis les stoppa :

- Les amoureux, Atticus arrive...

Les deux amis se détachèrent confus, avant de constater que de leur cachette, James et Lily pouvaient les observer. Avec leurs larges sourires malicieux, le garçon à lunettes et la belle rousse pointèrent le couloir du doigt. En effet, Atticus venait de faire son entrée, il affichait un air serein et satisfait qui allait vite être interrompu. Il avançait d'un pas assuré et longeait le grand couloir, se rapprochant de plus en plus du placard à balais. Les yeux des farceurs se braquèrent sur le blond lorsqu'il arriva au niveau du piège. Sirius pointa sa baguette et d'un cri, propulsa Atticus dans le placard :

- Expulso !

Alors que le jeune garçon n'eut pas le temps de comprendre ce qui lui arrivait, le membre de la famille Black effectua un nouveau sortilège pour le bloquer à l'intérieur du placard. Maxine et Remus tournèrent la tête vers James qui fit un décompte avec ses doigts. Puis, les cris d'Atticus résonnèrent dans le petit placard, il semblait avoir la peur de sa vie. La rouquine étouffa un rire en s'exclamant :

- Quel abruti !

Remus secoua la tête avec un sourire aux lèvres face à l'humeur satisfaite de Maxine. Soudain, des pas précipités résonnèrent dans le couloir. Sirius sortit de sa cachette, suivi de Marlène, et dit doucement :

- Je déverrouille la porte, vous courrez jusqu'à la salle commune dans des directions différentes.

Les garçons hochèrent la tête sachant quoi faire, et le jeune homme aux cheveux longs pointa sa baguette avant d'ouvrir la porte. Tout le monde prit la poudre d'escampette, ou plutôt de cheminette, tandis qu'Atticus sortit du placard en hurlant. De nombreuses petites foulées résonnèrent dans Poudlard, brisant ainsi sa tranquillité, accentué quelques secondes après par les cris de Rusard. Les binômes groupés se séparèrent aux croisements des escaliers mouvants. Maxine, toujours avec Remus, prit un escalier qui la mena dans un long couloir. La jeune fille courait rapidement, au désarroi du garçon aux cicatrices qui avait du mal à tenir le rythme. Cela lui rappela leur course poursuite en début d'année, aucun des garçons n'avait pu la rattraper, la rouquine avait décampé aussi vite que son ombre. Ils ralentirent le pas, avant de se mettre tranquillement à marcher dans les couloirs calmes et silencieux.

- Je suis sûr que Rusard doit prendre un malin plaisir à emmener Atticus dans le bureau de Dumbledore, murmura Maxine amusée.

- Certainement, répondit son ami, c'est la première fois qu'il met la main sur un élève en pleine nuit.

Les deux adolescents rirent dans la plus grande discrétion, puis, Remus prit timidement la main de Maxine en la dirigeant vers un passage secret. Dissimulé derrière un grand tableau, le garçon tapota simplement sa baguette sur le soleil qu'il représentait et le chemin s'ouvrit à eux.

- Tu m'étonneras toujours avec tes passages secrets, chuchota Maxine.

Le jeune homme sourit et s'y aventura main dans la main avec la jeune femme. La chaleur qu'il dégageait provoqua un sentiment de bien-être à Maxine qui aurait souhaité à ce moment-là, se réfugier dans ses bras. Cependant ne voulant pas froisser la timidité de Remus, ni même tester le clivage de son cœur, la jeune fille n'en fit rien et se contenta de profiter du simple contact de sa main. C'est ainsi qu'ils rejoignirent la salle commune, mais leurs doigts emmêlés se séparèrent avant de gravir l'escalier. Tout le petit groupe était déjà réuni autour du feu et attendait l'arrivée des retardataires. Les deux amis rejoignirent leurs camarades, malgré les regards lourds de sous-entendu de Lily et James. Sirius se serra pour laisser une place à Maxine près de lui. Face à ses yeux de chien battu, la rouquine n'eut pas le cœur à refuser et s'installa à ses côtés, au plus grand désarroi de Marlène qui pensait l'avoir pour elle toute seule. James qui trônait fièrement sur son fauteuil, claqua dans ses mains avant de les frotter, un air assouvi sur le visage.

- La tête d'Atticus était iconique, déclara-t-il, dommage qu'un appareil photo moldu n'était pas à notre portée, sinon je n'aurais pas hésité à immortaliser ce moment !

Lily secoua la tête face aux idées les plus farfelues de James, elle avait parfois l'impression que son cerveau était une machine d'idées qui ne s'arrêtait jamais.

- Je suis certain qu'après ce mauvais coup, ajouta Sirius, Atticus n'oserait même plus croiser notre regard. Cet idiot nous pense forcément coupables.

Alors que tout le monde regardait désormais le feu crépiter, Remus perdu dans sa contemplation, murmura doucement :

- L'arroseur arrosé...

- Qu'est-ce que tu dis Lunard ? l'interrogea James perdu par ses expressions moldus.

- L'arroseur arrosé, répéta Maxine avant son ami, cela signifie qu'Atticus a été pris dans son propre piège.

Le garçon à lunettes hocha vivement la tête, en accord avec ce que venait de dire la jeune femme, avant de conclure cette soirée riche en amusement :

- Sur ces derniers mots fantasques, je vous propose d'aller vous coucher...

Chacun hocha la tête, bercée par la fatigue, et le groupe se dirigea vers les dortoirs pour une bonne nuit de sommeil reposante...