XCVII. Tourbillon de doute

65 6 7
                                    

Les petits pas claquants de Maxine résonnaient dans les couloirs qui devenaient de plus en plus silencieux. Lorsqu'elle avait pénétré dans le Grand Hall, les chants de victoire n'avaient cessé d'agresser ses oreilles, car la plupart des élèves chantaient malheureusement faux. La sorcière regagna enfin le lieu le plus calme de tout le château, Madame Pomfresh insistait toujours pour que ses convalescents soient dans les meilleures conditions possibles pour guérir mieux et plus vite. Maxine tomba justement nez à nez avec l'infirmière qui sortait du grand dortoir des malades pour regagner sa réserve.

- Miss Carlson, que faites-vous ici ? Êtes-vous blessé vous aussi, les supporteurs sont les pires...

- Non du tout, à vrai dire, commença-t-elle, je voulais tenir compagnie à Regulus, je ne sais s'il est en état de me voir.

- Oh, bien sûr que si ! s'exclama Madame Pomfresh heureuse. Suivez-moi, je vais vous conduire à son lit. Le pauvre petit s'est encore fracturé la jambe, une potion et il sera sur de nouveau sur pied, mais elle restera tout de même très fragile.

L'infirmière fit entrer la rouquine dans la grande salle inondée de monde. Certains qui n'avaient pas fermé les rideaux étaient visibles, tous des supporteurs qui s'étaient battus ou pris toutes sortes de fantaisies sur le visage. Madame Pomfresh indiqua les rideaux blancs isolés au coin de la pièce et fut interpellée par les douleurs d'un élève. Maxine se retrouva donc seule, face à l'espace où se cachait Regulus. La jeune femme écarta doucement les rideaux et découvrit le Serpentard, un voile sombre recouvrait son visage, mais la déception avait pris possession de tout son corps. Pourtant en apercevant la rouquine, ses yeux s'illuminèrent faisant disparaître le soupçon de tristesse dans ses pupilles claires :

- Carlson, quelle surprise !

La Gryffondor tira une chaise et s'installa sous le sourire railleur habituel de son binôme. Il ne pouvait s'empêcher de faire preuve de son sarcasme habituel.

- Tu es venue me narguer pour la victoire de votre maison.

- Tu sais très bien que je n'en ai rien à faire du Quidditch, répondit Maxine en levant les yeux au ciel.

- Alors tu es venue chercher réconfort auprès du deuxième frère Black sachant que le premier ne te parle plus.

La Gryffondor soupira, elle ne savait pas pourquoi elle avait tenu à rendre visite à Regulus. Peut-être parce qu'elle voulait s'excuser du geste de Sirius, même si elle n'avait rien à voir avec cela. En tout cas, Maxine avait menti au petit groupe, consciente que leur dire la vérité aurait aggravé les choses. Remus aurait été jaloux et Sirius encore plus en colère qu'il ne l'était déjà.

- Je suis simplement venue m'assurer que ta chute ne t'avait pas cassé tous les os, en bonne camarade de classe que je suis.

La sorcière crut voir les pupilles de Regulus s'illuminer, il est vrai que personne n'était à son chevet malgré sa chute, pas un de ses coéquipiers ou de ses amis. Cependant, le jeune homme reprit son air hautain avant de déclarer :

- Je suis solide, je ne sais pas quels sont les projets de mon frère, mais je le soupçonne de vouloir me réduire en poudre de cheminette.

Maxine esquissa un léger sourire, ponctué d'un petit rire cristallin qui égayait la pièce couverte de lamentations et cris de douleur.

- Sirius voulait donner la victoire à son équipe, et tu représentais une menace. Tu es son frère, il ne veut pas ta destruction.

- Tu portes un peu trop d'espoir en sa personne, Carlson.

Un silence entre les deux camarades de Potions retomba. Même s'ils n'avaient jamais eu une amitié proche, la tension qu'avait causée leur dernière discussion était palpable. Et Regulus qui en était la cause, ne se priva pas de la remettre sur le tapis une nouvelle fois :

- Je pensais que tu serais en train de préparer la fête de ce soir avec toute ta maison et Lupin...

- Il y avait bien assez de monde pour les préparatifs, expliqua Maxine sans relever la mention de Remus, j'ai pu y échapper.

Le regard de la rouquine croisa celui du jeune homme. Leurs pupilles brunes exprimaient des sentiments différents, mais se rejoignaient pour former une seule et même requête. Si l'excitation et la sournoiserie animaient les yeux de Regulus, ceux de la jeune femme étaient habités par la curiosité et la recherche de la vérité. Ne détourant pas le regard, le benjamin de la famille Black plongea une nouvelle fois Maxine dans un tourbillon de doute :

- Je suis étonné, j'avais parié que tu irais voir Severus, pourtant il ne m'a pas parlé d'une quelconque discussion avec toi.

- Je n'ai pas besoin d'aller discuter avec lui.

- Pourtant ton regard en dit tout le contraire, Carlson, tu brûles d'envie de connaître toute la vérité.

Regulus ponctua sa phrase par un petit rire diabolique, se retrouver en maître de la situation lui plaisait, il appréciait Maxine, mais elle était beaucoup trop naïve au sujet de Lupin et sa bande d'amis. Son intelligence, pourtant impressionnante, était comme dissolue lorsqu'il fallait envisagé de découvrir le mystère de son amant.

- Pourquoi veux-tu m'envoyer chercher la réponse à mes questions auprès de Severus ? demanda Maxine. Je suis persuadée que tu l'as connaît, mais tu préfères me laisser me ridiculiser auprès de Rogue.

Le Serpentard observa la mine renfrognée de la rouquine, elle semblait détester cette situation, mais surtout en souffrir. Un sourire mesquin se traça alors sur le visage du jeune homme :

-Ne me dis pas que Lupin t'a repoussé ?

Les joues de Maxine s'empourprèrent, encore une fois, Regulus avait réussi à lire en elle ses émotions comme dans un livre ouvert. Il avait le contrôle sur tout, cela lui donnait envie de quitter l'infirmerie aussi vite qu'elle y avait été, mais sa curiosité trop grande l'encrait dans cette chaise face à son camarade.

- Réponds à ma question, murmura Maxine agacée.

- Severus est le mieux placé pour t'expliquer ce qu'il a vu ce fameux soir, je n'y étais pas, mais tout ce qu'il m'a raconté n'a fait que confirmer les soupçons que j'avais déjà.

La rouquine secoua la tête, elle détestait parfois le comportement de Regulus. Elle se leva en ravalant les larmes qui menaçaient d'inonder son visage a tout instant, la jeune femme se détestait également de douter tant de Remus ; son devoir était de lui faire confiance, au lieu de cela, elle cherchait des réponses ailleurs.

- Carlson... dit Regulus en remarquant la rousse renfiler sa cape afin de quitter l'infirmerie.

Cette dernière ne lui accorda aucun regard et s'apprêta à disparaître dans les voiles blancs qui constituaient l'espace intime du jeune homme dans cette grande salle de repos collectif.

- Tu te ridiculises en te voilant la face, ajouta le Serpentard, tu as tous les indices devant toi, la réponse à tes questions est évidente. Je pense que tu es assez intelligente pour la comprendre sans l'aide de Severus.

Maxine jeta un ultime regard vers Regulus, comme pour lui signifier sa victoire. Les doutes avaient inondé les pensées de la jeune femme, puisqu'en quittant l'infirmerie, elle ne peut s'empêcher d'établir tout un tas d'hypothèses concernant Remus qu'elle s'apprêtait à rejoindre. 

Le Cœur Des MaraudeursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant