Le Cœur Des Maraudeurs

CXI. Nouvel espoir

Maxine triturait sa nourriture, même son plat favori n'aurait eu aucune saveur. Le chocolat était la solution à son chagrin, seulement il lui rappelait beaucoup trop Remus. La jeune femme l'avait laissé respirer, elle n'était pas allée lui rendre visite le lendemain et attendait patiemment une initiative de sa part. Elle voulait se battre pour eux, ils étaient faits pour être ensemble, mais la bataille pouvait-elle commencer sans la participation de son partenaire ? Seule avec des espoirs plein la tête, la rouquine avait l'impression de porter à bout de bras cette situation. Remus était si fermé qu'il ressemblait à l'une de ses pièces sous haute protection à la banque Gringotts, où un gobelin défendait corps et âme son trésor ; dans son cas, c'était sa condition qui faisait obstacle à leur couple. Maxine écrasait son riz en imaginant pouvoir terrasser l'angoisse et les doutes de son amant, pourtant, elle était juste impuissante et spectatrice de la fin de leur histoire. Les bruits de la table étaient devenus de simples bourdonnements, la conversation de Peter et Mary ne l'intéressait guère, tandis que les potins de Lily et Marlène n'arrivaient pas à la divertir. Cependant, en remarquant de loin le visage livide de son amie et la tristesse maîtresse de ses traits, James décida d'apporter la bonne humeur à cette table trop maussade de la Grande Salle :

- Regardez qui je vous ramène ! s'exclama-t-il tout joyeux.

Maxine leva le nez de son assiette et vit que Sirius était sorti de l'infirmerie. Encore faible, ce dernier s'appuyait sur une béquille qui semblait avoir vécu plus d'aventures que le jeune homme lui-même.

- Voilà un survivant ! s'écria à son tour Marlène les yeux doux.

Elle lui fit une place sur le banc, que le jeune homme ne put malheureusement décliner, mais à sa plus grande joie, il se trouvait en face de Maxine. Son cœur se serra pourtant en constatant l'état de la rousse, la souffrance dictait le moindre de ses mouvements. Il regrettait de ne pas l'avoir rattrapé après son départ précipité de l'infirmerie.

- Tu as toujours mal à la jambe ? demanda d'une petite voix cette dernière.

- Oui à cause des potions de Madame Pomfresh, expliqua Sirius, elles tirent ma peau pour la cicatriser, c'est douloureux, mais d'ici deux jours, j'aurais une jambe toute neuve !

La jeune femme hocha la tête, elle n'avait causé que des malheurs en découvrant ce secret, mais certains problèmes se réglaient peu à peu. Toutefois, celui le plus important restait sans solution évidente.

- Au moins, déclara Marlène en voulant servir Sirius, tu retiendras la leçon. Quelle idée de vouloir escalader le Saule Cogneur !

Le membre de la famille Black rattrapa rapidement son assiette des mains de la blonde et lui répondit sur un ton paternel, presque moralisateur :

- Chaque idée à sa justification et puis, j'ai mal à la jambe, non aux mains, je peux me servir seul.

Marlène rechigna et entama une conversation avec Mary afin de ne pas montrer que cette énième remarque l'avait vexée. Les deux filles demeuraient être les seules du groupe à ignorer le secret de Remus, il avait été préférable d'avertir le moins de monde possible, alors le talent assez médiocre pour les mensonges de James et Peter avait été mobilisé. Toutefois, cette histoire de Saule Cogneur se révélait être un succès puisqu'elle n'éveillait aucun soupçon.

- Tu es aussi resplendissante que le soleil Lily-jolie ! s'exclama James en prenant place à ses côtés.

Il lui plaqua un baiser sur la joue que Maxine reçut comme une claque en plein visage. Le débordement d'amour l'opprimait ; les souvenirs de ses baisers ou gestes tendres avec Remus étaient devenus des rêves lointains, ces rêves qui une fois vécue ne laissaient guère de place aux détails les plus futiles.

- Max... l'appela Sirius en voyant la rousse se perdre dans ses tristes pensées.

Devenue une cuve, la tête de la Gryffondor ressassait le scénario en boucle. Le secret de Remus aurait fini par être découvert, et dans toutes les situations possibles et imaginables, l'issue était la même. Leur histoire se destinait à l'échec, pourtant pour Maxine, cette vision n'était celle que du garçon aux cicatrices. Il était lâche, elle le détestait pour cela, mais elle se haïssait d'avoir fait voler en éclats le bonheur qu'ils avaient vécus ensemble à cause de sa curiosité déplacée.

- Maxou !

Sortant de sa transe de pensées sombres, les yeux de la concernée s'arrondirent. Cela faisait plusieurs mois que Sirius ne l'avait pas appelé ainsi. Si le membre de la famille Black fut heureux d'attirer l'attention de son amie, sa joie redoubla au rire léger qui s'échappa de sa gorge. Le reste de la table accompagna ce moment enfantin par leurs rires.

- Heureusement que le temps a fait son travail, déclara James tout aussi joyeux de voir son amie sourire, si nous étions en septembre, je crois sérieusement que tu aurais fini en cochon grassouillet Sirius !

Les rires s'accentuèrent et la joie embarqua quelques instants les adolescents qui n'avaient connu que l'inquiétude et la peur ces derniers jours. Maxine eut la sensation d'un cœur plus léger, même le regard insistant de Regulus qui cherchait à croiser le sien n'arriva pas à rompre ce moment de rigolade. La réalité revint tout de même récupérer sa place, en particulier lorsque une fois les conversations reprises autour de la table, Sirius prévint la sorcière :

- Remus devrait lui aussi quitter l'infirmerie ce soir, je me suis dit que cela t'intéresserait.

Les yeux brillants, Maxine observa son ami. L'incitait-il à aller voir Remus, ou au contraire, n'était-ce pas un moyen de la retenir ? Dans tous les cas, l'adolescente était perdue, elle ne savait que faire de cette information. Si la force et le courage prenaient le dessus, peut-être irait-elle tenter de convaincre une nouvelle fois son amant de se battre pour eux ?

- Merci beaucoup, murmura la rouquine.

Sirius ne put s'empêcher d'avoir un pincement au cœur, il avait l'impression que l'espoir avait envahi de nouveau l'être de la jeune femme. Mais cette conversation, qui, il le savait, allait tourner au désastre, détruirait une fois de plus Maxine. La joie céda alors sa place au doute. Dans un moment de suspension, Sirius se demanda s'ils avaient fait le bon choix ? La culpabilité n'eut pas le temps d'entrer en scène que la Grande Salle et sa cacophonie le ramena à la réalité, près de Maxine et de ses amis...