CIX. Un mal de chien

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Si la jeune femme avait quitté dès le soir même son lit de convalescence, elle ne délogea pas l'infirmerie pour autant. Les deux dernières journées de son existence étaient rythmées par des allers-retours entre Sirius et Remus. Si son devoir d'amante la clouait dans le fauteuil près de son bien-aimé, elle ne pouvait s'empêcher de veiller sur Sirius, il lui avait sauvé la vie, elle lui en était reconnaissante. Madame Pomfresh n'avait pas contre-indiqué la veillée de Maxine au chevet des malades, elle souhaitait juste que l'adolescente reste à ses côtés la journée en surveillance, son hématome à la tête ne s'étant pas totalement résorbé. Ainsi, la rouquine passa une troisième journée en compagnie des blessés et s'assoupit en milieu d'après-midi tout près du lit de Sirius. L'air doux du printemps qui s'introduisait dans l'infirmerie par la fenêtre ouverte agitait les quelques mèches rousses de la jeune femme s'échappant de sa pince, quant au soleil, il venait épouser son visage par le halo lumineux qu'il dégageait. Dans son sommeil paisible, mais léger, Maxine sentit de l'agitation à ses côtés. En ouvrant les yeux, elle vit les jambes de Sirius émettre de petites secousses, il était en train de se réveiller lui aussi. Prise par l'euphorie et sans réfléchir, la jeune femme bondit de son fauteuil et attrapa la main de son ami afin de l'accueillir dans la réalité. Ce dernier après quelques longues secondes de lutte, ouvrit les yeux et vit une belle surprise. Malgré la douleur encore présente, il sourit de tout son être face à Maxine :

- J'aimerais que mes réveils soient tous les mêmes.

Face à cette plaisanterie, la rouquine leva les yeux au ciel et lui assena une petite tape sur l'épaule :

- Tu es bête !

- Aïe, tu frappes un blessé Max, tu devrais avoir honte. J'ai une douleur atroce à cette épaule !

Ne pouvant pas se retenir, la jeune femme éclata de rire, il était très mauvais à la comédie :

- Ta fracture est à l'épaule droite, je viens de te frapper la gauche.

Le membre de la famille Black rit à son tour face à sa tentative ratée et observa la main de la rouquine emmêlée à la sienne. Ce contact simple et doux réchauffait son cœur meurtri par l'amour et soulagea ses blessures. Cependant, il n'y attarda pas son regard de peur que la jeune femme ne rompt ce contact. Heureusement pour lui, elle était tellement soulagée de le retrouver qu'elle n'y prêta pas la moindre attention.

- Je suis sincèrement désolée Sirius, commença la rouquine, si tu savais comme je m'en veux. Je me suis mise en danger et par ma faute, vous vous êtes battus, je suis idiote.

- Calme-toi, répondit le garçon aux cheveux longs, je ne t'en veux pas, la curiosité est un vilain défaut et nous l'avons tous. Je me demande juste comment as-tu pu deviner tout cela ?

- C'est là que tu risques de m'en vouloir justement, soupira Maxine.

Cette dernière se mit alors à raconter tous ses échanges avec son frère, en passant par la discussion avec Rogue dans les cachots humides du château. Le visage de Sirius ne traduisait aucune émotion, il était de marbre face à ce récit dont il tenait pour seul responsable son frère. Il avait poussé Maxine dans la gueule du loup, cet abruti n'avait ni pensé à la jeune femme, ni à Remus en cas d'accident grave. À la fin de son histoire, les yeux bruns de la rouquine croisèrent ceux de Sirius, dans l'espoir d'une réaction de sa part.

- Je pense inonder sa chambre lors des prochaines vacances chez mes parents, déclara Sirius en pleine réflexion.

- Sirius... murmura la jeune femme.

- Peut-être que James aura une meilleure idée. Il est doué pour les farces qui concernent les Serpentards...

- Je ne veux pas que tu en veuilles à ton frère, répliqua Maxine, j'aurais dû aller parler à Remus au lieu de l'écouter, j'ai ma part de responsabilité également !

L'air de culpabilité qui s'était emparé de la jeune femme brisa le cœur du poursuiveur de Quidditch. Il se doutait qu'elle s'en voulait, mais il ne s'imaginait pas l'angoisse qui devait torturer ses nuits en attendant le réveil de Remus. Sirius resserra le contact avec la petite main de la rousse et plongea ses yeux rassurants dans les siens inquiets.

- Ne te tortures pas avec cela Max, s'il te plaît. Ce secret allait finir par se dévoiler, en allant parler avec Rogue ou non, il ne s'est juste pas révélé de la meilleure façon. Je le savais depuis le début, tu es beaucoup trop intelligente pour croire à tous les mensonges que nous t'avions imposés.

- Vous êtes meilleurs farceurs que menteurs, répondit-elle la tête toujours baissée.

Un silence interrompit leur conversation, il savait ce qui lui pesait le plus sur le cœur et l'invita par un doux sourire à se confier malgré la douleur qu'il ressentait constamment lorsqu'elle parlait de lui.

- J'ai tellement peur de la réaction de Remus, il va me détester, j'en suis certaine.

- Nous serons là pour le raisonner cette fois, lui assura Sirius, nous y arriverons et si jamais votre dispute est trop angoissante, je suis là pour que tu puisses te confier ou juste extérioriser.

Le meilleur remerciement que lui offrit Maxine fut son sourire qu'il chérissait temps et ses yeux qui émanaient la plus forte sincérité possible. Sachant que ce sujet était lourd, la sorcière se concentra sur l'état de son ami :

- Comment te sens-tu réellement ? Tes blessures ne te font pas trop souffrir ?

- J'ai un mal de chien à la jambe, plaisanta le garçon avec son jeu de mots, mais le sommeil m'a permis de bien récupérer. Avec des potions et encore du repos, je serais rétabli d'ici quelques jours.

- Tu pourras reprendre tes intenses révisions pour les examens, claironna Maxine ironiquement.

L'adolescent secoua la tête, il avait opté pour le déni, ses révisions se feraient les deux derniers jours sous la pression naissante. Alors que son esprit était occupé aux examens de fin d'année, ses bras n'eurent pas le temps d'accueillir le corps tremblotant de Maxine. Les deux mains accrochées à son cou, il put s'enivrer de l'odeur de la jeune femme par la proximité qu'elle avait créée. Dans un murmure étouffé, elle expliqua son geste qui était celui de la reconnaissance :

- Merci de m'avoir sauvé la vie, je ne sais pas comment j'aurais fait sans toi.

La rouquine se détacha, les joues rougies par ce qu'elle venait de faire, tandis que Sirius essayait de réguler la température de son corps. Une chaleur ardente avait envie son être, même si elle était inaccessible, il l'aimait comme un trésor qu'il lui avait été arraché. Alors que les deux amis, par l'instant du moment, n'avaient pas entendu l'agitation qui régnait, Sirius vit son ami le fixer depuis son lit en face.

- Remus, murmura le garçon aux cheveux longs.

La jeune femme se retourna précipitamment vers son amant, ce dernier semblait meurtri par la fatigue et la culpabilité qui comme la rousse, régnait en maître sur son cœur. Lâchant la main du membre de la famille Black, Maxine se précipita vers Remus sans savoir ce qu'il l'attendait...

Le Cœur Des MaraudeursWhere stories live. Discover now