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Je mets mon armure devant mon miroir, je sors de ma chambre et traverse les couloirs jusqu'à ma cour. Je salue ma soeur, mon cousin, mes neveux, mes enfants et Esmahan.

Je m'arrête devant mes soldats inclinés dans la cour, je les regarde un par un.

Un homme court vers moi. Mes gardes l'arrêtent. Je leur demande de le lâcher.

- Mon Sultan ! Vous devez agir vite ! Me dit-il.

- Que se passe-t-il ? Lui demandais-je.

- Ils se sont réunis dans cette maison là-bas, ils veulent vous détrôner. Dit-il.

Je fronce les sourcils et vais vers cette maison, je me cache derrière les murs avec mes gardes, je vois des hommes regroupés. Je sors mon épée et les attaque par surprise. J'attrape un et le force à parler.

- Nous sommes les hommes loyaux au Shah Kazem. Nous allons le venger ! Une horde d'hommes arrive ici. Ils sont déjà en route. Ils vous tueront. Nous placeront notre nouveau chef à la tête de cet empire ! Me dit-il.

Et d'un mouvement, je lui tranche la gorge et sort.

Je fais un signe à mes hommes qui avancent. J'avance avec mon cheval au milieu de tous mes hommes. Je passe par la ville où la foule s'est regroupée en criant "longue vie au Sultan Rehan".

- Mon Sultan, les chiites se sont alliés aux Européens contre nous. Ils ont commencés à massacrer les musulmans d'Europe. Certains d'entre eux se sont enfuis en Turquie, d'autres aux Pays du Maghreb. Ils se sont enfuis dans notre territoire. M'explique-t-il.

On sort enfin de la ville sous les regards de la foule. Une fois dans la forêt, je commence à galoper plus vite avec mon cheval. J'irais d'abord à Alep puis j'irais en Europe sauver mes frères et soeurs.

ANASTASIA

Je mets ma capuche pour que personne ne me reconnaisse et cache mon visage. Les gens commencent à crier, je comprends que Rehan est là. Je regarde autour et vois un homme derrière un arbre.

- Rehan... chuchotais-je.

Rehan arrive en cheval et l'homme sort une flèche. Il va tirer. Je cris le nom de Rehan et cours vers lui. La flèche quitte l'arc, je pousse Rehan qui tombe de son cheval et je prends la flèche dans le bras.

Je grimace mais me relève rapidement et m'enfuis. Je ne veux pas qu'il sache qui je suis. Je cours mais très vite, je sens que quelqu'un court derrière moi. Je me retourne et vois Rehan. Il m'appelle mais je ne réponds pas. Je continue à courir en tenant mon bras.

Comment va-t-il comprendre que la personne qui vient de lui sauver la vie est la même que celle qu'il a exilé et qu'elle est la femme qu'il déteste ? Il va sûrement se dire que j'ai tout fait, que j'ai tout préparée pour revenir au palais.

Je cours mais il finit par me rattraper. Il me retourne vers lui. Je ferme les yeux, ne laissant rien paraître.

- Qui es-tu ? Pourquoi t'enfuis-tu ? Me demande-t-il.

Je ne réponds pas et baisse la tête, il enlève ma capuche puis découvre mon visage. Il reste figé quelques secondes.

- Anastasia ? Chuchote-t-il.

Je hoche la tête sans la relever.

- Mais... pourquoi ? Tu m'as sauvé la vie... me dit-il.

Il détourne son regard puis me regarde une nouvelle fois.

- Tu as tout organisée, n'est-ce pas ? Tu ne l'as pas fais juste pour me sauver la vie mais pour revenir au palais... pas vrai ? Chuchote-t-il en me regardant.

Il me tourne le dos et s'en va.

- Tu ne comprends donc pas ? Je t'aime, Rehan ! Pourquoi tu me fais souffrir comme ça ? Tu m'as exilé loin de toi et loin de mon fils ! Je peux mourir ici, personne ne s'en rendrait compte ! Tu te bases sur des paroles d'une femme qui ne m'aime pas... ma parole ne vaut vraiment rien pour toi ? Rehan ! Criais-je en pleurant.

Il s'arrête mais ne se retourne pas.

- Je t'ai sauvé mais j'allais mourir à ta place, qu'est-ce que tu veux que je prouves de plus pour que tu m'écoutes ? Lui demandais-je en larmes, tu veux que je reste ton esclave jusqu'à la fin de mes jours, je suis d'accord ! Mais ne fais pas esclave de mes peines ! Je t'en supplie, Rehan... tue moi mais ne me laisse pas.

Après mes dernières paroles, il s'en va sans se retourner. Je reste quelques secondes puis je retourne au palais. Je rentre dans ma chambre puis appele mes servantes.

- Ramenez moi absolument tous les livres que vous avez sur l'Islam ! Leur ordonnais-je.

Elle hochent la tête puis s'en vont. Rehan, il n'y a qu'une seule parole qui te fera changer d'avis. Une seule parole.

REHAN

Je m'en vais. Ce qu'elle m'a dit m'a touché mais quelque chose en moi me dit de ne me la croire. Et je ne vais pas la croire. Je remonte sur mon cheval et m'en vais, encore sonné depuis tout à l'heure.

...

Deux semaines viennent de passer. Je viens d'arriver en Italie, à Rome. Là où a commencé le massacre de mes frères, royaume allié à l'ancienne dynastie perse. J'attends mon ambassadeur, je l'ai envoyée au palais royal pour donner deux choix au Roi : laisser nos frères et faire un pacte de paix entre nous ou bien, nous serons sans merci.

Je regarde de loin le palais et j'imagine Anastasia jouer étant petite dans ces beaux jardins. C'est ici qu'elle a grandit. J'aimerais tellement rentrer à l'intérieur et demander la vérité. Est-ce que la mère et la fille ont fait une alliance ? Ou la fille a-t-elle réellement trahis sa mère pour l'honneur et sa vie ?

Tout s'embrouille dans ma tête mais je chasse ses pensées. Ce n'est pas le moment. Je continue à regarder ce palais, attendant une nouvelle. Personne n'y rentre et personne n'y sort.

J'attends encore un peu jusqu'à voir des gardes s'approcher de moi avec une grande boîte. Ça ne présage rien de bon. Ils posent la boîte au sol et parlent en Italien.

- Ils disent "nous refusons votre offre, en échange nous avons un cadeau." Me traduit un de mes hommes.

Un de mes hommes se baissent et ouvrent lentement la boîte. Il s'écarte avec les mains pleines de sang. Je lève la tête et regarde avec colère la tête tranchée de mon ambassadeur.

Une Dernière VieWhere stories live. Discover now