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Le cercueil de ma soeur est amené. Je le prends et le porte sur mon épaule avec l'aide d'autres hommes. Je marche avec le regard vide.

Je m'appelle Irem. Sultana Irem. J'ai grandis dans le ventre de ma mère et je suis née alors qu'elle était exilée. Je me rappelle de ses bras qui m'entouraient. Sa voix qui me berçait...

On arrive au cimetière où ma famille est enterrée. Après ma tante Hind, mon oncle Yûsuf, ma petite soeur Nour, mes cousines Syhem et Hafsa et mon père, c'est le tour de ma soeur... Irem.

Irem, celle qui avait la joie de vivre, celle qui a vécu la mort de sa tante Hind et de son oncle Yûsuf alors qu'elle n'était qu'une enfant. Celle qui a vu ses cousines mourir sans pouvoir rien faire, celle qui a vu son père mourir, sans le prendre dans ses bras...

On pose le corps au sol puis chaque hommes s'alignent. On commence à faire la prière mortuaire.

Irem, c'était mon nom. Mais quel est l'importance aujourd'hui ? Plus tard, on se rappellera de moi comme la Sultane qui est morte le jour de son mariage, la Sultane qui n'a vécu que dix-sept ans. Mais c'était mon destin...

Les hommes descendent son corps dans la tombe, je m'agenouille et la regarde une dernière fois... mes larmes tombant sur son beau visage.

Je ne voulais pas que ça se passe comme ça et je ne voulais pas que ma mère soit triste à chaque fois qu'elle me regarde, voilà pourquoi je lui ai caché. Ce qui m'attriste, c'est qu'elle n'a même pas encore fais le deuil de son mari qu'elle va devoir faire le deuil de sa fille.

Les hommes font ce qu'ils ont à faire. Tout le monde s'en va. Il ne reste plus que moi. Je m'assois à même le sol, devant la tombe.

- Ma belle petite soeur, comment vais-je faire sans toi ? Je voulais te voir heureuse mais peut-être que ton réel bonheur était avec ton Seigneur ? Chuchotais-je, petite soeur, j'ai perdu aujourd'hui ma moitié. Je ne sais pas si je vais m'en remettre un jour, sûrement jamais. Qu'Allah te fasse miséricorde...

Ô mon frère... mon coeur est apaisé, désormais. Je sais je vais. Je ne serais pas en terre inconnue, je serais auprès de Celui qui m'a créé. Je serais en sécurité.

REHAM

Je m'assois tristement dans ma chambre. Je n'ai plus goût à rien. Je n'ai plus envie de vivre... vivre pour moi est devenue pire qu'une souffrance. J'ai perdue ma fille.

Ma très chère mère, je t'ai toujours admirée. En un mot, tu réduisais le monde au silence. À vrai dire, je savais que je ne serais jamais comme toi. Tu n'es comme personne sur Terre. Tu t'es créée ton conte à toi. Ton histoire.

Une Dernière VieWaar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu