156.

67 12 1
                                    

Deux ans sont passés. Nous sommes tous dans le palais de Imran. Les enfants jouent dans le jardin, sa fille Esra est en train d'accoucher. Sa fille Nihan et son fils Shaheen sont en train de pleurer.

- Neyla... chuchote-t-il.

Neyla est en train de mourir sous nos yeux. Les larmes me montent aux yeux.

- J'ai vécue une vie... Je n'aurais jamais pu rêver de mieux... dit-elle difficilement, j'ai eu trois enfants, j'ai eu le meilleur des hommes comme mari, j'ai retrouvée mon enfance grâce à Sultana Reham.

- Neyla, ma fille, restes avec nous. Dis-je faiblement, résiste.

- Sultana... Je suis tellement reconnaissante envers vous. J'ai vécue comme dans un conte de fée. Si seulement je pouvais prendre toute vos peines avec moi dans ma tombe. Si seulement je pouvais redonner vie aux personnes que vous aimez en donnant la mienne, je l'aurais fais. Dit-elle tristement.

- Mais tu fais partis des personnes que j'aime, Neyla ! Tu es comme ma fille, tu es comme Irem et Emna. Je t'ai élevée, Neyla. Je t'ai vu grandir... Je ne peux pas te laisser partir. Dis-je faiblement.

Elle respire de plus en plus difficilement.

- Maman, comment va-t-on vivre sans toi ? Lui dit Shaheen.

- Tu as trente deux ans, Shaheen. Ta soeur Nihan a trente et un ans et ta soeur Esra a vingt-neuf ans. Vous avez tous fais votre vie... Vous n'avez plus besoin de moi. Dit-elle.

Imran tombe à genoux devant elle. Il tient sa main.

- Ma Neyla, je t'en supplie... ne pars pas ! Restes avec moi... dit-il les larmes aux yeux.

- On se retrouvera, mon amour. On se retrouvera. Chuchote-t-elle.

Tout le monde pleure. On sait tous ce qui se passera. Mais est-on prêt ? Quelle sensation horrible qu'est d'attendre la mort d'une personne qui t'est chère...

- Toute ma vie je n'ai cessée de prier pour vous et notre Sultan Rehan. Vous êtes ceux qui m'ont sauvés. Il a conquérit la France et m'en a sortis, il a retrouvé mon frère et vous, vous m'avez offert une seconde vie, Sultana. Dit-elle les larmes aux yeux, Vous êtes notre mère à tous, Sultana.

Je la regarde les larmes aux yeux. Puis elle prend Imran dans ses bras. Elle ferme ses yeux en même temps... elle bouge ses lèvres lentement pour prononcer sa shahada puis je vois son corps se relâcher.

Imran la serre encore plus fort contre lui. Il a compris mais ne veut pas la lâcher. Il se met à pleurer. Il pleure et pleure sans s'arrêter.

- Imran... mon fils... chuchotais-je.

Il se relève et me prend rapidement dans ses bras. Il continue à pleurer. Je le serre fortement contre moi.

- Elle est partie, maman ! Elle est partie... Dit-il avec la voix brisée, la femme que j'aimais...

Je ne le lâche pas. Je continue à le serrer contre moi. Mes larmes se mettent à couler. J'ai perdue une de mes filles.

IMRAN

Son corps a été lavé. Oui... son corps a été lavé ! Ma femme est morte. Ma meilleure amie est morte. Ma confidente est morte. Celle que j'aime est morte. Comment vais-je me relever ?

En réalité, je ressens un vide profond dans mon coeur que nul ne peut guérir. Je tombe dans un gouffre sans fin.

Je vois son cercueil arriver. Je le porte sur mes épaules et marche avec jusqu'au cimetière. J'ai envie que ce chemin ne se termine jamais... car sa fin signifie l'enterrement de ma femme.

On arrive au cimetière impérial. Je descends le cercueil et l'ouvre. La tombe est déjà creusée. Je me baisse et embrasse le front de ma femme. Je remets son linceul sur son visage avec les larmes aux yeux et le coeur lourd.

On se met tous en ligne puis on prie sur elle, une fois finis, je la porte moi-même et je la pose au sol. Mes lèvres se mettent à trembler quand je vois les hommes mettre sur elle de la terre.

Tous les hommes s'en vont mais moi, je reste. Le ciel commence à devenir gris. Je m'assois au sol et laisse la pluie abondante tomber sur moi. Elle se confond avec mes larmes. Ma vie a changée pour toujours, à partir de ce jour...

REHAM

Je pose ma tête sur ma main. Je regarde face à moi, tristement. Tout va mal dans ma vie. Plus rien ne va. Aicha s'approche de moi.

- Sultana... Vous devez prendre vos médicaments. Me dit-elle doucement.

Je hoche la tête puis les prends.

- J'ai perdue tout le monde, Aicha... dis-je tristement, Hind, Issa, Yusuf, Rehan, Irem, Ilyes, Ilan et Rayan, Ahmed, Nahîl, Erhan et maintenant Neyla. Mes enfants, ma famille, mes amis, ils sont tous partis. Qu'est-ce que je vais devenir ? Quand sera mon tour ?

- Sultana, je sais que c'est dur mais vous n'êtes pas seule. Vous ne le serez jamais. Nos morts sont avec vous et les vivants aussi. Votre peuple est toujours derrière vous. Dit-elle.

- ... tu sais, Aicha ? Ma plus grande peur était la mort, c'est ce qui m'a poussée à fuir l'Italie. Aujourd'hui, je ne la crains plus. Je la veux, Aicha. Est-ce que c'est mal ? Je suis fatiguée de vivre. Dis-je faiblement, je suis fatiguée de voir mes proches partir un par un et devoir vivre sans eux. Si ce n'est ma foi pour Allah, ma vie n'a plus aucun sens.

Je fixe le vide. Ô Allah...

- Je sais que vous pouvez vous relever, Sultana. Vous l'avez déjà fais. Et je suis là pour vous aider. Vous êtes notre Sultana. Vous êtes notre pilier. Comment pourra-t-on nous relever sans vous ? Nos ennemis vous craignent et nos amis prient pour vous. Me dit-elle, nous avons encore besoin de vous et Allah le sait. Il vous a fait venir comme miséricorde pour nous, Il vous aime tellement qu'Il vous éprouve. Chaque larmes que vous avez versés, par la volonté d'Allah, sera une des rivières du Paradis.

Je la regarde en souriant tristement. Je hoche la tête. Comme me l'a dis Rehan, je dois me relever. Et si je vis mes derniers jours, je veux les vivre en étant forte.

Une Dernière VieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant