Une Dernière Vie

155.

Ibrahim Pasha arrive avec une feuille à la main. Il s'incline et s'approche.

- Mon Sultan. Me dit-il en tendant sa feuille.

- Qu'est ce que c'est ? Lui demandais-je.

- La liste de nos sujets qui n'ont plus à payer la djizyah (impôt que doivent payer les non-musulmans pour être sous la protection du gouveneur musulman). Me dit-il.

Je prends la liste de ces mains et lit.

- Ibrahim... notre religion s'étend énormément. Allahu akbar. Dis-je en souriant.

Il sourit en retour.

- Tu as trouvé les médecins ? Lui demandais-je.

Il hoche la tête.

- Je les ai envoyé à notre Sultana. Dit-il.

Je hoche la tête. Je me lève et m'approche de sa chambre. Les gardes m'ouvrent la porte. Je rentre. Je m'approche d'elle et lui embrasse la main.

- Assis toi, mon Murad. Dit-elle en souriant faiblement.

Je fais ce qu'elle me dit. Elle se tourne vers moi puis pose sa main sur ma joue tout en me regardant dans les yeux.

- Plus tu grandis, plus tu ressembles à ton père. Dit-elle tristement.

Elle se met à soupirer.

- Mais j'attends de toi une chose, mon fils, une seule chose. Me dit-elle.

- Ordonnes et je ramène le monde entier sous tes pieds. Lui dis-je.

Elle me sourit puis perd rapidement son sourire.

- Je ne veux pas que tu fasses l'erreur de ton père... Je ne veux que jamais, jamais tu ne penses à tuer tes frères. D'accord ? Me dit-elle.

- Je te le promets, grand-mère, que jamais je ne le ferais. Et Allah est mon témoin. J'ai vu à quel point tu as souffert et à quel point mon père regrettait, je ne veux pas qu'on revive la même chose. Lui assurais-je.

Elle m'embrasse alors le front.

- Ton père était impulsif, il avait un caractère différent du nôtre mais il avait un bon coeur. Je l'aimais tellement, il était mon fils, mon ami et mon frère. Il me rappelait aussi mon mari, Rehan. J'ai eu l'impression que je l'ai perdu une seconde fois avec Erhan... Me raconte-t-elle tristement.

- J'aimerais tellement te rendre heureuse, grand-mère. Si seulement je pouvais éloigner de toi toutes ces peines. Lui dis-je en soupirant.