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Je me regarde dans le miroir. Les serviteurs me posent la couronne sur la tête. Je mets la bague de mon père au doigt. Je me tourne vers ma mère, je lui embrasse la main.

- Qu'Allah fasse de toi un dirigeant juste comme ton père, mon Erhan. Me dit-il.

Je lui souris faiblement puis me tourne vers la porte. Je me dirige vers la cour suivis par mes gardes.

Je m'appelle Erhan, fils de Rehan Ier et de la grande Sultana Reham.

- ATTENTION ! SA MAJESTÉ SULTAN ERHAN !

Les hommes lèvent leur tête et me regardent avec surprise. Ils se parlent entre eux, se demandant sûrement ce qu'il se passe.

"- Mon fils, demain... le soleil se lèvera et le monde changera car... l'empire Rehannide sera à toi... le monde connaîtra un nouveau Sultan ! Le fils du Grand Rehan."

- Ô mon peuple ! Mon père, le Sultan Rehan, s'est fait assassiner hier soir. Je suis l'héritier de son trône ! Criais-je.

Je m'assois sur le trône et tout le monde s'incline. Je fais un signe de main pour qu'ils se relèvent. On me présent les vizirs un par un, ça y est. Mon sultanat a commencé.

REHAM

Je le regarde rentrer. Tout le monde s'en va. Je comprends qu'est-ce qu'il va se passer : l'enterrement. Mon ventre se noue. Je ne veux pas. Je ne veux pas qu'on l'enterre. Cela voudrait dire que c'est définitif... qu'il est réellement partit et ça, je ne peux pas me résoudre à me l'avouer.

Ô mon Rehan, mes yeux ont vu en toi ce que j'espérais. Mon espoir était toi. Tu m'as accueillis dans tes bras et j'y ai découvert un coeur bon.

Je me mets à la porte du Harem, je vois le corps de Rehan être ramené. Je me mets devant son cercueil puis pose ma main dessus en fermant les yeux. Les larmes coulent à flot. Puis, le corps est finalement avancé. Je marche derrière eux mais Aicha m'arrête.

Ô mon Rehan, tu m'as affranchis puis tu m'as mariée. Oh quel était mon bonheur ! J'étais enfin unie avec l'homme que j'aime.

- Sultana, il n'y a que les hommes qui peuvent y aller. Me chuchote-t-elle.

- Je veux suivre Rehan pour son dernier voyage. Lui dis-je.

Ô mon Rehan, l'ange de la mort t'est venue devant mes yeux tristes. L'ange a vu mon malheur mais il n'y pouvait rien, ce n'est pas lui qui décide. C'est la volonté d'Allah.

Je m'en vais et marche derrière eux. Les hommes sont surpris mais je n'y fais pas attention, mon mari vient de mourir. Que le monde brûle, j'en ai plus rien à faire ! Je les suis jusqu'au cimetière.

Ô celui qui guérit les peines, je ne sais pas si Te demander de guérir mon coeur est une bonne chose... oublier, pour moi serait un châtiment. J'ai tellement peur de parler de Rehan sans ressentir une lueur de tristesse. Ça voudrait dire que ce que je ressens pour lui est mort.

Ils posent le corps au sol puis se mettent en rang. Je me mets tout derrière puis prie derrière eux. Je prie sur Rehan... une fois finis, je m'avance et les vois l'enterrer.

Je ne reste pas plus longtemps et je retourne au palais. Mes enfants me voient et arrivent vers moi en courant. Je les prends tous dans mes bras.

- Maman... disent-ils en pleurant.

- Tout va bien se passer, je vous promets. Chuchotais-je.

Je les prends avec moi dans ma chambre. Je m'assois et me perds dans mes pensées tout en les serrant contre moi.

- Parce que, tu es le seul qui le fais battre. Parce que je t'aime ! Parce que je suis amoureuse de toi Rehan, comprends le ! Vois le ! Chuchotais-je en pleurant.

...

- Reham, tu as vécu dans ce palais avec moi pendant de longues années, tu as patientée avec moi, tu as souffert avec moi, tu as pleurée avec et pour moi, tu as vécu mes victoires, tu t'es battue, tu m'as donnée six beaux enfants et tu as traitée ma famille comme la tienne, mais avant tout ça, tu m'as aimée et je t'ai aimé... alors Reham, veux-tu m'épouser ? Me demande-t-il.

...

- Ô l'ange de mon coeur ! Quel soulagement j'ai reçu en te voyant. Alors que je te croyais morte, j'ai pu revoir tes beaux yeux. Ô Reham, Rehan n'existe plus sans toi. Toi, qui guérit les coeurs ! Tu as guéris le mien d'une tristesse infinie. Murmure-t-il.

Je lève le regard tristement, il me manque tellement. D'un coup, je vois Rehan apparaître devant moi. Mon coeur s'apaise tout de suite. Je souris faiblement.

- Tu ne seras jamais seule, Reham. Je serais toujours avec toi. Me dit-il en souriant.

Mes lèvres commencent à trembler. J'ai envie de le reprendre dans mes bras, de le serrer fort contre moi mais je ne peux pas. Je ne peux plus.

- Je vous confie à Allah, me dit-il, ne sois pas triste, mon coeur. Je serais à tes côtés pour chaque pas que tu feras, je vivrais toujours.

Petit à petit, je le vois s'en aller. Une larme coule de mes yeux. Elle tombe sur la main de ma petite Emna. Elle lève sa tête vers moi puis pose sa main sur mon visage.

- Maman, ne sois pas triste. Me dit-elle, je t'aime maman, d'accord ?

Je hoche la tête en souriant tristement. Je l'embrasse sur la tête.

- Aujourd'hui, on doit être plus uni que jamais. Leur chuchotais-je, rien ne pourra nous séparer, mes enfants. Rien.

La porte s'ouvre d'un coup. Erhan arrive. Je me lève et va à sa rencontre. Il embrasse le dos de ma main.

- Maman... dit-il.

Je mets mes mains sur ses joues en lui souriant.

- Je suis tellement fière de toi, mon fils. Sultan Erhan... lui dis-je, sache mon fils que je serais toujours à tes côtés. Toujours...

- Je le sais, maman. Et moi, je te promets de ne jamais te décevoir. Me dit-il.

Je le prends dans mes bras.

- Maman, en tant que Sultan, je dois partir à Rome. Mon père n'a pas pu y aller alors je dois y aller. Dit-il, prépares toi, tu viendras avec moi...

Je fronce les sourcils. Pour quoi faire ?

- L'heure de la vengeance a sonnée. Me dit-il.

Une Dernière VieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant