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J'attends le cercueil de ma soeur sortir du harem à ma cour. Je n'ai pas réussis à m'arrêter de pleurer. Je suis devenue faible en un rien de temps.

Je regarde tristement le cercueil noir arriver. Comment décrire ma peine ? Comment décrire mon coeur qui se déchire à cette vue ? Je n'étais pas prêt. J'étais prêt à tout, sauf ça. Oui, sauf ça...

Je prends le cercueil sur mon épaule et me dirige vers le cimetière. Les hommes ont déjà creusés le trou. Tout est déjà en place. Mais... est-ce que j'aurais la force d'enterrer et prier sur ma soeur ?

- Baba... pleures pas. Dit Hind à mon père, je suis là avec Rehan, on te laissera jamais tout seul !

...

- Elle est où ma soeur ? Rend la moi ! Criais-je en frappant Ahlam.

..

- Baba est mort martyr. Chuchotais-je, je suis là. Je suis là ma soeur et je le serais toujours.

...

- Je ne te lâcherai jamais, Rehan. Tu dois rendre papa fier. C'est ce que tu veux aussi, non ? Me demande-t-elle.

Je hoche la tête.

- Alors, lève toi et montre au monde  entier qui est mon frère ! Dit-elle en souriant.

...

Je marche en fixant le vide. Mes pas se font lent. Ô ma soeur... tu as été à la fois ma petite soeur, ma grande soeur et ma jumelle, tu as été ma mère et ma confidente, mon amie, ma meilleure amie. Tu ne me cachais rien et je ne te cachais rien. Comment vais-je supporter ce vide ? Ça ne fais que quelques heures mais je n'arrive pas à tenir.

On s'arrête puis on pose le cercueil à terre. On l'ouvre et je vois le corps de ma soeur enroulé dans un linceul. J'approche ma main tremblante vers son visage puis j'enlève ce bout de tissu. Je ferme les yeux d'un coup en tournant mon visage légèrement vers le côté.

- Hind... chuchotais-je en pleurant.

Je recouvre son visage pâle puis porte son corps dans mes bras. Je la sers contre moi une dernière fois, puis à contrecoeur je me baisse et la pose dans la terre.

Les hommes prennent des planches en bois et les pose au dessus du corps. Une fois qu'ils ont finis, je prends une poignée de terre dans ma main puis avant de lancer, je la regarde. Ma main tremble... je regardes cette poignée de terre puis finis par la lancer. Les hommes commencent à prendre la pelle et enterrer ma soeur sous la terre.

On se met en place puis je me mets devant. Les hommes sont positionnés derrière moi.

- Allahu akbar (Allah est le plus grand).

Je récite la fatiha...

- Allahu akbar.

Puis je récite à voix basse l'ibrahimiyya («Allahoumma salli 'ala mouhammedin wa 'ala ali mouhammed, kama sallayta 'ala ibrahima wa 'ala ali ibrahim, innaka hamidoun majid. Allahoumma barik 'ala mouhammedin wa 'ala ali mouhammed, kama barakta 'ala ali ibrahim, innaka hamidoun majid.»

«Ô Allah, prie sur Mouhammed et sa famille, comme tu as prié sur la famille de Ibrahim, Tu es le seul digne de Louange, le Glorieux. Et béni Mouhammed et sa famille, comme tu as béni la famille de Ibrahim, Tu es le seul digne de Louange, le Glorieux.»)

- Allahu akbar !

J'invoque pour ma soeur.

- Allahu akbar.

Puis on finit par tourner notre tête à droite puis à gauche. Les hommes s'en vont tous, sauf moi. Je m'agenouille devant sa tombe. Il commence à pleuvoir...

- Hind... le monde s'est arrêté. Celui qui rit ne rit plus, celui qui pleure, pleure beaucoup plus, celui qui est énervé a vu son coeur s'adoucir, celui qui a tué s'en mord les doigts, celui qui est tué lui a pardonné, celui qui ne croit pas lève les yeux au ciel et celui qui croit, prie. Cette pluie... ce sont les larmes du monde pour ta mort. Ton sang deviendra une malédiction pour celui qui a posé ses mains sur ton cou. Dis-je les larmes aux yeux.

Je me relève puis monte sur mon cheval. Je passe par la ville où la foule se tient. Ils criaient "ô le sang de la Sultana, vengez le !", cet appel résonnait dans mes oreilles. Ton sang, ma soeur, ne restera pas invengé. Je retourne au palais toujours avec cet appel dans les oreille.

YÛSUF

Le palais est sombre. Je sors dehors pour prendre l'air mais non plus. Le monde est devenu noir. Alors que j'étais heureux de partir à ma première guerre, je tombe de haut à mon retour. Reham a disparu et Hind est morte.

J'aurais préféré mourir à sa place, elle avait des gens qui l'aimait, elle avait un frère, des enfants, des neveux. Moi, que vaut ma vie comparée à la sienne ? Elle ne valait rien. Je suis un homme seul, un homme oublié. Je n'ai aucune importance dans ce monde. Peut-être que dans l'au-delà, j'en aurais une ?

Je retourne au palais, je vais voir les enfants de Hind. Chacun est perdu dans son malheur mais qui a pensé à ses enfants ? Ils ont perdus leur mère après avoir perdue leur père.

- Tonton Yûsuf... dit Imran. Ma mère a été enterré ?

Je hoche la tête tristement. Ses lèvres commencent à trembler et il court dans mes bras. Il se met à pleurer. Je le serre fort contre moi.

- Tonton, retrouve Reham. Me dit-il, je ne veux pas que mes cousins vivent la perte de leur mère comme moi... Je ne veux pas qu'ils deviennent orphelins.

Je lui dit d'accord, que je ferais tout ce qui est en mon pouvoir.

- Promis ? Dit-il.

- Promis. Répetais-je. Maintenant, retourne auprès de tes soeurs et cousins, tu es le plus grand. Protège les.

Il hoche la tête les larmes aux yeux puis s'en va. Je sors dans la chambre et marche dans les couloirs. Tout le monde est habillé en noir, le soleil commence à se coucher, la nuit couvrira le monde.

Je marche jusqu'à la chambre de mon cousin. Ses gardes me préviennent qu'il ne veut voir personne. Je ne les écoute pas et rentre de force.

- Rehan... chuchotais-je. Mon frère.

Il lève son regard vers moi. Il a les larmes aux yeux. Je m'approche de lui et le prend dans mes bras.

- Je connais le médicament qui guérira ton coeur brisé. Lui dis-je doucement.

- Est-ce que c'est possible, Yûsuf ? Me demande-t-il, ma soeur vient de mourir. Comment est-ce que je peux aller mieux ?

- ... C'est Reham, mon frère. Reham. Elle est la seule qui peut te guérir et c'est pour ça que je vais tout faire pour la retrouver. Dis-je.

Une Dernière VieWhere stories live. Discover now