Une Dernière Vie

162.

C'est le jour de l'Aid. Ça doit être un jour de joie pour nous mais... le palais est silencieux. Personne ne parle. Ils ne veulent pas que je meurs.

J'entends depuis l'extérieur les enfants qui rient en ouvrant leurs cadeaux, je vois les millions de sourires sur le visage des musulmans. J'entends les coeurs qui battent de joie à ce jour.

J'ai pu prier la prière de l'Aid. Ça m'a rendu heureuse. C'était sûrement ma dernière. Aicha est à côté, avec Emna, Imran et mes petits enfants. Ils attendent que les médecins finissent.

Une fois finis, elle se tourne vers eux, les larmes aux yeux. Je sais ce qu'elle va dire.

- Il n'y a plus rien à faire, juste à prier et attendre. Dit-elle.

Elle s'en va de la chambre. Tout le monde s'approche de moi. Murad rentre et arrive aussi en courant.

- Alors ? Qu'est-ce qu'elle a dit ? Demande-t-il.

Tout le monde baisse la tête. Personne ne répond. Il comprend alors la réponse.

- C'est ma fin, les enfants. Dis-je faiblement. Emna, Imran, Murad, Ibrahim, Isaac, Jihen, Hind, mes petits-enfants, Aicha. C'est la dernière fois que je vous vois.

- Ne dis pas ça, grand-mère. Tu vas vivre. Me dit Murad, les larmes aux yeux.

- ... Je vais mourir heureuse. J'étais épouse, je suis devenue mère, grand-mère et même arrière grand-mère. Chuchotais-je, j'ai vécu une vie dure mais magnifique.

Je m'appelle Anastasia, fille du roi Antonio et de la Reine Isabella. Je me devais d'épouser un prince puis devenir la Reine d'Italie.

Je commence à avoir du mal à respirer. Les larmes me montent aux yeux.

- Grand-mère ! Crie Murad, grand-mère, non !

- Maman, je t'en supplie, maman ! Crie Emna en pleurant.

Je lève mon index. Puis...

- Ashadu ana la illaha ila Allah wa ashadu ana Muhammad rassululLah...

Tout le monde me regarde. Je leur souris puis ma poitrine se soulève. Je soupire enfin, en rendant mon âme.

- Pourquoi ils me font ça Gabriel ? Quels genre de parents font ça à leur enfant ? Je veux mourir ! Je n'ai plus rien à perdre, je veux mourir ! Je suis seule... dis-je les larmes aux yeux.

...

- Tu seras dans le harem du Sultan. Me dit-on.

...

- On m'a aussi dit que tu es une femme très belle et charmante, avec un grand coeur. Me dit Rehan en souriant.

...

- Je te présente notre fils, Erhan, mon Sultan. Dis-je en souriant.

- Ma Sultana... tu m'as donné le monde ! Dit-il en m'embrassant le front.

...

- Je voulais prononcer cette phrase devant toi pour que tu sois témoin... Dis-je... Ashadu ana laa illaha ila Allah wa ashadu ana Muhammad rassul Allah wa ashadu ana Issa abdulLah wa Rassuluh.