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Je sors de la chambre de Rehan, les gardes présents et les servantes s'inclinent face à moi. Je marche dans les couloirs jusqu'au harem.

"Je m'appelle Anastasia, fille d'un roi et d'une reine. Héritière d'un trône du royaume d'Italie. Peut-être le plus puissant d'Europe... tout le monde aurait rêvé d'être à ma place. Je suis chrétienne, très croyante. Je suis chérie par mes parents, j'ai une meilleure amie, Dariâ et son frère, Dalir. Une belle vie ?

Je monte au dessus du harem où chaque femmes s'inclinent. Les enfants arrivent en courant et me regardent d'en bas, en souriant.

Je m'appelle Anastasia, presque violée par un prince, qui serait mon futur mari, je l'ai tuée. Je ne serais pas vu comme la princesse violée mais la princesse prostituée. Le sang impur de ce prince a coulé de mes mains. Est-ce que je regrette ? Non. Et si c'était à refaire, je le ferais. Je suis Anastasia, celle qui a fuit la mort des mains de ses parents.

Une couronne arrive, je me baisse et une des concubines me la mets. Je regarde le bas, un sourire en coin.

Je suis devenue Reham, reconvertie à l'islam, mère de quatre enfants, trois princes dont l'héritier du trône et une sultane. Je suis devenue mère, femme de cet Empire. Qu'est-ce que votre trône ? Rien. Je ne suis pas devenue reine, certes mais je suis devenue Sultane. Favorite du Sultan Rehan.

Je retourne alors dans ma chambre, feuille et encre à la main. J'écris. J'écris ce qu'il me passe par la tête.

Reham, retenez bien ce nom. Ce n'est pas le nom de votre fille mais celui de votre ennemi. Papa, maman, il m'arrive à me demander si vous regrettez ? Car même si vous regrettez, ce palais, ces jardins, cette langue, cette religion, ce territoire, cet Empire, cette ville, ses traditions et ses gens sont devenus ma maison, les miens, ce que je suis. Comment m'en séparer ?

J'ai revecu de mes cendres et je suis devenue cette femme. J'ai découvert dans ce palais, tout ce que vous avez essayés de me cacher. La trahison, la mort, la tristesse, l'impuissance. Dans le monde que vous m'avez créés, il y a le bien et le mal. Tout est noir ou tout est blanc. Ici, j'ai vu du désespoir dans celle qui a fait du mal, j'ai vu des âmes innocentes s'envoler, j'ai vu celle qui a tué pour ne pas trahir sa famille et je l'ai tuée pour ne pas perdre ma nouvelle famille. Vous m'avez créés un conte de fée, j'ai rencontrée la réalité.

Je ne sais pas si un jour j'aurais la force de vous revoir, de vous regarder dans les yeux. Peut-être... enfin... Je veux tout de même vous dire merci. Sans vous, je ne serais pas là. J'ai d'ailleurs entendu que vous m'avez sauvés de mon enlèvement, j'aurais aimée que ce soit fait car avant tout, je suis votre de fille. J'ai votre sang, votre chair mais vous l'avez fait pour ne pas perdre votre trône. Sachez que ce trône où vous êtes sera à moi, au Sultan Rehan. Cette terre où vous êtes sera la nôtre.

Dès à présent, je m'adresse à vous en tant que roi et reine d'Italie et non comme mes parents et vous vous adresserez à moi en tant que votre Sultane, non comme votre fille. Adieu... ou peut-être au revoir.

Sultana Reham."

Je plis la lettre et la tend à ma servante.

- Envoie ça au Roi et à la Reine d'Italie. Lui dis-je.

Elle hoche la tête mais ne bouge pas.

- Sultana... vous allez bien ? Vous pleurez... me dit-elle.

Je hoche la tête puis me lève. Elle sort et je sors. Je marche vers la chambre de Rehan. Je rentre et il vient à ma rencontre. Il pose ses mains sur mes épaules.

- C'est fait ? Me demande-t-il.

Je hoche la tête tristement puis il me prend dans ses bras. Je colle ma tête contre son torse.

- C'est si dur, Rehan. J'ai peur qu'ils le prennent mal. Après tout ce qu'ils m'ont fait, comment puis-je ressentir de la tristesse pour eux ? Chuchotais-je tristement.

Il se met face à moi puis me regarde dans le blanc des yeux.

- Parce que ce sont tes parents, la chair de ta chair. Dit-il doucement, tu sais, si mes parents viennent à me brûler, je serais d'accord... juste pour les voir vivre. La seule chose que je souhaite est de les voir vivre. Toi, tes parents sont en vie. Qui sait ? Peut-être qu'un jour ils regretteront... ne coupe pas les liens. Et puis, dans l'islam, il est interdit de couper les liens de parentés même s'ils sont mécréants. Je sais que c'est dur mais encaisse, Allah te récompensera.

- Rehan... mais chaque fois que je les verrais, tout me reviendra en mémoire. Ils n'en ont plus rien à faire que je sois leur fille ! Ils m'ont oubliés, enterrés... et puis, j'ai peur... J'ai peur de les revoir. Je ne suis pas prête. Murmurais-je.

Il me caresse la joue en séchant mes larmes avec son pouce.

- Ma belle Reham, on est ensemble. Me dit-il en souriant. Tant que tu es avec moi, n'est peur de rien.  Je t'aime, ma Reham, comme mon père aimait ma mère. Tu es une miséricorde qu'Allah m'a envoyée, tu es ma force et mon pouvoir, j'ai même été mis au courant de cette femme que tu as sauvée de son mari. Tu es un ange envoyé sur Terre, Reham. Mon ange.

Il me prend dans ses bras. Je ferme les yeux et profite de l'instant.

- Mon Rehan... que ferait Reham sans son Rehan ? Lui chuchotais-je en souriant, oh mon coeur... comme il s'est apaisé à tes paroles, ô élu de mon coeur ! Le chagrin est partit, laissant la joie prendre sa place. Je n'espère rien d'autre que d'être dans tes bras.

Il approche son visage du mien en posant une main sur ma joue et une autre sur ma taille.

Une Dernière VieWhere stories live. Discover now