Chapitre 47 - Les Rescapés de Salem

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Les cloches de la tour à l'horloge carillonnèrent dans toute l'école. Et, peu à peu, les couloirs déversèrent des élèves par dizaines, extraits de leurs cours par ce qu'ils pensaient être une chance tenant du miracle. Mais en rejoignant la grande cour centrale, ils se rendirent compte qu'ils avaient été leurrés par leurs innocents espoirs. Le carré d'herbe ressemblait presque à un camp de rescapés. Pour quelques-uns, cela leur rappela la guerre, quand les Nés-Moldus se réfugiaient dans des campements improvisés, certains blessés par les rafles.

— Que chacun apporte son aide ! clama la directrice en descendant à toute vitesse les escaliers. Portez-vous utiles !
— Eibhlin, garde Leeroy !

Confiant le garçon à sa camarade, Kate, malgré ses vertiges encore présents, se hâta auprès des adolescents. Pas de doute, tous étaient sorciers, certains déjà avaient sortis leurs baguettes pour se soigner. Plus loin, une fille pleurait à chaudes larmes sans retenir ses cris, alors que son amie enserrait ses épaules, elle-même éplorée. En descendant les quelques marches qui donnaient sur l'herbe, désormais piétinée, Kate se précipita sur la première personne seule qu'elle aperçut : une adolescente corpulente aux cheveux blonds vénitiens était assise dans un coin, adossée au muret, le regard fuyant, appuyant sur son bras blessé.

— Je vais t'aider ! Tout va bien !

Kate s'agenouilla et se permit d'attraper le bras potelé de la jeune femme, qui la fixa de son regard bleu clair. Elle balbutia, agitée :

— Où... où sommes-nous ?
— À Poudlard ! Tu es en sécurité.
— P-Poudlard. En... Angleterre ?!
— Ecosse, nuança Kate en étudiant la blessure peu profonde, vérifiant qu'il n'y avait pas de corps étranger.

Sans hésiter, Kate déchira un pan propre de sa cape et noua un bandage pour compresser la plaie de l'adolescente.

— Je suis désolée, s'excusa-t-elle. Je connais le sortilège de soin, mais je ne sais pas encore le maîtriser...
— Je... ce n'est pas grave, tu fais ça bien.

Durant la guerre, Kate avait eu l'occasion d'apprendre à stopper les saignements et soigner quelques blessures. Car sa mère, qui ne possédait pas de baguette, n'avait pas d'autre choix que d'user des moyens traditionnels.

— Tu viens de New York ?

La question tomba comme un éclair. Et Kate ne détacha ses yeux de ceux de l'américaine, qui s'étaient plantés dans les siens. Elle y voyait se refléter tout ce qu'elle avait pu vivre. Les flammes brûlaient encore au sein de ses iris.

— Comment... tu le sais ?! hoqueta la blessée, les larmes aux yeux.

La croirait-elle si elle lui disait qu'elle avait eu une vision à ce propos ? Qu'elle avait regardé les images sur les chaînes moldues ? Kate préféra biaiser via une autre question, prononcée à voix basse, teintée de compassion :

— Pourquoi étais-tu là-bas ?

Mais l'adolescente ne lui répondit pas non plus, le souffle court et bruyant. Les émotions demeuraient encore trop fortes, incontrôlables. Alors Kate posa une main sur le poignet qu'elle venait de panser pour la forcer à lever le regard vers elle.

— Je m'appelle Kate, se présenta-t-elle, conciliante.

L'américaine la dévisagea un temps avec ses grands yeux clairs et rougis.

— Betty... pantela-t-elle.
— Kate !

En entendant son prénom, la jeune fille tourna la tête alors que l'abordait Mélisandre, la petite amie de Clive. Le teint pâle de cette dernière contrastait avec le large col rouge de sa cape. Dans sa main, un parchemin, au-dessus duquel voletait une plume enchantée.

Ludo Mentis AciemWhere stories live. Discover now