Chapitre 97 - Le baiser des détraqueurs

2K 125 53
                                    

Les quelques lettres que Kate recevait le matin étaient celles de son père, les dessins d'Abby et, plus rarement, celles de Will ou Clive qui lui donnaient des nouvelles sur leurs vies respectives. La jeune fille n'avait pas osé avouer à son oncle que son père avait partagé avec elle l'idée d'un exorcisme. Elle pressentait que ce n'était pas la bonne solution.
Ce matin-là, était arrivé entre ses mains un nouveau chef d'œuvre de sa petite sœur. Elle en faisait désormais la collection dans sa chambre. À côté d'elle, sur le banc des Gryffondor, Moira tentait de deviner ce que la petite avait voulu représenter.

— Je dirai... un wapiti zombie qui vient de mettre feu à la maison.
— Pas loin.
— Une girafe ?
— Alors en fait, c'est un poney, celui de sa baby-sitter. Et là, c'est la maison éclairée avec les lumières du soir. Cette fois, elle se sentait d'humeur poétique. Ça change des licornes mangées par des chimères, des dragons qui crament tout ou des monstres qui mangent des sorciers. Avant que mon père ne le décapite dans la page suivante.
— Ta famille n'est pas du tout pathologique.
— Hm. Avec un père de famille Nettoyeur, une mère amnésique et une grande sœur maudite, cette gamine ne peut que mal tourner !
— J'imagine d'ici !
— Mais on s'aime quand même !
— C'est... le principal !
— Tu rentres pendant les vacances de Pâques, la semaine prochaine ? s'immisça Scarlett, qui venait de terminer la lecture de la lettre que lui avait envoyée sa mère, au papier jaune moutarde.
— Oui ! Même si je n'aime pas être loin de Poudlard, j'ai hâte...

Suzanna hocha la tête en face d'elle.

— C'est important de retrouver sa famille.

Cette phrase n'éveilla pas de réaction chez Maggie, qui essayait de lire sa Gazette d'un air faussement absorbé. Kate se mordit la lèvre de peine. La Gryffondor savait qu'elle ne reviendrait plus chez elle. Car elle n'en avait plus... Ils avaient convenu ensemble que Maggie resterait avec Terry la première semaine, puis logerait à Carlton pendant la deuxième moitié des vacances.
Les pensées de Kate furent interrompues par l'atterrissage impromptu d'un énorme corbeau sur leur table de petit-déjeuner. Scarlett étouffa un cri de surprise. L'oiseau noir croassa devant l'assiette de Kate en tendant sa patte.

— Pathologique, j'ai dit, répéta Moira, peu rassurée.

Kate n'avait aucune idée de la provenance du parchemin noirci, rédigé avec de l'encre rouge foncé, qui ressemblait, à s'y méprendre, à du sang...

« Yo !
Tu te rappelles de moi ? Qui peut donc oublier mon sourire de tueuse (tu saisis la blague ?) Juste pour te prévenir que je pense avoir mis la main sur ton miroir. Rejoins-moi dès que tu peux à la maison de retraite des Camomilles, à Preston, dans le Lancashire. Et demande Mrs Atreaper (j'ai manqué d'inspiration sur le moment, mais la contraction des deux me semblait pas mal !).
J'espère que tout se passe bien dans ton amas de briques. Et que personne n'est mort ! Ahaha, je déconne. Sinon, je l'aurais su.
Big
Bisous
Bien
Baveux
Peace
XOXOXO
Atropos
PS : tu as aimé le petit effet combo corbac / parchemin sinistre / encre sanglante ? »

Suivaient deux petits dessins, avec un autoportrait en bonhomme bâton faisant le signe de victoire avec ses doigts et une petite tête de mort avec un cœur au-dessus. Aucun doute. Cela avait envoyé par la Faucheuse.

— Un admirateur secret ? nasilla Moira, toujours suspicieuse face au corbeau.
— Une blague de mon père, mentit-elle. Excusez-moi. Je reviens.

La lettre en main, Kate quitta le banc et se dirigea vers la table des Serdaigle, à laquelle déjeunait innocemment Emeric, qui échangeait avec Fergus à propos du devoir de potions qu'ils allaient devoir rendre aujourd'hui au professeur Slughorn.

— Emeric ?

Les deux adolescents se retournèrent vers elle ; Kate frémit. Depuis qu'elle redoutait que la prophétie ne la concernait non pas elle mais Emeric, elle ne pouvait s'empêcher d'y penser chaque fois qu'elle croisait ses yeux. Pourvu qu'ils restent bleus longtemps...

Ludo Mentis AciemWhere stories live. Discover now