Chapitre 64 - La Guerrière venue du Nord

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Aux yeux de Kate comme de beaucoup d'autres élèves, l'été était passé bien trop vite. Le mois de septembre avait déjà pointé le bout de son nez : il était désormais temps pour les apprentis sorciers de retourner à l'école. L'idée ne lui déplaisait pas particulièrement, mais le fait de devoir se séparer de cette famille de nouveau réunie et heureuse lui brisait le cœur.

— Arrête, maman ! se plaignit-elle pourtant, alors que Grace rajustait le col de sa fille, devant tous ses camarades, rassemblés sur le quai du train en partance pour Poudlard. C'est pas le moment !

Sa mère bredouilla des excuses tandis que derrière elle, son père observait le Poudlard Express avec un regard nostalgique. Quant à Abby, ceinturée dans sa poussette, elle levait des yeux écarquillés vers tous les gens qui passaient devant elle, impressionnée par tous ces enfants et adolescents, pour la plupart déjà vêtus pour affronter les cours.

— Ton garde du corps est en retard ? nasilla alors Phil, en vérifiant l'heure sur la grosse pendule suspendue, qui affichait 10h40. Lui qui nous avait bien précisé d'être à l'avance pour qu'il prenne le relais...
— Techniquement, si on était arrivés à 10h45, on aurait été aussi en avance. Il va arriver. Hélas.
— Mr Weasley est là pour t'aider, Kate, lui fit remarquer Grace.

Sachant déjà où ce débat la mènerait, Kate se contenta de grommeler, tout comme Mister Minnows, qui avait retrouvé l'enfer de sa cage de transport. Les salutations d'un camarade de classe la détachèrent de sa mauvaise humeur.

— Je t'avais déjà dit que j'avais conduit le Poudlard Express ? lança Phil, les mains dans les poches, le regard toujours rivé sur l'énorme locomotive rouge.
— Pff, n'importe quoi, refusa de le croire Kate, avec un sourire amusé.
— J'avais jeté un sortilège de prosopagnosie au conducteur. Il m'a pris pour son assistant quand je suis monté devant. Et il est parti quelques minutes s'acheter des bonbecs. Il m'a laissé aux commandes !
— Tu me racontes des cracks !
— J'ai manqué d'écraser un chevreuil.
— Essaie pas de me faire avaler un truc pareil, c'est trop gros !
— Et je me suis beaucoup amusé à tirer sur la poignée pour faire siffler la locomotive ! Ça a tellement craché de fumée qu'en passant dans un tunnel, j'ai failli être responsable de la mort de la moitié de l'école par étouffement. Je suis prêt à le refaire demain !
— Tu t'enfonces, papa.

Regrettant que sa fille refuse de le croire, Phil haussa les épaules.

— Tant pis. Tu n'auras qu'à demander à des gens de ma génération et tu verras ce qu'ils en disent !
— Très bien. Où est la maison de retraite la plus proche ?
— Près de l'endroit où je t'aurai donné en pâture aux loups-garous, moujingue.
— Oh.
— Quoi, oh ? T'abandonnes là ?
— Retourne-toi. Discrètement.

Pivotant la tête sans éviter de se faire remarquer, Phil comprit immédiatement que sa fille lui désignait. L'arrivée de Maggie sur le quai du Poudlard Express avait les allures d'un véritable cortège, entourée par ses deux parents. Miranda Dawkins avait revêtu ce jour-là un long manteau en fourrure rayée, un béret rouge et chic en travers de ses boucles blondes et immobiles, comme figées dans la cire qui les enrobait. Son mari, Oswald, paraissait toujours bien moins pompeux que son épouse, mais son pas mesuré, son costume apprêté et sa mine presque refrognée, dont Maggie avait en grande partie hérité, ne mentaient pas sur sa situation de millionnaire.
Les Dawkins les reconnurent aussitôt et s'en félicitèrent.

— Katelyna, Mr Whisper, s'enthousiasma Oswald en frottant ses mains. Quel plaisir de vous revoir.
— Plaisir partagé, Mr Dawkins ! rebondit Phil en hochant la tête, se retenant d'afficher un air moqueur face à tant de manières.

À côté, Miranda avait baissé un regard intrigué sur la poussette d'Abby, cette dernière lui adressant des yeux ronds.

— Vous n'avez pas encore l'honneur de connaître ma femme, Grace, poursuivit Phil, qui présenta la mère de famille aux Dawkins. Et ma petite dernière, Abby.
— Il n'y a pas à dire ! Elle a hérité de vos yeux, Mr Whisper.
— J'espère pour elle qu'elle n'a pas hérité que de ça ! Pour son propre bien.

Ludo Mentis AciemWhere stories live. Discover now