Chapitre 105 - Le rituel du Seiðr

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À la fin de la cérémonie de présentation, tous les élèves se levèrent pour rejoindre le grand réfectoire pour leur dîner de bienvenue. Deux adolescents bravèrent la foule à contre-courant.

— Professeur Wolffhart !

Kate avait pris de l'avance sur Emeric, sautant par-dessus les gradins pour rejoindre la scène plus rapidement. Se rapprocher autant de la Coupe de Feu fit accélérer son cœur. Les enseignants, aussi bien de Beauxbâtons que de Durmstrang, la jaugèrent d'un regard étonné. Celui de Wolffhart la fusilla sur place.

— Votre manque cruel de discrétion commence sincèrement à m'échauffer, Fräulein.
— Professeur, on peut vous parler ? C'est urgent !

Quand le vieil allemand remarqua qu'elle était escortée par Emeric, lui-même fébrile, il comprit la situation était plus préoccupante qu'une vulgaire apostrophe. Il descendit de l'estrade en rejetant les pans de son grand manteau en feutre d'un geste théâtral. Il les dévisagea avec des yeux scrutateurs pour les forcer à parler. Emeric se lança le premier :

— La Coupe de Feu est le Graal, professeur. L'un des artefacts de Maëva.

Wolffhart se figea quelques secondes et alors l'impossible se produisit : il se mit à rire aux éclats. Un rire à gorge déployée. À tel point que cela surprit ses collègues.

— Sind Sie bescheuert ? Vous voyez ces artefacts partout, désormais !
— C'est la vérité, professeur, asséna Kate, sérieuse. Maëva me l'a confirmé. La coupe qui choisit ses champions, ça ne vous rappelle rien ?

Elle avait désigné la Coupe de Feu d'un doigt accusateur. Le regard de Wolffhart se perdit un instant dans les flammes bleues qui grandissaient au-dessus d'elle.

— Et que comptez-vous faire au juste ? demanda-t-il plus bas. La voler ?
— Ça pourrait être env-...
— Mieux vaut éviter d'attirer l'attention, l'interrompit Emeric avant qu'elle n'en dise davantage. Mais peut-être savez-vous où retourne la Coupe de Feu après son utilisation ? Le Ministère la stocke peut-être quelque part. En les raisonnant et en leur apportant les arguments pour...
— Le Ministère ? rebondit Wolffhart en lui coupant la parole. La Coupe de Feu appartient aux écoles du Tournoi.
— Dans ce cas, c'est encore plus simple ! préféra positiver Kate. On peut la ramener à Poudlard sans entrer dans l'illégalité.
— Mais pour la ramener, Poudlard doit gagner le Tournoi.

Emeric fronça les sourcils :

— Sans vouloir vous manquer de respect, c'est le trophée que l'école remporte, professeur. Pas la Coupe de Feu.
— Sans vouloir vous ridiculiser devant votre Freudin en démontant vos allégations, il en est de même pour la Coupe de Feu. Je le sais pour avoir assuré son transport jusqu'ici.
— Vous voulez dire... que la Coupe de Feu était à Poudlard depuis dix ans et que maintenant qu'on sait ce qu'elle représente, elle est remise en jeu ?

Kate retint sa colère du mieux qu'elle le put. Elle entendit le petit ricanement de Maëva derrière elle et tenta de passer outre.

— Donc... il faut que Poudlard remporte le Tournoi des Trois Sorciers pour que nous puissions ramener la Coupe de Feu à Poudlard.

Le fil logique que déroulait Emeric ne plut qu'à moitié à Wolffhart ; Kate le reconnut à son expression mais ne parvint pas à en déceler la raison. De son côté, elle n'avait plus le choix : dès l'aube, elle irait mettre son nom dans la Coupe.


*** *** ***


Le dîner de bienvenue sépara les écoles par bienséance, mais Kate en profita pour observer avec plus d'attention les élèves des autres écoles, les groupes formés, certaines dynamiques. D'autres préféraient observer les lieux, en particulier le plafond recouvert de magnifiques peintures renaissances proches du style de celle de la Chapelle Sixtine de Rome, si ce n'était que celles-ci s'animaient. On pouvait y distinguer un Bacchus cueilleur de raisin, de jolies jeunes femmes qui commentaient en groupes les nouveaux arrivants, des angelots chevaucheurs de licornes et un phénix curieux, des ailes duquel se dégageaient de grandes flammes quand il traversait la voûte d'un vol plané.
Kate repéra vite parmi les élèves de Durmstrang le clan de Sigrid, Vilma se faisant vite remarquer par sa voix forte et ses grands rires. Parmi eux, trois champions allaient se démarquer et s'affronter. Cette compétition ne la réjouissait pas. Elle s'imaginait déjà championne, à devoir se confronter à Sigrid.
L'arrivée des fromages, par magie, sur les tables fut l'objet d'un vaste débat chez les élèves de Poudlard.

Ludo Mentis AciemWhere stories live. Discover now