Chapitre 99 - Le monde du miroir

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Quand elle reprit conscience, Kate se retrouva face contre terre sur de la moquette. D'ailleurs, comment s'était-elle évanouie ?, se demanda-t-elle. Elle se souvenait être tombée dans le vide le plus noir en traversant le miroir. Puis, plus rien.
Se redressant en étirant ses muscles endoloris, Kate n'identifia pas de suite l'endroit où elle se trouvait. Les tapis à motifs, les dessins gribouillés sur le mur, ce petit lit, une lampe de chevet en forme de chauve-souris, pouvant voleter dans la chambre. Cette chambre, sa chambre. Celle qu'elle avait connue plus jeune, à Rosehill, dans cette maison qui avait été incendiée pendant la guerre par les Mangemorts.
Un sentiment de chagrin nostalgique l'envahit, alors qu'elle tournait sur elle-même pour examiner les lieux, égaux à ses souvenirs. Quand tout à coup, un détail l'accrocha. Un élément qu'elle n'avait pas remarqué dans sa première exploration, un accessoire qui n'appartenait pas à sa mémoire.
Sur le lit, entre l'oreiller et la couverture, se trouvait une petite poupée tricotée en position assise. Mais pas n'importe quelle poupée. Kate devinait fort bien qui elle représentait, avec son pull en crochet brodé de fils bleu et bronze, des cheveux blonds en laine et même des lunettes en fil de fer au-dessus de ses yeux en boutons bleus. La petite figuration d'Emeric la fit sourire. Kate s'en approcha, amusée :

— T'es marrante, toi. Tu me fais étrangement penser à quelqu'un.

Elle la taquina du doigt puis soupira en se redressant. Elle n'était pas là par hasard. La jeune fille avait plongé dans le monde du miroir et sa mère se trouvait ici, coincée dans le reflet de sa vie. Kate devait trouver un moyen de mettre la main dessus, mais surtout de sortir d'ici. Que lui arriverait-il si elle restait à son tour piégée dans le Miroir du Risèd ? Peut-être serait-elle enfermée ici pour l'éternité...
Décidée à éclaircir cette histoire, Kate se dirigea vers la porte. Mais, elle préféra d'abord s'assurer de ses possibilités. Elle agita sa baguette : pas de magie. Elle frotta ses doigts : pas d'Immatériel. Elle ne pouvait compter que sur elle-même.
Elle inspira une profonde bouffée d'air avant de poser la main sur la poignée de la porte. Cependant, avant de l'ouvrir, elle jeta un dernier coup d'œil à son ancienne chambre, tombeau de son enfance. Un détail l'interpela : la poupée d'Emeric avait disparu.
Quand elle passa la porte, elle éprouva l'étrange sensation d'être aspirée par devant, comme n'ayant plus la possibilité de rebrousser chemin. Et quand l'ouverture se referma derrière elle, Kate comprit qu'elle allait devoir se confronter à ses propres démons.
La cave. Cette cave. Elle en connaissait chaque détail. Cette odeur... Les murs en parpaing brut. Le béton froid au sol. La panique prit immédiatement le contrôle de ses pensées, mais Kate tenta de s'apaiser en relativisant. Ce n'était qu'une vision. Le monde du miroir. Rien n'était réel... Pourtant, le traumatisme restait présent.
Elle fit aussitôt demi-tour et rouvrit la porte pour s'échapper. En réalité, cela ne fit que la retransposer dans la cave. Elle en sortait pour y re-rentrer.

« Calme-toi, Kate. Ce n'est pas vrai. Si le miroir t'envoie là, c'est que tu dois chercher quelque chose ici... Allez, du nerf ! T'es forte, bordel ! »

Enhardie d'un nouveau courage, Kate explora la pièce maudite avec davantage d'attention. Cette fois, elle repéra des inscriptions sur le mur, éclairées à la lumière de la chandelle à la flamme vacillante, seule source de lumière. Elles avaient été tracées avec une substance rouge. Du sang, refusait de croire Kate. Les mots faisaient écho à la vision du futur qu'elle avait eue grâce aux dons de Sigrid :

« Ne le tue pas. »

L'inscription semblait lui parler, entendant sa propre voix résonner dans sa tête. Cela la fit trembler.
Persuadée qu'il n'y avait rien d'autre à voir, elle fit demi-tour et tenta de retraverser la porte, pour se retrouver à nouveau dans la cave. Mais cette fois, les mots ensanglantés étaient écrits sur tous les murs, par centaines. En petit, en gros, en caractère tremblants, en caractères repassés. Le rouge avait pris le dessus du gris. Il reluisait à la bougie.

Ludo Mentis AciemWhere stories live. Discover now