Chapitre 7 - Materia scribens

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Les neiges d'Ecosse fondirent une fois que le mois de février se soit achevé. Les premiers crocus germaient dans le parc de Poudlard, ponctuant le vert nouveau de corolles violettes. Durant les vacances de Noël, les professeurs en avaient profité pour achever les restaurations du château. La passerelle en bois provisoire avait laissé la place à un pont neuf et blanc. Au milieu de ce dernier, une petite niche avait été aménagée, avec une plaque commémorative des élèves qui avaient péri lors de la bataille de Poudlard. Et chacun pouvait faire son devoir de mémoire devant la vue imprenable du lac et des collines, comme leur souvenir était aussi infini que l'horizon qui s'étendait au devant, donnant sur le ponant.
Pour accompagner ce souvenir dans la pierre, un arbre avait été planté au milieu de la cour centrale de l'école. Encore à l'état d'arbrisseau, certains élèves gravaient, à l'aide de la magie, le nom de ceux qu'ils avaient perdus sur les feuilles ou accrochaient des rubans colorés sur les rameaux.

Malgré l'accumulation des bonnes notes à ses devoirs théoriques, tant biologiques qu'astrologiques, ou toute autre matière, Kate demeurait incapable de lancer le moindre sortilège correct, au grand dam de ses professeurs. Cela ne la gênait pas dans certaines matières, comme les soins aux créatures magiques, bien que sa maladresse lui jouait parfois des mauvais tours. Cela lui valut la sympathie d'Hagrid, qui avait bien vite remarqué l'attention que son élève portait à ses cours, que beaucoup trouvaient fort étranges, surtout lorsqu'il s'agissait de brosser le poil des Croups, des créatures ressemblant à des chiens de terrier avec une queue fourchue. Kate faisait toujours preuve d'une telle gentillesse envers les bêtes – même les plus dangereuses ! – que cela faisait craquer le cœur trop sensible du demi-géant. En réalité, Kate avait tellement vécu de mésaventures et s'habituait tellement aux brûlures, aux coupures et aux explosions que peu de choses lui faisaient peur. À côté d'elle, Maggie passait pour une empotée, qui bondissait en glapissant lorsqu'un Croup trop entreprenant lui reniflait la cape en y laissant un filet de bave en souvenir de son amitié.

Kate continuait de fréquenter Morgana, avec laquelle elle entretenait une amitié de celle qu'elle pouvait partager avec ses camarades de chambre. Les deux filles pouvaient aisément échanger à propos de ces dernières années, sous le joug de Voldemort. Kate avait ce besoin d'exsuder ce sang noir, ce que ne parvenait à comprendre les jeunes Gryffondors, qui, chaque fois, détournait le sujet. Ce tabou, elle pouvait l'aborder avec Morgana, avec laquelle elle partageait à propos de ce qu'elles vécurent séparément, dans des situations si opposées. Mais dans une peur oppressante commune.

Malgré les mois qui passèrent, Kate poursuivait ses recherches à la bibliothèque, certains samedis après-midi, en compagnie d'Hermione. Les élèves s'étaient habitués à les voir feuilleter des ouvrages par dizaines, alors que les deux filles avaient sept ans d'écart. Lorsqu'un jour, Kate décida de passer à la vitesse supérieure :

— Et les livres de la réserve ?

La phrase prononcée déconcerta tellement Hermione que celle-ci leva son nez des pages du livre dans lequel elle cherchait. Chose rare, les capacités d'Hermione lui permettant la double tâche à la lecture : parler, jeter des sorts, manger, expliquer la théorie d'une formule à un camarade de septième année et tout ceci, sans jamais détacher les yeux de ses mots.

— La réserve ? Tu dis ça sérieusement ?
— Bien sûr ! Sinon, je ne l'aurais pas dit.
— Parce que tu penses qu'on trouvera quelque chose à la Réserve ?
— Quelque chose que l'on espère cacher. Ça me semble logique, non ?

Hermione réfléchit quelques instants sans quitter Kate du regard.

— Avec mon statut de septième année, je peux certainement m'y rendre... Mais je ne pourrais pas y rester, seulement y emprunter un livre. Et il y en a beaucoup ! Piocher le bon du premier coup n'est même pas envisageable ! On ne sait même pas ce qu'on cherche... !
— Et même si un professeur me donnait l'autorisation, ça reviendrait au même, grommela Kate. J'aurais à demander un livre précis, je ne pourrais pas choisir en fouillant.
— De là à ce qu'un professeur te donne l'autorisation pour te rendre dans la réserve... Tu n'es qu'en première année !

Ludo Mentis AciemWhere stories live. Discover now