Chapitre 82 - Le monstre qu'elle avait toujours rêvé de traquer

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Quand elle se réveilla, le lendemain matin, Kate savait que l'aube s'était à peine levée. Elle le voyait par la béante ouverture qui servait d'entrée de grotte, isolée thermiquement par magie pour garder les chambres au chaud. La veille lui revenait comme un souvenir flou et lointain. Mais elle ne fut pas surprise de se retrouver à côté de Maggie dans le lit, endormie sous les draps, encore toute habillée. Oui, elle avait fait une nouvelle crise. Bien moins violentes que les précédentes, certes, mais toute aussi déconcertante pour ses amis.
Elle entreprit de flâner vers le lieu de rassemblement, n'ayant aucune envie de rester somnoler plus que nécessaire. L'accueil dans la nature lui plut, lors de cette balade en solitaire. Le bruissement des feuilles au-dessus de sa tête, le sol meuble qui s'écrasait légèrement sous ses ballerines, le chant du coucou plus loin. Au niveau de la rune Fehu, des restes de drapeaux jonchaient le sol. La plupart des stands étaient encore fermés et les spectateurs les plus matinaux se rassemblaient autour du vendeur français de boissons chaudes et de pâtisseries.

— Déjà deböt ?

Surprise par cette voix si proche, Kate fit volteface : Sigrid la dévisagea avec une expression impassible.

— Tu m'as fait peur !
— C'étät peut-être le but, hm ? sourit-elle, amusée.
— Tu es déjà debout aussi ?
— Je suis matinale. Tu le säs.
— Ah oui... Tu te promenais souvent autour du lac, le matin.

Sigrid hocha la tête avant de désigner le stand de nourriture.

— Je te päe quelque chose ?
— Oh, c'est gentil ! Mais...
— Vilma m'a dit qu'elle t'avät escroqué une Biéraubeurre hier. C'est pour te rembourser.

Kate ne put réprimer le rougissement de ses joues et refuser cette compensation. Elles achetèrent donc des croissants encore chauds, un thé et un lait de licorne.

— C'est elle qui t'a dit ça ? s'interrogea Kate après s'être assise sur un banc, à l'écart de la place.
— Vilma a toujours eu ce penchant. Elle est rusée, comme un renard.
— C'est drôle que vous soyez amies, vous n'avez pas du tout le même caractère !
— On pourrät en dire de même pour tö et Dawkins.
— Pas faux.

Elles sirotèrent leurs boissons chaudes en appréciant les doux bruits de la forêt matinale alors que les gens s'éveillaient peu à peu.

— Tu ne m'avais jamais dit que tu étais Animagus.

Sigrid se mortifia face à cette affirmation impromptue. Kate lui renvoya alors un regard malicieux.

— Emeric me l'a dit.
— Le petit angläs qui m'a remplacée ?
— Il l'est devenu aussi. Je me doute que ce sont tes amis qui lui ont appris !

Le grommellement de Sigrid l'amusa plus encore.

— Et donc ? Tu te transformes en quoi ? s'intéressa Kate, mordue de curiosité.
— Qu'est-ce que ça t'apporterät ?
— Oh, allez, Sigrid ! Je ne dirai rien à personne, promis.
— Un ägle, maugréa-t-elle.
— Un aigle ? répéta Kate, soufflée. Impressionnant ! Hm. Je me suis toujours dit que si j'avais un Animagus, avec toute la poisse que j'ai, ça serait sûrement un animal pas très reluisant.
— Tu as un Patronus ?
— Oui, mais c'est le même que mon père. Donc ça ne doit pas être mon animal totem... Oh non, vu la chance que j'ai, ça sera un papillon riquiqui.

La discussion se tarit. Certains spectateurs traversaient la place avec leurs gros bagages, quittant l'endroit.

— Avec tout ça, soupira Kate, je ne sais même pas qui a gagné le match.
— Comment ça ?
— J'ai quitté le stade un peu tôt... J'ai senti l'Immatériel revenir et j'ai préféré m'isoler. C'était pas la peine de faire une démonstration publique devant le monde entier !
— Mäs ça a été ?

Ludo Mentis AciemWhere stories live. Discover now