Chapitre 70 - Le dernier cri de la Banshee

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Ce matin de Noël avait un goût amer. Incapable de retrouver le sommeil après l'incident de la nuit, Kate avait renoncé à rester dans cette chambre à moitié brûlée. Will lui avait cédé sa place sur le canapé, se fabriquant un lit de fortune dans un autre coin de la maison à l'aide de la magie, et Phil avait veillé sur sa fille une bonne partie de la nuit. Aucun des trois ne dormit plus de deux heures.
Quand l'aurore parut, Abby descendit en trombe. Persuadée que le Père Noël passerait une seconde fois, le matin, comme elle en avait l'habitude, elle accusa sa sœur endormie de l'avoir fait fuir et la réveilla d'un grand coup de peluche dans le nez.
Grace fut la suivante à descendre. Elle s'étira comme un chat dans le salon, avant de dévisager sa fille aînée, le visage décomposé.

— Kate, ça va ? s'inquiéta-t-elle.

Kate ne répondit pas tout de suite.

— J'ai encore fait des bêtises... marmonna-t-elle, épuisée.

Grace blêmit. Elle comprenait très bien ce que Kate signifiait par là avec une mine aussi grave. Sa mère se souvenait de l'épisode de la salle de bains, peu de temps avant sa rentrée à Poudlard cet été. Avec des pas rapides, elle rejoignit la cuisine, où Phil et Will discutaient à voix basse en préparant le petit-déjeuner. Les couteaux tartinaient seuls le beurre et le thé, une fois infusé, se retirait lui-même de l'eau chaude. Mais elle remarqua surtout leurs cernes, qui rapprochaient davantage encore leurs visages, déjà bien ressemblants. Grace les interrompit :

— Que s'est-il passé ?

Ils se tournèrent vers Grace et Phil soupira :

— Oh. Kate s'est crue à la saison des barbecues.
— Une lampe qui a pris feu ?
— Si seulement...

Grace se raidit en comprenant la gravité de la chose. Puis, Will s'immisça :

— Ca lui arrive souvent ?

Elle croisa ses bras, recouvert par les grandes manches de sa robe de chambre, contre elle.

— Déjà, cet été. Phil a dû t'en parler.
— Oui, mais... jamais ça n'a brûlé.
— Kate peut détruire son environnement, de mille manières différentes. Elle ne manque jamais de créativité, cette petite !

L'humour de Phil ne fut pas accueilli avec des sourires. Le sorcier en ravala le sien, en même temps que son secret. Il n'osait pas avouer le possible rêve qu'il avait partagé avec Kate. Qui avait sûrement déclenché le tragique phénomène.

— Il n'y a pas eu de dégâts, c'est le principal.
— Vous avez songé à consulter quelqu'un pour cela ? demanda Will.
— Kate est déjà suivie par une psychomage et elle a un Auror qui la surveille en permanence à l'école, précisa Grace.
— Deux beaux incompétents.
— Tu n'as qu'à te mettre à leur place, Phil ! Toi non plus tu ne sais pas comment la gérer !
— C'est prêt ?

Derrière eux, Kate avait fait irruption et tous se retournèrent avec un hoquet de surprise. L'adolescente avait sûrement dû les entendre.

— Les œufs ne sont pas encore prêts, lança Phil après un long temps de silence. Va plutôt t'occuper de ta sœur et tenter de lui expliquer que le Père Noël a fait une crise de foie dans la nuit.

L'expression indifférente, Kate hocha la tête et effectua un demi-tour, se traînant comme une âme en peine. Cela en blessa sa mère, qui se tourna vers Will :

— Tu pensais à quelque chose ?
— Je pourrais essayer moi-même d'intervenir.

Il mentionnait bien sûr ses compétences en tant qu'exorciste, ce qui fit trembler Grace.

— Kate n'est pas possédée. Ce n'est pas... Ses pouvoirs sont juste particuliers. Et parfois incontrôlables.
— Ça pourrait être lié.
— Il n'a jamais été question... de possession ou de démon ! Dis-lui, Phil !

Ludo Mentis AciemWaar verhalen tot leven komen. Ontdek het nu