Chapitre 71 - Murmures sous une lumière de Lune

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Cela faisait plusieurs mois que Kate ne s'était pas sentie aussi sereine. Contrairement à toutes ses attentes, la mission de la Banshee n'avait fait que conforter ses premiers choix. Avant l'intervention, une partie d'elle lui avait murmuré qu'elle n'était pas prête, pas faite pour ça, incapable d'assurer ce genre de tâche ou le métier de Nettoyeur. Il se trouvait finalement que ses pouvoirs lui donnaient un avantage non négligeable dans le domaine. Elle comprenait désormais les dires de la défunte Hisolda Higgins, le professeur de Salem, elle aussi maîtresse de l'Immatériel. Son don pouvait servir de justes causes.
Et cela la réconfortait, elle qui n'avait vu en son Don qu'une source de malheurs et d'accidents regrettables.
C'est le cœur léger qu'elle se rendit à l'épicerie du quartier cet après-midi du 2 janvier. Le lendemain, elle et son père reprendraient la route pour Londres. Kate lui avait fait expressément la demande de s'y rendre plus tôt. Sous prétexte qu'elle voulait y passer plus de temps que prévu afin de rendre visite à Terry ou bien à Eliot, à Ste Mangouste. En réalité, Kate prévoyait de suivre les conseils de Grayson et de se rendre au Ministère pour rencontrer ce mystérieux Ulysse Fawley, qui obsédait ses pensées depuis qu'elle avait appris son existence. Ressemblait-il à son frère, un fier dandin issu de l'aristocratie sorcière ? Pour pouvoir fréquenter un déluré tel que Grayson, cela semblait assez peu probable... !
Griffin lui avait envoyé quelques lettres depuis son retour de Cloverfield, et Kate s'était empressé de lui raconter l'épisode de la Banshee. Ce à quoi Griffin répondit qu'il était comblé d'avoir une copine si courageuse, compliment qui gonfla Kate de fierté. Si elle s'était imaginé, quatre ans en arrière, que le garçon le plus mignon de tout Poudlard soulignerait un jour sa bravoure... !
À l'épicerie, Kate prit dans son cabas un paquet de sucre, des œufs, du produit vaisselle, un petit pot de crème fraîche et du lait pour Abby, qui continuait de boire des biberons au petit-déjeuner, par habitude. Une fois qu'elle eut payé, elle sortit et repensa à l'été passé, lorsqu'elle avait sauvé la mise à sa voisine moldue, Juliet, alors qu'elle se faisait agresser par quelques garçons. Mais ce jour froid, l'un des premiers de l'année 2003, ni de voisine ni d'abrutis du quartier. Juste un gros berger allemand, assis devant le magasin. Le chien devait attendre son maître, occupé à faire ses courses. Pourtant, après quelques mètres, l'animal quitta son poste et commença à suivre la jeune fille.

— Non ! Reste là-bas ! lui lança-t-elle, tout en continuant d'avancer.

Mais le chien n'en faisait qu'à sa tête, marchant dans ses pas la queue battante.

— En plus, je n'ai rien pour toi ! Je n'ai pas de viande !

Kate commença à se soucier quand le chien l'accompagnait toujours cinq cents mètres plus loin. Son maître allait sûrement s'inquiéter.

— Vas-t-en ! Tu n'as rien à faire avec moi !

Malgré toutes ses tentatives, le berger allemand ne la quitta pas d'une semelle. Ceci jusqu'à chez elle. Là, elle perdit patience :

— Bon, qu'est-ce que tu veux ?! Je te l'ai dit, je n'ai rien pour toi et il est hors de question que tu rentres chez moi ! On a déjà un chien ! Tu es vraiment collant... ! Quoi, alors ? Je dois te ramener au magasin ?

L'écoutant attentivement, le chien s'assit devant elle et inclina la tête, les oreilles dressées.

— Tu me donnes presque l'impression que tu m'espionnes... !

Sa propre théorie lancée en l'air lui revint dessus tel un boomerang. Était-ce possible qu'il s'agisse...

— Professeur Wolffhart ? tenta-t-elle dans un murmure, penchée vers le chien. C'est vous ?

Aussitôt, ce dernier aboya vivement.

— Qu'est-ce que vous faites là ?! se haussa Kate, qui prit ça pour un « oui ». Parce que Ron Weasley n'est pas là, vous vous sentez obligé de me suivre partout à votre tour ?! Je n'ai pas besoin de vous ! Je peux me débrouiller toute seule ! Pour une fois, je vous assure, faites-moi confiance. Les choses vont mieux et...
— Euh, mademoiselle ?

Ludo Mentis AciemWhere stories live. Discover now