Chapitre 49 - Remplaçante de dernière minute

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— Mais allez, dis-moi ! Tu penses que c'est elle ?
— Je me concentre, Whisper.
— Je trouve ça quand même étrange que MacGonagall ne nous ait rien donné d'autre comme information !
— Whisper, je me concentre.
— On s'est quand même fait agresser ! On aurait pu être tuées !
— Par les ongles incarnés de Merlin, dans quel ordre dois-je te le dire ? « Concentre Whisper me je » ?!
— Laisse tomber, Kate, tu vois bien que ce n'est pas le moment.
— Merci, Diggle.

En ce samedi matin, l'école était en effervescence. Des banderoles rouges et jaunes défilaient dans tous les sens dans la Grande Salle depuis que les premiers élèves s'étaient levés. Beaucoup avaient attendu avec impatience le match de Quidditch durant lequel les équipes de Poufsouffle et de Gryffondor allaient s'affronter, deuxième match de la saison après l'échec cuisant des Serdaigle contre les Serpentard. Leur nouvelle formation en avait ravi plus d'un et Kate redoutait son premier match contre cette équipe neuve et motivée.

Pour éviter tout conflit d'intérêts, Terry et Maggie avaient accepté de prendre le petit-déjeuner à la table des Papillombre pour éviter à Kate de prendre parti. La jeune Gryffondor, déjà toute parée, en tenue de match, avait plongé le nez dans la Gazette du Sorcier. Celle-ci annonçait à sa une : « 50 000 mots à vendre : Sorcière Hebdo, bientôt le renouveau ? », avec en photo une sorcière bedonnante, ancienne directrice du journal tant encensé, récemment décédée dans un malencontreux accident lors d'une course sur dos de chimère. Ce n'était pas tant ce genre d'actualités qui passionnaient Maggie, mais lire des banalités lui permettait de ne pas penser au match imminent. Avant ses performances, Maggie ne parvenait que très mal à gérer son stress.

— Oui, ce n'est pas le moment, répéta Terry. Tu comprends. Maggie doit admettre qu'ils vont perdre aujourd'hui.
— Merlin, pourquoi ne t'es-tu pas étranglé en mangeant ta tartine ? soupira-t-elle sans lever le nez de son journal. Cela m'aurait permis de ne pas avoir à supporter tes stupidités de bon matin.
— Je reste un Poufsouffle avant tout ! sourit-il en levant son verre. Et je supporte mon équipe !
— Mais pourquoi personne ne m'écoute jamais ici ?! se lamenta Kate.
— Parce qu'on n'a rien à te répondre, Whisper, tout simplement, répliqua Maggie.
— « Rien à répondre » ?! Maggie, on a failli se faire tuer durant le Samain !

Terry haussa un sourcil après avoir bu une gorgée de jus de citrouille.

— Kate n'a pas tort. Cette affaire mérite d'être éclaircie.
— Tu n'as donc rien entendu de ce que Kate vient de dire, Diggle ? MacGonagall n'a pas plus d'indice que nous sur qui nous a attaqué durant la chasse au trésor du Samain. Et si Kate pense qu'il s'agit de la Sorcière Bleue, grand bien lui fasse, ce n'est pas nouveau que cette timbrée veuille sa tête en trophée au-dessus de sa cheminée.
— Peut-être, mais en attendant, c'est toi qui a pris le sort ! fit remarquer Terry.
— Et je n'ai rien ! Sujet suivant.
— Très bien, statua Terry. Alors, pour le match, j'ai analysé le jeu de Kanners, notre gardien, et c'est vrai que...
— Rah, tais-toi !
— Il faut savoir ce que tu veux, Maggie !
— Mais je ne comprends pas... maugréait Kate à côté. Si c'était vraiment la Sorcière Bleue, pourquoi n'a-t-elle pas utilisé l'Immatériel ? Elle n'utilise jamais sa baguette magique...

Excédée, Maggie plaqua sa gazette repliée sur la table et jeta un regard noir à Kate.

— Tu es vraiment obsédée par cette histoire, ma parole. Bon, très bien, je vais te donner mes hypothèses. Peut-être que la Sorcière Bleue nous a attaquées, mais comme tu l'as dit, notre agresseur avait une baguette magique. Peut-être était-ce pour brouiller sa piste, en attendant, elle a toujours cherché à t'isoler, les dernières fois. S'en prendre à toi alors que nous volions en groupe ne lui ressemble pas.
— C'est vrai...
— Non, je pense plutôt à quelqu'un qui aurait agi ainsi par vengeance. Comme Jessica, par exemple.
— Jessica ?
— La blondasse de Salem, qui était dans la clairière.
— Oh. Je ne connaissais même pas son nom... !
— Et pourquoi Jessica s'en serait prise à vous ? s'étonna Terry. Je veux bien comprendre qu'elle puisse en vouloir à Kate, parce qu'elles flashent toutes les deux sur la même andouille.
— Pour la dernière fois, Terry, Griffin n'est pas une andouille ! objecta Kate, avec beaucoup de tact. Il n'est juste... pas comme toi, mais il n'est pas méchant !
— En attendant, j'espère que Jessica ne vous aurait pas attaqué seulement pour avoir la mainmise sur Griffin ! Ou alors, j'aurais vraiment très peur à sa place. Je n'aimerais pas savoir qu'une psychopathe a des vues sur moi !

Maggie conserva une mine sérieuse, voire suspicieuse, en dévisageant ses deux interlocuteurs en face d'elle.

— Kate ne t'a rien dit ?
— A propos de quoi ? s'étonna Terry, en haussant un sourcil.
— Du fait que Chad ait du digérer plus de dents que de bonbons le soir du Samain ?

Choqué, Terry se tourna vers Kate, qui immédiatement se défendit :

— Ce n'était pas moi ! Je... C'était... Je ne sais pas ce que c'était, mais je ne l'ai pas frappé volontairement !
— Surtout qu'il avait commencé à la brutaliser avant... marmonna Maggie.
— Quoi ?!
— Rien de grave, Terry...
— Tu rigoles, j'espère ?! Ce sale type s'en est pris à toi et ensuite, tu t'es défoulée sur lui... inconsciemment ?! Et je ne dois pas m'inquiéter !
— Le point positif, c'est que ce sombre crétin ne risque plus de nous embêter, vue l'humiliation qu'on lui a fait vivre, raisonna Maggie en haussant les épaules. Maintenant, si vous voulez bien m'excuser.

Sur ces prompts mots, Maggie reprit possession de sa Gazette pour poursuivre sa lecture assidue. Terry en profita pour se pencher vers Kate et lui chuchoter d'un ton angoissé :

— Quand tu dis « pas volontairement »... Tu t'en souviens ?

Kate secoua la tête. Le trou noir total. Cela fit grimacer Terry.

— Comme quand tu es venue chez moi. Et que tu as fait ta crise de somnambulisme.
— C'était différent, expliqua Kate. D'après les filles, il... quelqu'un parlait à travers moi.

Les yeux fuyants de Terry animèrent quelques doutes en elle. Il avait toujours été extrêmement mauvais pour mentir ou conserver des secrets importants trop longtemps.

— Terry... Y aurait-il quelque chose que tu me cacherais ?
— Rien d'important.
— Oui, et le centaure, il met le chocogrenouille dans le papier d'alu.

Contrarié de s'être vendu, Terry lâcha alors, toujours sans que Maggie ne les écoute :

— C'était pareil sur mon toit, Kate. J'ai... parlé avec toi. Mais ce n'était pas vraiment toi, en fait.
— Quoi ?! s'exclama-t-elle à voix basse. Et tu ne m'as jamais rien dit ?!
— Tu aurais fait quoi ensuite, hein ?! Moi aussi j'étais désemparé... ! Et tu avais déjà assez de souci comme ça à te faire, sur le moment !

Cette révélation fit méditer Kate un instant. Car, pendant un court moment, elle s'était mise à croire que ses absences étaient, d'une manière ou d'une autre, liées à son père. Mais pourquoi cela aurait-il commencé avant le procès et la condamnation de Phil ?

— Qu'est-ce que je dois faire ? couina-t-elle, apeurée.
— Pour l'instant... tu ne peux pas faire grand-chose, regretta Terry. Mais s'il te plaît, ne nous cache plus rien. On doit le savoir, si tu as des trous noirs. On est là pour toi, Kate. OK ?

Touchée par son attention, Kate hocha la tête. Leur conversation fut interrompue par des remous dans la Grande Salle ; l'air maussade, Griffin, portant sa tenue de gardien, s'avançait dans la nef à grands pas, déclenchant ci et là quelques gloussements. En le voyant approcher de leur table, Kate espéra un instant qu'il venait l'aborder elle, mais ce fut à Maggie qu'il s'adressa :

— Dawkins, il faudrait que tu viennes tout de suite.
— Hm, le match est dans quarante-cinq minutes, Gale, ne sois pas trop impatient, grommela-t-elle sans quitter le journal des yeux. Même si je sais que c'est ton premier.
— Bushby m'envoie. On a un sérieux problème.

Le mot final agita les yeux de Maggie, qui papillonna des paupières avant de lui accorder plus d'attention.

— Un problème ?
— Sam est cloué au lit. Il n'a pas dormi de la nuit, il était très malade. Il n'est pas en état d'assurer le match.
— Quoi ?!

Maggie s'était levée, tremblant à cause de la pression qui prenait là une autre dimension.

— On ne peut pas abandonner ! Il faut que...
— Il est hors de question qu'on abandonne, Dawkins. C'est pourquoi Bushby veut que tu le remplaces.

Après un temps d'intégration, Maggie répéta :

— Que je le remplace ?! Mais... je... !
— Tu étais la meilleure de la sélection il y a deux ans, après Sam. Et tu t'entraînes bien ! Surtout depuis que tu es poursuiveuse ! Tu es notre seule chance.
— Mais... qui me remplacera ?
— Jefferson prendra ta place, mais elle ne peut pas assurer le poste d'attrapeuse, ça, c'est sûr et certain.

Blême, Maggie tortilla sa tête, cherchant un miracle du regard. À côté, Kate et Terry écoutaient l'échange avec vigilance.

— Très bien, se résigna-t-elle. J'arrive dans quelques minutes...

Satisfait, Griffin hocha la tête. Mais avant de partir en sens inverse, il adressa un discret clin d'œil à Kate, qui ne put s'empêcher de rougir.

— Maggie, ça va ? s'inquiéta Terry, en constatant que ses tremblements s'amplifiaient à vue d'œil.
— Ca... va... articula-t-elle en attrapant son Eclair de Feu. Je... il faut que j'y aille.
— On t'accompagne, réagit-il en bondissant de son banc.

Cependant, alors qu'ils s'éloignaient, Terry se retourna en remarquant que Kate ne les suivait pas, demeurant assise à la table des Papillombre.

— Qu'est-ce que tu fiches, Kate ? Tu viens ?
— Oh, je... j'ai des trucs à régler avant ! Mais je vous rejoins tout à l'heure !

Son ton espiègle fit comprendre à Terry qu'elle ne lui transmettait pas la stricte vérité : Kate n'avait aucun devoir de présence, mais désirait simplement abandonner Terry à la détresse de Maggie. Celui-ci, sidéré, articula en silence, sans que Maggie ne l'aperçoive : « Ce n'est pas le moment ! ». Mais Kate n'en répondit que d'un haussement d'épaules et d'une expression prétendument angélique. Furieux, Terry ne chercha pas à la convaincre, tête de mule qu'elle était dans ces moments-là, et pista les traces de Maggie, qui s'éloignait déjà, encore sous le choc de la nouvelle.

— Tu ne devrais pas stresser comme ça, lui dit-il alors qu'ils marchaient sur le chemin qui menait au stade de Quidditch, aux gradins encore vides. Tu es une excellente joueuse, Maggie. Et pense que si tu avais réussi les sélections en deuxième année, tu serais aussi probablement là aujourd'hui. T'apprêtant à jouer en tant qu'attrapeuse.
— Sauf que ce n'est pas le cas. Cela fait plus d'un an que je m'entraîne. Mais pour passer un souaffle, pas pour attraper un vif d'or...
— Ne sois pas défaitiste. Ça ne te ressemble pas.

Maggie fit vibrer alors un son grave dans sa gorge, plus proche du désistement que de l'approbation.
En entrant par la porte des vestiaires aux blasons de Gryffondor, ils entendirent des conversations venant de l'une des pièces, toute construite de bois et empestant la cire à balai. Les joueurs de l'équipe élaboraient leur stratégie autour d'une maquette du terrain, au-dessus de laquelle Bushby, la nouvelle capitaine, faisait léviter des petits personnages censés les représenter. Cependant, en entendant la porte se refermer, les six joueurs se retournèrent vers les nouveaux arrivants. Des regards surpris s'attardèrent sur Terry, intrus parmi les joueurs rouge et or.

— Qu'est-ce que tu fais là ? lui lança Danielson, l'aînée des poursuiveuses.
— C'est un Poufsouffle, glissa Dan Clover, l'un des batteurs, à son co-équipier. Il pourrait révéler nos stratégies à son équipe.
— Je... venais juste accompagner Maggie, expliqua-t-il, confus.
— Laissez, il est réglo, intervint Griffin. Il n'ira rien dire à son équipe.
— Je veux bien le croire, décida Bushby, mais qu'il attende dans la salle à côté dans ce cas.
— Pas de soucis !

D'un pas précipité, Terry s'exécuta et rentra dans le vestiaire à sa droite, veillant à correctement fermer la porte derrière lui. Les joueurs avaient entreposé là des cruches d'eau pour se désaltérer à la fin du match, des bandes, le nécessaire pour l'entretien des balais, des tenues de rechange, des caisses de lunettes de Quidditch et de quoi rafistoler leurs genouillères en cuir. Sur l'un des murs étaient cloués des dizaines de cadres, protégeant des photographies prises de tous temps depuis 1946, sur lesquelles figuraient des joueurs emblématiques de l'équipe de Gryffondor ou des clichés d'équipe. Terry reconnut sans mal Harry Potter, déjà célèbre à onze ans pour avoir été l'un des plus jeunes attrapeurs depuis un siècle. S'il y était parvenu à l'époque, Terry ne se faisait aucun doute : Maggie était toute aussi capable des mêmes prouesses.
Il entendit cependant du grabuge à côté, des voix qui se haussaient et quelqu'un qui frappait le bois. Une main sur la table ou un pied dans un banc, peut-être. Puis, des pas furieux qui s'avançaient jusqu'à ce que Maggie apparaisse dans l'encadrement de la porte qu'elle venait d'ouvrir avec brusquerie. Terry en fit volteface, stupéfait.

— Que... que s'est-il passé ?
— Rien ! s'emporta-t-elle. Juste que... ils veulent me faire jouer d'une certaine manière. Ce à quoi j'ai répondu de manière diplomate qu'en tant que remplaçante, je ferai déjà de mon mieux, et qu'en tant qu'attrapeuse, je n'avais pas à recevoir de directives.

« De manière diplomate » fut traduit par « avec quelques injures gratinées et un franc-parler habituel » dans la tête de Terry. Il en aurait souri si Maggie ne s'était pas écrasée sur une chaise, se prenant la tête dans les mains. Le brouhaha croissant indiquait que les premiers élèves commençaient à s'installer dans les gradins au-dessus de leurs têtes. Soucieux, il s'accroupit alors en face d'elle.

— Tu ne devrais pas te mettre autant de pression, Maggie, tenta-t-il de la rassurer. Ce n'est qu'un match.
— On voit que tu n'aimes pas le Quidditch, pour sortir des inepties pareilles ! C'est facile pour toi... !
— Non, Maggie. Ce n'est pas facile pour moi. Je n'aime pas te voir dans cet état.

Il posa une main chaleureuse sur son genou alors qu'elle retirait les siennes de son visage blafard.

— Je préfère mille fois la Maggie combattive et opiniâtre. Celle qui n'abandonne jamais.
— Je n'abandonne pas, Terry. C'est juste que... Ce n'était pas prévu ! Pas comme ça, au dernier moment ! Pour le premier match de la saison, devant toute l'école et même les élèves et les professeurs de Salem ! Quelle image je vais donner ?
— Celle que tu voudras donner de toi. Si tu te présentes comme quelqu'un qui n'a pas confiance en elle, ce que tu n'es pas en temps normal, ils te verront ainsi. Tu ne dois pas douter de tes capacités, Maggie. En tout cas, pour ma part, je n'en doute pas. Et quand bien même ce match ne se déroule pas comme tu l'espères, ça ne changera pas l'avis que j'ai de toi.

Réconfortée par ses paroles, Maggie le remercia en posant sa main par-dessus celle de Terry. Ce dernier, à niveau plus bas pour s'être accroupi, ne détachait pas ses yeux de ceux de la jeune fille. Une étoile de malice traversa son regard alors qu'une idée se révéla à lui :

— Faisons un pari. Après tout, il n'y a que ça qui marche bien, entre nous !
— Très bien, souffla-t-elle.
— Si Gryffondor perd le match, tu devras porter les couleurs de Poufsouffle pendant une journée de cours.
— Quoi ?!
— C'est la loi des paris, ma pauvre dame ! Et toi ? Qu'est-ce que tu proposes ? Si Gryffondor gagne.

Maggie s'accorda un moment de réflexion. Sa réponse, elle l'avait déjà mais elle hésitait à la lui soumettre. Au point où elle en était, elle n'avait rien à perdre. Elle se jeta alors à l'eau :

— Si Gryffondor gagne le match, Diggle, tu devras m'embrasser.

Un temps perplexe, Terry se contenta alors de hocher la tête.

— Très bien.

Il poursuivit sur un ton plus léger et moins embarrassé :

— Prête à porter les couleurs de Poufsouffle, alors ?
— Jamais !
— T'en sais rien ! Peut-être que tu portes bien le jaune !
— As-tu entendu ce que je viens de te dire, Diggle ?

Appuyant son regard, elle pencha son visage au-dessus du sien, si dangereusement que Terry crut un instant qu'il allait fondre sur le sien, comme un rapace sur sa proie. Dans un sourire, elle articula alors :

— Ja-mais.

Un poing frappa à la porte et suivit l'exhortation de la capitaine d'équipe.

— Dawkins ! C'est l'heure !
— J'arrive !

Terry perçut de derniers tremblements à travers les doigts de Maggie, avant que cette dernière ne se lève et n'attrape son balai pour sortir, comme se préparant à partir pour la guerre. Ce visage fermé, conjugué à son regard égaré, il n'avait eu que peu d'occasion de l'observer. Aussi, juste avant qu'elle ne disparaisse dans le couloir pour rejoindre ses co-équipiers, il l'interpella :

— Maggie !

Cette dernière, coupée dans son élan, se retourna malgré tout. Et plutôt que de lui lancer une habituelle pique sèche le dévisagea, troublée. Cette Maggie était si belle. Celle à la merci des émotions qu'elle refoulait à longueur de temps. Terry aurait voulu le lui dire. La rassurer, lui assurer qu'elle y parviendrait, lui demander d'être prudente. C'était ce que n'importe quel ami aurait fait. Mais il savait qu'en lui déclarant de telles choses, elle craindrait d'autant plus de le décevoir. Il connaissait le fil de ses pensées, comment fonctionnait sa logique. Maggie n'avait pas de secret pour lui.
Au-dessus de leurs têtes grondait l'impatience joyeuse des élèves, qui tapaient des pieds et des mains sur les gradins.

— Je vais remporter ce pari.

Un sourire sournois s'étira alors sur les lèvres de Maggie, balayant son expression peinée.

— Et comme d'habitude, Diggle, je vais te prouver que tu es en tort.

Sur ces mots, elle banda ses lunettes de Quidditch et les plaça sur son front, referma la main sur son manche puis disparut du champ de vision de Terry en prenant l'embranchement.
En fin de file, Maggie n'accorda aucun regard à ses co-équipiers, focalisée sur sa tâche. Et quand les portes s'ouvrirent pour dévoiler le terrain, elle sentit les ardeurs du stade l'envahir. Ajustant ses lunettes sur son nez, elle décolla alors la dernière. Aucun coup d'œil ne fut dédié à la foule. Elle testait son balai, appréciait les sensations, le sens du vent, sa force. Rien ne devait lui échapper.

— Euh, c'est pas là qu'on parle ? débuta une voix balourde dans le mégaphone. Ah oui. Ah oui, j'entends. Ca résonne bien. Je dois dire quoi en introduction alors ? Ah, d'accord ! Bah euh, bonjour, gens de Poudlard et de Salem. Nous commençons cette saison de Quidditch avec un match très attendu. En rouge, les Gryffondor et en jaune, les Poufsouffle. Que... mais si, professeur, c'est assez explicite, non ?
— Nom d'un gnome manchot, qui est le trouffion qu'ils nous ont mis aux commentaires, cette année ?! s'étonna Teffie dans les gradins de Papillombre.
— Un mec de ma classe, soupira Kate. Il n'est pas futé, encore moins en ce qui concerne le Quidditch, à mon avis.
— Pourquoi ils lui ont donné ce poste, alors ?!
— Je pense que c'était pour qu'il arrête de profiter des matchs pour faire de la vente illicite...

Tout Poudlard connaissait Joris Juffbigles et sa facilité à se procurer de milliers d'objets différents en un temps record. Bien que son activité demeure illégale, les dénonciations avaient été très peu nombreuses, car chacun avait eu affaire avec lui un jour ou l'autre. Kate comprise. Son utilité n'était plus à prouver. Il pouvait dépanner, même dans des cas urgents. Cependant, pour préserver la réputation de Poudlard auprès de Salem, MacGonagall avait exigé que Joris Juffbigles s'occupe des commentaires plutôt que de troquer des multiplettes, des sifflets hurleurs et des boursoufflets durant les matchs, se déplaçant de gradins en gradins pour vendre sa marchandise.

— Ah ? Ils ont mis Jojo au mégaphone ? Ça promet d'être un match inoubliable... !

Surprise d'entendre cette voix, Kate bondit en faisant volte-face, se retrouvant nez-à-nez avec son meilleur ami.

— Terry ?! Comment es-tu arrivé là ?
— En prenant les escaliers. Comme tout le monde.
— Non... je veux dire... ! Que fais-tu là ? Tu ne vas pas supporter ton équipe avec ta maison ?
— Je n'ai pas de parti, aujourd'hui, lui expliqua-t-il.

Aussitôt, Kate comprit qu'il n'avait pas d'équipe à soutenir plus qu'une autre : tout n'était qu'une histoire de joueuse.

— Viens, on va prendre de la hauteur.

Elle lui tira alors sa manche pour l'entraîner derrière elle, vers les plus hauts gradins de Papillombre, vides à cause du nombre d'élèves moins importants. Les élèves de Salem s'étaient répartis ailleurs, entre les quatre autres maisons. Mais aucun ne s'était aventuré chez Papillombre, réputée selon eux pour être celle des élèves étranges, voire anormaux.

— Comment allait Maggie ? se soucia Kate, quand ils furent assis.

Terry n'eut pas le temps de répondre que Joris Juffbigles entonna :

— Alors, on m'a demandé de donner plus de détails, très bien, je vais donner plus de détails. L'équipe de Poufsouffle, qui se compose de sept joueurs, comme toutes les équipes de Quidditch, est menée par leur capitaine, Barry Pierces, septième année, au poste d'attrapeur. Il a attrapé le vif d'or lors de ses trois derniers matchs. Et c'est un chic type, au passage. Très bon client... euh, ami ! Les Poufsouffle accueillent aussi parmi eux leur nouveau gardien, Patrick Kanners, cinquième année, mais nous, on l'appelle Paddy à la salle commune, parce qu'il a des origines irlandaises, puis ça lui colle mieux que Patrick ! Oui, oui, professeur, je vais y revenir attendez ! Et donc, en tant que nouveau gardien, il paraît qu'il dépote. On va bien le voir pendant ce match. Du côté de Gryffondor, le jeune prodige Sam Snitch est victime d'une gastro sévère, pauvre de lui. Et du coup, au poste d'attrapeur, Maggie Dawkins, que vous avez pu connaître en tant que poursuiveuse, le remplaceau pied levé. Enfin, côté nouveautés, le gardien a aussi changé depuis l'an passé, même si on passe d'un Gale à un autre. Après Gareth, voici Griffin ! Eh bien ! Ça en fait des gens de ma classe dans cette équipe, mine de rien !
— Merlin, ce match s'annonce épique... soupira Kate, qui se réfugia sous son manteau, le temps n'étant pas bien clément.

Alors que les joueurs se plaçaient sur le terrain, Maggie gardait des yeux attentifs sur la boîte des balles qui n'allait pas tarder à s'ouvrir. Même si elle savait impossible de suivre le vif d'or des yeux jusqu'à ce que le souaffle soit lancé, elle devait mettre toutes les chances de son côté.

— Bon, pour ceux qui sont de Salem, l'arbitre, c'est Madame Bibine. Elle nous fait des cours de vol en début de première année, mais j'avoue que je ne sais pas à quoi elle sert le reste de l'année... Aïe ! Professeur ! Pourquoi m'avez-vous frappé l'arrière de la tête ?!

Sans prendre garde aux paroles du commentateur, Madame Bibine libéra les cognards et le vif d'or avant de grimper sur son balai pour la mise en jeu. Comme elle l'eut craint, Maggie perdit le vif d'or du regard au bout de dix secondes.

— Et... c'est parti ! Le souaffle est lancé ! Boudoudou, c'est qu'elle le lance toujours super haut, madame Bibine, ça m'épate à chaque fois ! Et il est récupéré par une Poufsouffle, Maddison Bowel, qui... bah qui évite un poursuiveur adverse, en fait.
— Plus incompétent, tu meurs, commenta Kate, dépitée.
— Peut-être que MacGonagall va finir par regretter son choix... !
— Tu arrives à le supporter ? Vous partagez la même chambre...
— Il n'est ni méchant, ni désagréable, l'éclaira Terry en haussant les épaules. Juste un tantinet... marginal. Et parfois un peu fatigant quand il essaie de te convaincre d'acheter sa camelote. Mais en dehors de ça, il est parfaitement supportable, oui ! Dis, je peux t'emprunter tes multiplettes ? Enfin... les multiplettes de Maggie ?
— Oui, bien sûr !

Réglant l'appareil avec les petites molettes, il les cala contre ses yeux et partit à la recherche de Maggie. Cette dernière louvoyait sur le terrain, à la recherche désespérée du vif d'or. Dans un même temps, le vent commençait à se lever, plus menaçant. Les toiles aux couleurs des maisons de Poudlard battaient sur les tours en bois.

— On voit que les poursuiveurs de Gryffondor n'ont pas l'habitude de cette formation... ! C'est la deuxième fois que la remplaçante manque une passe. Ça risque de jouer en leur défaveur. On n'a plus qu'à espérer pour eux que leur gardien soit à la hauteur. J'ai envie de vous dire, pour l'instant, Gale s'en sort plutôt bien, compte tenu du nombre de souaffles qu'il doit arrêter toutes les deux minutes !

Dans la tête de Maggie, les pensées paniquées fusaient en tous sens.

« Bon sang, où est ce satané... ! Pourquoi j'ai accepté de faire ça ?! »

Le premier but revint à l'équipe en jaune. Kate en frappa sur son banc en marmonnant un juron.

— C'est... c'est de l'acharnement ! Griffin ne peut pas faire tout le travail tout seul ! Il fatigue !
— Jojo n'a pas tort. Les poursuiveuses de Gryffondor jouent ensemble pour la première fois. Même si Danielson et Bushby ont de l'expérience, il aurait fallu que la remplaçante soit à la hauteur. Elle est loin d'être mauvaise, à mon avis, mais les Poufsouffle ont un meilleur avantage dessus.
— En gros... ils ont décidé de tout miser sur Maggie ?
— Je pense.

Tout à coup, une puissante bourrasque balaya le stade. L'un des batteurs de Poufsouffle fut pris au dépourvu au point d'en lâcher sa batte. Maggie évita celle-là de justesse.

— Danger public ! lui lança-t-elle, le cœur battant par la surprise.
— Ah, dommage ! Vraiment ! Le temps est contre les Gryffondor ! La trajectoire du souaffle lors de la tentative de tir au but de Danielson a été déviée ! Ce n'est vraiment pas de chance ! Elle aurait sans doute marqué !

Maggie marqua un arrêt en hauteur, étudiant le terrain et les positions, tant alliées qu'adverses. Son homonyme de Poufsouffle semblait également chasser du vent, volant en tournant la tête de tous les côtés. Alors Maggie s'accorda quelques secondes pour fermer les yeux et pria.

« Pitié, pitié... ! Il faut que j'attrape ce vif d'or ! Il faut que je le trouve ! »

Aussi, quelle fut sa surprise, en rouvrant les paupières, de se retrouver nez-à-nez avec la petite bille dorée qui voletait en toute innocence devant elle. Maggie eut à peine le temps de réagir en tentant une approche qu'elle s'envola de nouveau. Mais cette fois, la jeune fille ne lui laisserait aucun répit.

— Bien joué, Maddison ! Quel but remarquable ! 40-0 pour Poufsouffle !

Dans les gradins des professeurs, MacGonagall observait le match avec réserve, un doigt devant la bouche. Voir l'équipe de Gryffondor en mauvaise posture la contrariait toujours. À côté d'elle, miss Swanson semblait dans le même état, mais pour une raison bien différente.

— Y a-t-il un moment dans ce match où nous pourrons apprécier un peu d'action, très chère ? Ou bien tous les matchs à Poudlard ressemblent à ça ?
— Que voulez-vous dire, Savannah ? intervint la directrice, rigide.
— Eh bien... ça manque un peu de piment !
— Les équipes jouent pour la première fois aujourd'hui cette année. Surtout avec des remplacements impromptus. Qu'attendiez-vous exactement ? Que mes élèves se lancent des sortilèges dessus ?
— Merlin, non ! C'est interdit, vous devriez le savoir !

MacGonagall lâcha un petit rire grinçant qui fut dérobé par le vent.

— Non, mais qu'il y ait du mordant ! s'emporta miss Swanson dans un sourire débordant. Que vos élèves en veuillent ! Qu'on sente la tension ! L'envie de gagner !
— Ont-ils l'air si apathiques ?
— Ce n'est pas ce que j'ai dit, Minerva. Mais à Salem, j'ai connu bien des matchs plus énergiques que cela ! Et quand moi-même je jouais en équipe, je le faisais avec mes tripes !
— Jouer au plus vaillant sur un balai ne fait pas de vous un meilleur joueur, Savannah. J'en sais quelque chose. Je fus joueuse aussi, dans ma jeunesse.
— Vraiment ? Ça devait être il y a si longtemps !
— Oh, moins que vous, en tout cas.

Cette phrase rendit miss Swanson méfiante. Mais MacGonagall fixait toujours sur elle un regard inquisiteur, ce à quoi la directrice de Salem répondit :

— J'aimerais beaucoup que l'on compare nos niveaux, Minerva.

MacGonagall ne répliqua rien dans un premier temps, impassible. Miss Swanson proposa alors :

— Pourquoi ne pas organiser un match entre Salem et Poudlard ?
— A votre guise. Vous avez l'air tellement à l'aise dans votre rôle d'animatrice pour enfants, faites donc ! Je ne doute pas de la réussite de votre entreprise, tout comme lors du Samain.
— Je signifiais par-là entre professeurs.
— Professeurs ? répéta MacGonagall, presque outrée. Que je sache, le corps enseignant de Poudlard n'a rien à prouver à qui que ce soit en matière de Quidditch, et n'est pas payé pour offrir le divertissement !
— Vous craignez donc tant de perdre, Minerva ?
— Aucunement, Savannah. Mais je ne me plierai pas à ce genre d'enfantillage.
— Bien.

Miss Swanson soupira en unissant ses mains sur ses cuisses, marmonnant alors :

— Je vous laisse autant de temps que nécessaire pour considérer cette suggestion...

Dans les gradins, la tension était montée d'un cran depuis que Maggie s'était élancée à la poursuite du vif d'or, aussitôt pourchassée par l'attrapeur adverse, bien plus âgé et expérimenté qu'elle. Malgré la puissance de son …clair de Feu, Maggie commençait à faiblir de cette course-poursuite, à force de braver les bourrasques successives. Mais elle ne pouvait pas abandonner. Pas maintenant qu'elle avait sa victoire en visuel, qui la narguait à quelques mètres d'elle.
Parmi les Papillombre, Terry gardait ses multiplettes collées sur ses yeux.

— Alors ? Elle s'en sort ? chercha à savoir Kate, qui n'arrivait pas à suivre toutes les actions différentes, surtout quand Griffin accaparait plus son attention que Maggie.
— Pas vraiment. Ça se talonne sévère avec Pierces.

Et il marmonna, sans que Kate ne l'entende :

— Courage, Maggie. Tu peux y arriver... !
— Ola ! Gale n'a vraiment pas eu de chance ! commentait pendant ce temps Joris. S'il ne bougeait pas, il se serait pris le cognard en pleine face, c'est sûr ! Mais du coup, il a laissé passer le but ! On en est donc à 80-20 pour Poufsouffle ! Allez les jaunes ! Que... comment ça, professeur, je n'ai pas le droit de prendre parti ?

Traquant sans relâche le vif d'or, Maggie commença à désespérer de ne pas parvenir à mettre la main dessus, d'autant plus que Barry Pierces la collait d'une manière pénible. Elle voulait être à la hauteur. Alors elle se rappela les paroles de Terry dans les vestiaires. Les spectateurs la verraient selon l'image qu'elle renverrait d'elle-même. S'obstiner à suivre un vif d'or comme un âne derrière sa carotte ne lui ressemblait pas. Elle était l'incarnation de l'opiniâtreté, un brin stratège pourvue d'un don d'analyse et d'un instinct indiscutables, et, depuis qu'elle fréquentait Kate, du genre à prendre des risques parfois bien lourds de conséquences.
Aussi, son action en surprit plus d'un.

— Mais... qu'est-ce qu'elle fait ?! sursauta Kate.
— Je... euh... je ne comprends pas trop ce que Dawkins fait, à vrai dire, bredouilla Joris Juffbigles. Elle vient... de s'arrêter net ! Doit-on comprendre un abandon de sa part, tandis que Pierces, lui, s'approche de plus en plus de sa cible ! Serait-ce bientôt la fin du match ?

Immobile, gardant cependant le cap et l'équilibre sur son balai malmené par le vent, Maggie observa de loin le trajet de son adversaire. Car il allait, de toute façon, d'une manière ou d'autre, revenir vers elle, dans son sens. Dès qu'elle aperçut cette opportunité, Maggie fonça, poussant l'accélération de son balai à son maximum.

— Ils vont se percuter ! s'affola Kate.
— Qu'est-ce qui lui prend ?! s'inquiéta Terry en se levant. Ah... Maggie ! Ne fais pas ça !
— Merlin ! Dawkins prend Pierces de front ! Si l'un des deux ne change pas de direction, le choc risque d'être très violent !

Les deux attrapeurs ne dévièrent pas leur direction. Car entre eux deux se trouvait le vif d'or. Pierces était persuadé que ce jeu n'était que du bluff pour le déconcentrer et lui faire perdre la trace de la balle en perturbant son trajet. Cependant, lorsqu'il se rendit compte que Maggie était bien déterminée à attraper le vif d'or qui filait vers elle, il prit peur. Tout le stade retint son souffle.
In extremis, le pied de Pierces effleura la tête de Maggie pour l'éviter. Néanmoins ce n'était pas cette sensation qui fit frissonner Maggie. Mais les ailes du vif d'or qui frétillait dans sa main. Une salve d'applaudissements et de cris de victoire s'éleva depuis les gradins de Gryffondor.

— Elle l'a fait ! clama Terry avec jubilation en levant le poing en l'air. Oui, elle l'a fait !
— Maggie ! T'es la meilleure ! criait Kate qui s'était levée à son tour en applaudissant à tout rompre.

Un sourire extatique aux lèvres, tandis que tout le stade acclamait son exploit, Maggie fit le tour du terrain en cherchant son butin du regard. Alors qu'elle accostait les gradins de Papillombre, Terry grimpa plus haut encore pour accueillir son atterrissage.

— Je l'ai fait ! s'exclama-t-elle, radieuse, en lui désignant sa main dans laquelle se trouvait encore le vif d'or.

Dans l'euphorie du moment, Terry l'attrapa dans ses bras pour partager sa joie, la faisant tournoyer une fois autour de lui.

— Oui ! Tu as réussi ! Ahaha ! Sacrée Maggie ! Je n'ai jamais douté de toi !
— J'ai surtout gagné mon pari, Diggle, lui rappela-t-elle quand il la reposa à terre, desserrant son étreinte.

Elle s'apprêta à réclamer son dû quand Terry interposa un doigt devant les lèvres arrondies de Maggie. Son sourire, à la fois ravi et crispé, la rendit suspicieuse.

— Tu sais, Maggie, lui avoua-t-il, je n'ai jamais eu besoin de pari pour avoir envie que tu m'embrasses...

Alors, sans prévenir, la jeune fille se rua sur lui et lui arracha son baiser tant convoité, qu'il accepta en tout agrément. Aux premières loges, Kate ouvrit la bouche de stupeur avant de s'en mordre les doigts, un sourire béat étiré sur son visage. Alors que tout le stade assistait à leur premier baiser – chez les Gryffondor, Moira hurlait d'exultation « enfin ! L'infâme est ENFIN casée ! », Scarlett sautillait dans de frénétiques applaudissements et Suzanna prenait des photos en rafale – Juffbigles y alla de son commentaire :

— Hé, Diggle, mec ! T'as intérêt à nous raconter les détails, ce soir, au dortoir, espèce de profiteur !

Dans une parfaite synchronisation, Maggie et Terry interrompirent leur baiser pour se tourner vers la tribune et lui lancer un vif :

— Oh, ta gueule, Juffbigles !

Leur réprimande éveilla des rires, dont le leur, alors qu'ils s'échangèrent un regard complice précédant une nouvelle accolade plus tendre. Kate observait leur étreinte avec émotion. Depuis combien de temps avaient-ils attendu ce moment ? Trop longtemps, sûrement. Mais les soutenant dans cette entreprise de cœur, elle avait négligé un point : le fait que cette nouvelle relation entre Terry et Maggie risquait, de ce fait, de l'exclure, elle.

Ludo Mentis AciemOù les histoires vivent. Découvrez maintenant