Chapitre 77 - Le retour d'Emeric

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Une fois les Aurors prévenus, père et fille renoncèrent à reprendre la voiture pour le soir-même et prirent la direction du Chemin de Traverse. Kate fut bien navrée de devoir réveiller Hannah au beau milieu de la nuit afin qu'ils puissent réserver deux chambres en dernière minute. Ils montèrent à l'étage les bagages de Kate, momentanément abandonnés, de même que le pauvre Mister Minnows. Sa maîtresse dut le caresser une heure, le blottissant contre elle, avant que le félin ne s'apaise enfin. Cette nuit allait rester marquée dans les esprits de chacun, c'était certain.
Quand elle se leva pour se changer, Kate passa devant la fenêtre un peu crasseuse qui donnait sur la ruelle. Coïncidence, c'est à ce moment précis qu'elle aperçut deux silhouettes sur le Chemin de Traverse, qui s'enfuyaient de la boutique de Fleury&Botts. L'une d'elle portait sur l'épaule ce qu'on pensait, de loin, être un gros paquet. Mais Kate savait en réalité qu'il s'agissait d'un enfant endormi. Orpheus avait tenu sa promesse envers lui-même. Il était prêt à s'opposer aujourd'hui aux menaces d'Electra, décidant de mettre Mélody et son fils Allistair à l'abri. Peut-être qu'après tout, le journaliste était désormais devenu un homme de parole.

*** *** ***

Les Whisper ne s'attardèrent pas sur un petit-déjeuner avant de repartir le lendemain matin, en direction de Carlton. Ils furent accueillis par une Grace en panique, quoique rassurée de retrouver sa fille saine et sauve :

— Pourquoi tu n'as pas répondu au téléphone ?! cria-t-elle sur son mari. J'étais morte de peur !
— Ce truc ne marchait plus. Il s'est éteint tout seul. C'est pas très fiable, les appareils moldus.
— Il fallait le brancher ! La batterie devait être déchargée.
— Tu me parles une autre langue, ma chérie.

Mais Grace préféra passer l'éponge pour profiter des retrouvailles familiales. Abby retrouva sa grande sœur avec une joie non camouflée, doublée d'une brusquerie propre à son caractère. Ainsi, Kate manqua de perdre une touffe de cheveux lorsque sa sœur de trois ans chercha à lui faire un bisou en la forçant à pencher la tête, quand toutes les deux furent assises sur le canapé à l'heure du thé. Phil, cependant, bouda le breuvage chaud, mais les accompagna avec une boisson bien particulière, que Kate reconnut à contrecœur.

— C'est la potion Tue-Loup ?
— Ce truc est infâme.
— Autant que tes puddings ?
— Mes puddings sont royaux à côté de cette bile de chat mort !
— Ce n'est pas ce soir la pleine Lune pourtant, fit remarquer Kate. C'est demain.
— Je dois boire la potion en trois fois. La veille, une heure avant la tombée de la nuit et le lendemain. Pour éviter l'effet gueule de bois.

Ils échangèrent un regard peu rassuré. Car père et fille avaient partagé une très longue discussion dans la voiture du retour, à propos de ce qu'il s'était produit la veille. Kate ne lui avait alors rien caché, ce qui propulsa directement Orpheus dans sa liste des sorciers à ne pas épargner. Et la jeune fille se faisant la réflexion qu'il était peut-être encore pire d'être menacé par son père que par Electra, elle douta qu'Orpheus ait fait le meilleur choix en retournant sa veste ! Mais ils avaient surtout discuté des raisons pour lesquelles Electra aurait planifié la transformation de Phil.

— Pour lâcher une bombe à l'intérieur de ma famille, avait alors proposé Phil. En espérant que je me mette à t'attaquer ! Mais j'admets. C'est le plan le plus foireux qui n'ait jamais existé !

Une raison supplémentaire manquait à la compréhension de Kate. Un détail qu'Orpheus ignorait également et qu'il n'avait pu lui révéler alors. Même si le puzzle se complétait, année après année, de nombreux éléments manquaient encore pour rendre le tableau complet.

— Alors, comme ça, à ce que j'ai compris, tu n'es plus avec ton petit-ami ? tenta timidement Grace pour ouvrir la conversation.
— C'est... c'est à peu près ça. Nous nous sommes séparés en bons termes. D'un commun accord. Enfin... je crois ?
— Il faut quand même de bonnes nouvelles pour contrebalancer.
— Papa !
— Quoi ? Avoue, il n'était pas futé !
— Tu m'as dit que tu trouvais qu'il te ressemblait trop !
— Oui ! Moi, mais en version pas futé, c'est ce que je dis !
— Et ça va ? se soucia sa mère, inquiète que Kate ait mal digéré cette séparation.
— Mieux que ce que j'aurais pensé. Même si apparemment, il profite bien de son nouveau célibat.
— Ah ! Qu'est-ce que je disais ! Un coureur de jupons ! Il était décidément trop comme moi.
— Arrête de ramener tout à toi, papa, et bois ta potion.
— Mais c'est dégueulasse !
— Tais-toi et bois ta potion.
— Oui, maman, grommela-t-il.

Ludo Mentis AciemWhere stories live. Discover now