Chapitre 26 - Le Mystère Merrick MacNair

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Le matin n'était pas encore levé quand Kate se réveilla le lendemain matin. Tout Londres semblait encore dormir. Seules deux petites chouettes appartenant à des sorciers de l'établissement hululaient sur la barre de la fenêtre, au dehors, qui surplombait le toit du bâtiment attenant. Sans un bruit, sans un geste brusque, Kate se releva en position assise, son regard alourdi retombant sur ses pieds. Son cœur semblait vide de toute émotion, pourtant, son esprit était rempli de question. Une impression de colère s'attisa en elle, comme une braise se rallumant, lorsqu'elle releva son regard en direction du lit opposé, dans lequel dormait son père qui lui tournait le dos.
Une violente dispute avait éclaté suite à l'événement de l'épouvantard. Sous le coup de la panique et de l'incompréhension, Kate avait renouvelé ses questions, sans jamais obtenir de réponse de la part de son père. Il avait essayé de la calmer en la prenant par les épaules, mais elle s'était débattue. Elle exigeait une explication. Phil avait lui-même élevé la voix. Selon lui, elle se posait des questions pour rien, elle ne pouvait pas comprendre.

Oui, en effet, ils ne se comprenaient pas. Ils ne se comprenaient plus. Malgré tout ce qu'ils avaient pu vivre.

Kate était alors partie en semant une insulte pour dîner seule dans la grande salle du Chaudron Baveur. Pour ensuite se coucher le plus vite possible, évitant tout contact avec son père. Elle refusait de lui parler tant qu'elle ne lui expliquait pas pourquoi elle, sa propre fille, était son pire cauchemar. Phil avait assisté à des scènes horribles, dépassant l'entendement et certaines imaginations macabres, et pourtant, c'était Kate qui apparaissait devant lui comme étant sa plus grande peur. Ce n'était pas Kate blessée, ce n'était pas Kate morte. C'était juste Kate.

Cette dernière se dépêtra de ses draps en soupirant pour se rendre à la salle de bain adjacente, allégeant ses pas pour ne pas faire grincer le plancher. Devant le miroir, elle défit ses tresses délacées par endroits, qui avait fait onduler ses cheveux, pour les recommencer. Cette manière de se coiffer semblait lui donner une nouvelle identité. Elle n'était plus la petite Kate négligée, avec sa grande crinière emmêlée que son père prenait plaisir à frotter d'une main taquine, mais une Kate plus assurée, qui grandissait entourée d'amis qui lui étaient chers. Elle n'avait plus besoin d'être protégée, pensait-elle. Elle commençait à devenir grande et responsable.

Lorsqu'elle fut prête, elle quitta la chambre sans savoir qu'en réalité, Phil ne dormait pas...

Les chaises étaient encore à l'envers sur les tables lorsqu'elle descendit dans le séjour de l'auberge des sorciers. Seule la silhouette de Neville penché derrière le comptoir se mouvait dans la pièce immobile.

— Déjà debout, miss Whisper ? s'étonna-t-il quand il aperçut sa jeune élève.
— Et vous donc, professeur !
— Je ne dois pas tarder pour travailler !

Il s'avança vers la table la plus proche et retourna deux chaises d'un coup de baguette.

— Asseyez-vous là, je vais vous chercher une assiette pour le petit-déjeuner. Comme ça, je ne mangerai pas seul !

Kate hocha la tête de reconnaissance avant que Neville ne rejoigne la cuisine et qu'elle-même ne s'asseye. Elle examina de nouveau la salle de son nouveau point de vue, regrettant la présence d'un chat pour parfaire l'ambiance sorcière dans ce cadre vieillot et un poil sinistre.
Neville ramena un plateau avec deux assiettes garnies d'œuf, de bacon et de tartines, le tout accompagné d'une carafe de jus de citrouille. Puis, il fit léviter deux verres depuis le comptoir et qui d'eux-mêmes se positionnèrent sous la cruche qui les remplit.

— Ton père n'est pas encore levé ? s'informa Neville en toussant.
— Non, répondit-elle de manière sèche.
— Il y a un problème ?

Le ton de Kate et le regard noir qu'elle avait jeté dans le vide n'étaient pas passés inaperçus. Cependant, la jeune fille réfléchit quelques secondes avant de se pencher vers son enseignant :

— Professeur. Comment ça fonctionne vraiment, un épouvantard ? Il peut changer avec le temps ?
— Oh certainement ! D'ailleurs, je me demande en quoi se transformerait un épouvantard si j'en croisais de nouveau un aujourd'hui !
— Pourquoi ?
— Oh. Auparavant, mon épouvantard prenait la forme d'un professeur qui... euh... me haïssait. Vous ne l'avez pas connu, vous êtes trop jeune pour qu'il vous ait enseigné quelque chose à Poudlard. Sauf qu'aujourd'hui, je n'ai plus forcément la même vision de lui. Je pense que je n'ai plus peur de lui. Vous comprenez ?

Kate hocha la tête sans vraiment l'avancer dans son problème. Car seul son père pouvait répondre lui-même à cette question, ce à quoi il se refusait.

— Et... vous serez là, à la commission du Ministère, pour Papillombre ?
— J'ai été convoqué, oui. En tant que directeur de Gryffondor. Comme il s'agit de votre maison adoptive, nous devons parler de cette transition et je suis concerné.

Il lui adressa son habituel sourire un peu benêt qui me rendait avenant.

— Et puis il y aura Hermione Granger, vous la connaissez !
— Ah bon ? s'étonna-t-elle, agréablement surprise entre deux bouchées de bacon. Pourquoi elle sera là ?
— Elle travaille au Ministère depuis qu'elle a obtenu tous ses ASPICS avec mention optimale et félicitations du Ministre en personne. À la commission des CRECELLES, justement. Cette année, elle était particulièrement occupée par la nouvelle réforme éducative dont vous allez pouvoir bénéficier. Et de ce qu'elle m'a dit, elle était très, mais alors TRES embêtée de ne pas pouvoir continuer ses recherches sur Papillombre ! Ça la rend folle ! C'est assez drôle, d'ailleurs ! Ron a dû en entendre parler longtemps... ! Bref ! Et comme elle fait partie de la commission, elle a tenu à participer à cette séance. Je pense qu'elle est de votre côté, donc il y a de bonnes chances pour que Papillombre ouvre !

Cette nouvelle enchanta Kate, qui sourit à pleines dents en se projetant dans cette nouvelle année qui s'annonçait singulière. Surtout si elle bénéficiait du support de certains professeurs, ou même de gens qui représentaient des figures héroïques à ses yeux.

— Oui, l'année sera bien particulière, soupira Neville après avoir vidé son verre de jus de citrouille.
— Est-ce que vous savez ce qui est arrivé à Rusard, finalement ? On a des informations là-dessus ? Après tout, vous êtes en contact avec Harry Potter, il fait des études d'Auror aussi... !
— Je n'en sais pas vraiment plus que vous, miss Whisper, bredouilla Nevilla, assez grave. Cette histoire a créé un grabuge... Il ne faut pas que la sécurité de Poudlard soit compromise. Mais on privilégie quand même la piste de l'accident.
— Pourquoi la Gazette disait qu'on avait effacé ses derniers souvenirs !
— Vous pensez sincèrement qu'il faut croire ligne par ligne tout ce qui est écrit dans ce journal ? Miss Whisper, gardez l'esprit ouvert ET critique. C'est important pour réussir dans la vie...

Cependant, Kate n'en resta que peu convaincue. Alors, son professeur de botanique reconverti le temps de l'été commença à débarrasser ses affaires sur la table :

— Il ne faut pas trop que je traîne, les clients ne vont pas tarder à se réveiller ! Hannah m'en voudra si je ne prépare pas tout correctement !

Un sourire espiègle s'esquissa sur les lèvres de Kate en se souvenant de l'allusion que lui avait glissée son père, la veille. La naïveté de son enseignant l'amusait. Elle lui proposa de lui filer un coup de main, mais Neville refusa poliment, lui expliquant qu'on avait plus vite fait de ranger et de nettoyer avec la magie plutôt que se d'échiner à laver les assiettes à la main.

Ludo Mentis AciemWhere stories live. Discover now