Chapitre 76 - L'île au phare

1.7K 141 45
                                    

— Mais qu'est-ce qu'elle fiche, encore ?

Phil remonta la manche de son manteau en cuir sur la montre. Un cadeau de Grace deux ans en arrière, bien pratique pour éviter de se faire repérer avec une montre à gousset à la main , tranchant un peu sur les habitudes moldues. Cela faisait maintenant près de trente minutes que Kate aurait dû le rejoindre sur Ossulston Street, comme il le lui avait indiqué sur sa lettre. Pourtant, sa fille n'avait pas donné le moindre signe de vie. Angoissé, il sortit son téléphone portable de sa poche, se dépatouilla avec les touches pour appeler sa femme :

— Hé, chérie, c'est moi. Oui. Non, bah écoute, Kate n'est toujours pas là. Ca fait déjà une demi-heure. Tu as eu des nouvelles ? Elle t'a pas appelée depuis une cabine ou quoi ? Oui. Je vois. Non, ne t'inquiète pas. Elle a juste du se perdre. Ou peut-être que le train a eu du retard, mais ce n'est pas habituel . Ou encore tomber dans une crevasse . À la réflexion, c'est peut-être ce qu'il y a de plus probable .

Il se frotta le front avec sa main en même temps qu'il parlait à Grace.

— Écoute. Je vais laisser un mot sur la voiture. Et je vais la chercher, d'accord ? Oui, voilà. Tu m'appelles si elle te contacte, on fait ça comme ça ? Parfait. On se tient au courant.

Il referma le clapet de son téléphone dans un soupir soucieux et laissa un mot en évidence sur son pare-brise avant de se diriger vers la gare. En soirée, les derniers travailleurs sortaient pour rejoindre leurs appartements londoniens ou pour prendre le train vers la banlieue. L'endroit était encore bien animé. Le pas rapide, Phil se dirigea vers les voies et traversa le mur entre les quais 9 et 10. Pourtant, le Poudlard Express était bien là, avec sa grosse locomotive rouge éteinte, tandis que des sorciers nettoyaient l'intérieur. La voie était déserte. Tous les élèves étaient désormais partis avec leurs familles.
Un juron siffla entre les lèvres de Phil, qui rebroussa chemin. Où avait-elle donc bien pu passer ? Elle avait pourtant bien répondu à sa lettre, lui disant qu'elle avait bien reçu le point de rendez-vous. Peut-être avait-elle répondu à l'invitation d'un ami en se rendant d'abord au Chaudron Baveur pour partager une dernière Biéraubeurre avant les vacances, mais cela ne lui ressemblait pas. Revenu dans le hall de la gare, Phil balaya l'endroit d'un regard scrutateur, effectuant des tours sur lui-même pour ne rater aucun angle. Jusqu'à ce qu'un détail retienne son attention. Cette Gazette du Sorcier tenue par une élève. Cela se devinait aux collants qui dépassaient, sous le journal. Les Moldus de passage ignoraient les photos animées, mais Phil les discernaient clairement.

— Hé.

Quand il l'interpella, la jeune sorcière ne réagit pas tout de suite.

— Excuse-moi.

Morgana abaissa son journal d'un coup sec, fixant Phil avec ses yeux gris. Ces derniers le firent frissonner, car il les reconnut, mais refusa d'y accorder plus d'attention sur le moment.

— Tu viens de Poudlard, n'est-ce pas ?

Morgana devina à sa voix que l'homme était inquiet.

— En quoi ça vous concerne ? répliqua-t-il.
— Je cherche ma fille, peut-être que tu la connais. Elle est descendue du train, mais je ne la trouve pas. C'est Kate. Kate Whisper.

En comprenant qu'il s'agissait là de Phil Whisper, l'ancien ami de son oncle et parrain, Morgana se raidit sur sa chaise de gare. Puis, elle replia sa gazette sans quitter le sorcier des yeux avant de se lever.

— Vous êtes Philippus Whisper...
— Et toi, t'es qui ? objecta-t-il, l'air un peu surpris.
— Morgana MacNair. Mon nom doit vous rappeler quelque chose...

Phil pâlit en l'entendant se présenter. Il savait exactement à qui il avait affaire et les yeux gris-vert de la jeune fille le lui affirmaient.

— Je ne vois pas comment il pourrait en être autrement...

Ludo Mentis AciemWo Geschichten leben. Entdecke jetzt